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L’Azerbaïdjan, grand producteur de pétrole, défend sa présidence contestée

Fin octobre, des inondations ont ravagé une partie de Bakou. Cet épisode, qui pourrait être lié au réchauffement climatique, a fait deux morts. On peut aussi le lire comme un avertissement adressé au pays qui a cette année pour mission de coordonner les efforts climatiques : c’est dans la capitale azerbaïdjanaise que s’ouvre ce lundi 11 novembre la 29e conférence sur le climat de l’ONU (COP).

Depuis le mauvais temps, le président azerbaïdjanais s’est rendu au stade olympique de Bakou pour inspecter les travaux terminés et rassurer. Sur le site de l’agence de presse officielle, on voit Ilham Aliyev, au pouvoir depuis que son père, Heydar, le lui a laissé en 2003, arpenter les allées où siégeront les délégations internationales. Les aléas de la météo peuvent aller ailleurs, l’indignité du mauvais temps a été emportée et tout semble prêt. Mais prêt pour quoi exactement ?

Vingt-huit ans de COP et l’attente a rarement été aussi courte à la veille de ce rendez-vous annuel. Ce manque d’enthousiasme est certes la conjonction de plusieurs facteurs, dont l’incertitude posée par les élections américaines, mais est également dû à la nature même du pays hôte : l’Azerbaïdjan, centre pétrolier et gazier, dont 35 % du PIB et la moitié du budget est basée sur l’extraction.

Un président de la COP de la compagnie pétrolière

Bakou ne s’en cache pas. Celui qui présidera la conférence, Mukhtar Babaev, est un ancien directeur de Socar, la société nationale pétrolière et gazière et le plus grand employeur du pays. Ce géant azerbaïdjanais est également l’un des sponsors de l’événement, via sa division Socar Green, créée en 2024 pour verdir sa réputation à l’approche de la COP29. «Sur les 28 COP précédentes, une seule, en Suisse, n’était pas organisée dans un pays producteur», » affirme Hikmet Hajiyev, conseiller aux affaires étrangères du président Aliyev. Un argument juste mais qui ne parvient pas à différencier les pays d’accueil à forte production, comme les Émirats arabes unis en 2023, de ceux peu producteurs mais gros importateurs d’hydrocarbures, la (COP21 en 2015).

Selon le diplomate, parmi les personnalités les plus influentes du régime, “le succès ou l’échec de cette édition dépend de toutes les parties, pas du pays hôte”. Depuis cet été, les participants aux réunions préparatoires ont critiqué le manque d’expérience de l’équipe azerbaïdjanaise en matière de négociations climatiques. “Nous ne disons pas que ce sera la meilleure COP de l’histoire, ce n’est pas un concours de beauté”, répond Hikmet Hajiyev. Notre approche est humble et à plusieurs niveaux : c’est une COP dédiée au financement, nous travaillons donc par exemple pour inclure le secteur privé et les banques. »

La question du financement au cœur de la COP29

Qu’elle soit ambitieuse ou non, le succès de la présidence azerbaïdjanaise dépend, en effet, de la propension des pays développés à s’engager sur un nouvel objectif mondial de financement climatique pour la période 2025-2030, enjeu principal de cette COP29. Le précédent objectif fixé de fournir 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2025, pour lutter contre le changement climatique et adapter nos sociétés à la hausse des températures, touche en effet à sa fin.Selon nos informations, l’équipe de Bakou n’a pas proposé d’enveloppe précise sur ce point, laissant libre cours aux négociations entre pays. « Vous, les Occidentaux, nous critiquez mais nous ne pouvons pas décider à la place des Européens »justifie une Source ministérielle.

Bakou met en avant ses propres engagements, même s’ils restent limités en l’état : réduire les émissions de CO2 de 40 % d’ici 2050 et augmenter les capacités renouvelables de 30 % d’ici 2030. « Depuis 2015, en neuf ans, les volumes de production pétrolière ont diminué de 30 %, passant de 41 à 29 millions de tonnes par an, explique le spécialiste Ilham Shaban, du Caspian Barrel Oil Research Center, à Bakou. Selon toute vraisemblance, d’ici 2050, l’Azerbaïdjan deviendra le premier pays pétrolier au monde à arrêter sa production commerciale. »

Mais dans le même temps, l’Azerbaïdjan souhaite augmenter la production de gaz naturel de 14 % d’ici 2035, comme le souligne l’ONG Oil Change International. Les médias locaux ne s’attardent pas sur ces contradictions. Au contraire, les agences d’État semblent avoir préparé des contre-attaques et publient des articles présentés comme « enquêtes » contre le “propagande anti-azerbaïdjanaise” médias étrangers. « Dans les prochains jours, le lecteur azerbaïdjanais devra s’attendre à des gros titres sur « la collusion de la COP29 et du lobby pétrolier et gazier ».a déjà prévenu l’un d’eux.

 
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