« Abasourdis » par une nouvelle « inattendue » : les créateurs de contenu TikTok ont du mal à avaler l’ordre d’Ottawa de liquider les bureaux canadiens de l’entreprise chinoise en raison de « risques » pour la sécurité nationale.
Cela m’a pris par surprise mercredi. Je savais qu’il y avait des discussions à ce sujet aux États-Unis depuis un certain temps, mais je pensais que le Canada était en sécurité
réagit le créateur de contenu Thien-An-Anthony Tran, plus connu sous le nom d’Antho Tran sur TikTok (283 000 abonnés).
Selon lui, le démantèlement de TikTok dans le pays aura un grand impact pour les créateurs
ne serait-ce que par la perte d’un point de référence local avec l’entreprise.
Au cours des derniers mois, le bureau torontois de TikTok Canada avait redoublé d’efforts pour rencontrer les esprits créatifs du Québec, selon Antho Tran.
Ils ont fait l’effort de venir nous voir, de prendre notre pouls afin d’améliorer notre expérience de créateurs. Tout ce travail qui a été entamé et tous ces liens qui ont été créés finiront par être détruits.
Ce qui m’inquiète, c’est que cette équipe, très gentille et très compétente, avait vraiment à cœur les intérêts des Canadiens et des Québécois pour avoir une plateforme bénéfique pour la société.
ajoute-t-il.
Créateur de contenu Xavier Watso. (Photo d’archives)
Photo : La production est encore jeune / Marc-André Lapierre
Xavier Watso, créateur de contenu abénaquis, en sait quelque chose. En 2021, il a bénéficié d’un programme de soutien mis en place par la filiale canadienne de TikTok visant à encourager la présence de personnalités autochtones sur le réseau social. Il est suivi aujourd’hui par près de 56 000 personnes sur cette plateforme.
Ce programme a littéralement changé ma vie […] et je sais que cela peut changer la vie des autres. Perdre l’accès aux gens qui créent des programmes comme celui-là, je trouve cela pénible.
Mis au courant de la situation jeudi matin, celui qui a quitté son emploi de professeur d’art dramatique au secondaire pour se consacrer à temps plein à la création de contenu a du mal à expliquer cette décision. L’abolition de TikTok Canada affectera beaucoup de gens
y compris des membres des communautés autochtones, souligne-t-il.
Nous sommes dans des communautés éloignées, mais grâce aux réseaux sociaux, nous avons réussi à nous retrouver et à nous reconnecter. […] Là-bas, il sera plus difficile pour les futurs TikTokers autochtones de trouver ces connexions et ces personnes sur qui compter.
La quatrième cohorte du programme d’accélération pour les esprits créatifs autochtones a débuté ses activités cette semaine, avec quelque 300 membres, un nombre record.
TikTok Canada et le National Screen Institute ont confirmé à Radio-Canada que les ateliers et conférences seront maintenus cette année pour ce programme, mais son avenir reste incertain.
Pas de salaire de sitôt
Ces créateurs de contenu devront potentiellement renoncer à l’espoir de voir un jour se créer un fonds pour rémunérer les responsables créatifs canadiens de la plateforme.
Actuellement, la création de contenu dans le pays n’est pas payée par TikTok, contrairement à d’autres applications et à d’autres pays, comme les États-Unis.
C’est une remise en question perpétuelle sur la manière dont nous finançons nos activités sur les réseaux sociaux
mentionne Antho Tran. De son côté, il parvient à joindre les deux bouts grâce à des partenariats avec des marques.
Ce qui aurait été intéressant avec un fonds de créateur, c’est d’être rémunéré au nombre de vues que vous générez avec votre page TikTok. Cela nous aurait permis d’être moins dépendants des collaborations de marques et de proposer un meilleur contenu.
Interrogé spécifiquement à ce sujet, le porte-parole de TikTok Canada n’a pas fourni de réponse.
Pour Laurence Grondin-Robillard, doctorante et professeure affiliée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), il faut garder espoir
.
Quoi qu’il arrive, TikTok va vouloir garder les créateurs canadiens.
L’application n’est pas interdite, c’est la filiale canadienne qui n’est plus là. Nous n’avons plus d’employés canadiens pour défendre les intérêts des créateurs de contenu local
explique-t-elle.
Ainsi, il est possible qu’on voit moins de contenu francophone canadien et québécois sur la plateforme
au bénéfice de davantage de contenus venus de France, suggère le professeur affilié à laUQAM.
TikTok ne voudra pas être mis à l’écart par tout un pays, surtout pas dans un contexte où c’est Trump qui vient d’être élu et où l’une de ses premières vidéos sur la plateforme était de dire qu’il annulerait l’interdiction.
tempers Laurence Grondin-Robillard.
La filiale canadienne de TikTok envisage de contester l’ordonnance d’Ottawa devant les tribunaux et maintient que la plateforme restera disponible pour permettre aux créateurs de trouver une audience [et] explorer de nouveaux intérêts et permettre aux entreprises de prospérer
.
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