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Face à Israël, des combattants du Hezbollah de plus en plus jeunes ?

Les visages juvéniles, parfois glabres, armés de kalachnikovs, tombés sur la « route de Jérusalem »… Ce type d’images est devenu récurrent dans les communiqués publiés par le Hezbollah alors que ses « martyrs » s’accumulent depuis le 8 octobre 2023, au sein des affrontements. avec l’armée israélienne. Cette semaine, c’est Mehdi Ayoub Yacoub, un jeune homme aux traits encore plus enfantins, qui s’est vu remettre son portrait macabre, qui a circulé massivement sur les réseaux sociaux. De quoi faire dire à de nombreux internautes, dont beaucoup s’identifient clairement comme pro-israéliens, que le parti chiite envoyait de jeunes combattants sur les lignes de front au sud du Liban. L’Est-Le jour a examiné ces affirmations et ce que nous savons des éléments les plus jeunes du Hezbollah.

« De nombreuses recrues viennent des scouts »

« Après avoir liquidé la première classe et les générations plus âgées, le Hezbollah sacrifie les enfants et les adolescents. Ô chiites du Liban, réveillez-vous », a commenté Edy Cohen, un journaliste israélien d’origine libanaise très suivi sur X et qui a diffusé diverses fausses informations sur l’offensive israélienne au Liban. Dans ce billet il montre les portraits de deux jeunes, dont celui de Mehdi Ayoub Yacoub. Contacté, le service de presse du parti chiite, qui n’a pas publié ces portraits, a démenti les allégations selon lesquelles de jeunes combattants de moins de 18 ans auraient été tués au combat, les qualifiant d'”informations erronées”. Nous vous rappelons que l’ONU considère le recrutement d’enfants soldats comme un crime de guerre uniquement lorsqu’ils ont moins de 15 ans.

Les portraits des jeunes hommes Mehdi Ayoub Yacoub et Abbas Ali Akil, présentés comme des combattants du Hezbollah tués au front dans le cadre du conflit en cours entre Israël et le parti chiite, dans les photos qui circulent sur les réseaux sociaux. Photomontage L’Orient-Le Jour

Il semble en effet que l’adolescent en question, dont on ne peut connaître l’âge exact, ne soit pas mort “au front”, comme beaucoup l’ont supposé. C’est en tout cas ce qu’indique un message d’hommage d’une association de jeunesse affiliée au parti chiite dont le jeune homme était membre : « Mehdi est mort en martyr après avoir été blessé lors d’un raid sioniste brutal contre la maison de ses proches au commune de Maqné», cite le communiqué publié lundi dernier sur la page Facebook de l’organisation. La ville susmentionnée, située à la périphérie nord de Baalbeck, a été touchée par une frappe aérienne israélienne vendredi 1er novembre. Une attaque qui a également coûté la vie à deux autres jeunes scouts issus des mêmes frères. Dans son livre Les guerriers de Dieu : au cœur de la lutte du Hezbollah contre Israël depuis trente ansL’expert du parti chiite Nicolas Blanford indique également que chaque nouveau membre du Hezbollah devra poser pour un portrait similaire, qui sera diffusé au cas où il deviendrait un « martyr ». « Il semblerait que le jeune Mehdi ait été tué dans la maison de son oncle, membre du Hezbollah, avec le reste de sa famille. Il n’était pas au combat”, assure-t-il L’HUILE Qalaat al-Mudiqun vérificateur de faits basé en Syrie qui documente l’évolution des combats dans la région. Il indique également que l’autre jeune « martyr » affiché à ses côtés, Abbas Ali Akil, était également un ancien éclaireur devenu majeur. « De nombreuses jeunes recrues du Hezbollah sont issues de ses associations scoutes », ajoute-t-il. Leur nombre a augmenté récemment avec les pertes subies par le parti. »

Postes hors combat

Car le cas de Mehdi est loin d’être isolé. Même avant le 23 septembre, date de l’intensification de l’offensive israélienne au Liban, les membres du Hezbollah tués par Israël paraissaient de plus en plus jeunes. C’est à cette période qu’apparaît le visage du plus jeune « martyr » officiellement annoncé par le parti : Abdel Menhem Jamal Abdel Menhem, né en 2008 et originaire d’Aïtaroun. On peut citer 22 militants nés entre 2000 et 2006 que le Hezbollah a qualifié de « martyrs ». Une Source proche de la formation précise simplement que « la plupart des plus jeunes tués occupaient des postes non combattants » au sein du groupe armé.

Pour mémoire

Mourir pour la « résistance » : comment le Hezbollah cultive le martyre

Cette tendance s’est intensifiée depuis l’été dernier, plusieurs sources concordantes faisant état d’une campagne de recrutement de jeunes au sein du parti ces derniers mois. Certes, « il est peu probable que le Hezbollah, qui compte des dizaines de milliers de combattants, envoie des individus nouvellement recrutés combattre contre Israël à la frontière », observe Nicholas Blanford. Cependant, ces nouveaux venus se sont peut-être vu confier des missions assez simples pour lesquelles le parti ne voudrait pas sacrifier des guerriers expérimentés. “Le Hezb a besoin de combattants, mais aussi de sauveteurs et de personnes à qui il confie quelques tâches logistiques simples, comme faire passer des messages entre différentes unités, d’autant plus qu’Israël a réussi à détruire son réseau parallèle de télécommunications”, analyse Ali Amine, spécialiste du Sud-Liban et adversaire bien connu. du parti de Naïm Kassem. Il ajoute : « Aujourd’hui, le Hezbollah semble avoir instauré une sorte de décentralisation, dans laquelle les unités déployées dans chaque région géographique opèrent de manière plus ou moins autonome pour limiter les déplacements et l’utilisation des communications qui pourraient être interceptées par Israël. Lorsque cela est nécessaire, un messager est mobilisé. C’est le type de tâche qui peut être confiée aux nouvelles recrues. »

Mais à l’heure où rejoindre ses rangs équivaut parfois à une véritable mission suicide, comment le Hezbollah parvient-il à attirer ces jeunes ? « On peut profiter d’une situation économique de plus en plus difficile, notamment parmi les Libanais chiites qui vivent sous les bombes ou dont les familles sont déplacées par la guerre et ont donc perdu leurs moyens de subsistance », observe une Source opposée au Hezbollah. Outre l’opportunité financière que constitue l’enrôlement dans la milice pro-iranienne, le martyrologe apporté par la doctrine khomeiniste et inculqué dans les écoles et les camps de scouts du Hezbollah est l’un des principaux leviers sur lequel s’appuie ce dernier pour élargir ses rangs. Dans son livre, Blanford affirme également que, pour construire une « société de résistance », le parti encourage les jeunes âgés de six à sept ans à participer à des « activités » organisées par des organisations telles que l’Institut Imad Mahdi et le Centre culturel Imam Khomeini. Il cite également des cas dans lesquels des jeunes âgés de six à neuf ans, dont le père est un « martyr » du parti, ont été invités à participer à un entraînement militaire. “C’est la première étape pour devenir un résistant”, écrit-il.

Les visages juvéniles, parfois glabres, armés de kalachnikovs, tombés sur la « route de Jérusalem »… Ce type d’images est devenu récurrent dans les communiqués publiés par le Hezbollah alors que ses « martyrs » s’accumulent depuis le 8 octobre 2023, au sein des affrontements. avec l’armée israélienne. Cette semaine c’est au tour de Mehdi Ayoub Yacoub,…

 
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