Le stratège de 67 ans, costume vert, a été nommé chef de cabinet du futur président Trump.Image : Le Washington Post
À 67 ans, elle est la tacticienne politique la plus redoutée de Donald Trump et son arme secrète personnelle. Responsable de sa campagne et amie de la famille, cette dame de fer a été nommée hier soir chef de cabinet de la Maison Blanche. Une première pour une femme. Soyez prudent avec le grand ménage.
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Demandez à Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, ce qu’il pense de Susie Wiles. Si sa campagne présidentielle s’est retrouvée dans les poubelles du Parti républicain en deux ou deux, il ne faut pas chercher plus loin : Susie Wiles. Son nom ne vous dit rien ? Normale. Cette stratège de 67 ans évolue dans l’ombre, telle une femme de main sortie tout droit des meilleurs thrillers politiques. Un bulldozer discret qui écrase tout ce qui gêne ses patrons successifs. Ronald Reagan en faisait partie lorsque cette républicaine d’origine, élevée dans un conservatisme à l’ancienne, abandonna sa carrière dans les années 1980.
Il y a des amis et du travail. Ce n’est pas parce qu’elle a contribué à faire du pauvre DeSantis un redoutable gouverneur de Floride en 2018 que l’amour est aveugle et infini. Deux ans plus tôt, c’est cette fille d’une ancienne star de la NFL nommée Pat Summerall qui avait tiré les ficelles pour mettre Donald Trump à la Maison Blanche pour la première fois. Rebelote en 2024 avec le plébiscite que l’on connaît. Sans Susie Wiles dans ses pattes, pas sûr que le gourou de MAGA aurait été capable de faire un tel retour le 5 novembre dernier.
Et Trump le sait mieux que quiconque. A tel point que jeudi soir, sans grande surprise, il a fait de cet incontournable directeur de campagne le nouveau chef de cabinet à la Maison Blanche du futur président des Etats-Unis. En bon français, Trump a choisi son nouveau chef de cabinet.
«Je vois quelque chose en lui. Je sais que Donald Trump a de grandes chances de devenir le prochain président des Etats-Unis.»
Susie Wiles, en 2015, à John Delaney, l’ancien maire de Jacksonville, en Floride, dont elle a été chef de cabinet dans les années 1990.
Il y a dix ans, Suzie Wiles franchissait les portes de la Trump Tower à New York pour la première fois de sa vie. Une révélation. Cependant, selon son ami Paul McCormick, l’entretien avec le milliardaire ne l’a pas immédiatement mise à l’aise. Cité par Politiquela consultante politique basée en Floride a confié qu’elle “était assise à plus de six mètres de Donald Trump”. Comme Will Swith lors de son concours d’entrée au Hommes en noirelle n’hésitera pas une seconde à déplacer tous les meubles, histoire de se rapprocher physiquement de son avenir.
Aller droit au but, mais avec élégance. Un an plus tard, c’est elle qui a fait virer la Floride au rouge vif, en jetant Donald Trump dans le bureau ovale.
Elle tient son talent de sa mère, la « calme au milieu de la tempête ». Rigueur et stratégie. Rien ne doit être fait ou dit sur un coup de tête. Celle que l’on surnomme « la fille de glace » était suffisamment forte pour donner à la troisième campagne présidentielle de Donald Trump une structure bien plus disciplinée et complexe. C’est grâce à elle que Trump a su trouver le ton juste pour flirter et convaincre la communauté latino de Floride de voter pour lui.
Ce n’est pas tant un hasard si le sexagénaire est aujourd’hui l’élément le plus fiable d’un futur président. Même si certains républicains modérés n’ont toujours pas compris la raison de cet attachement à un soi-disant autocrate. Si l’on en croit son entourage, Susie Wiles sait comment améliorer les hommes dysfonctionnels. Son père alcoolique lui aurait servi d’apprentissage.
« C’est une experte en hommes instables et célèbres. Elle sait quand elle peut aider et quand ne pas le faire, et pour cela, ils lui en sont reconnaissants. Susie est celle qui connaît le plus Donald Trump. »
Un proche, cité par Politique
Elle fustige également les voix dissidentes, insistant sur le fait que « peu de gens sont capables de comprendre Donald Trump ». Ceux qui ont travaillé avec elle disent que Suzie Wiles n’est pas seulement une conseillère personnelle parmi d’autres, mais le bras armé du milliardaire et sans doute la tacticienne la plus énigmatique du premier cercle politique américain. De celle qui a le luxe d’être crainte de ses alliés et respectée de ses ennemis. Au cours de sa carrière, elle a souvent été accusée d’être à l’origine d’incendies qu’elle prenait grand plaisir à éteindre au passage.
Mais aussi de laisser s’échapper l’information dans la presse, de parfaire l’image et d’orienter la communication des gouverneurs, sénateurs et candidats à la présidentielle qu’elle a contribué à faire rayonner. Les preuves manquent, mais les rumeurs renforcent sa réputation. Bien qu’au cours des deux dernières années, il se soit davantage concentré sur le colmatage des fuites dommageables, car Donald Trump est un animal connu pour être incontrôlable.
Pour y parvenir, Susie Wiles ne lâche jamais son patron et s’efforce de gagner son respect. Surtout, non pas pour le gronder, mais pour lui prouver sereinement qu’il a tort. Mar-a-Lago, Trump Force One, Trump Tower, de meetings en interviews officielles, la « fille de glace » est toujours là, quelque part, tapie dans l’ombre, prête à murmurer le mot qui fera mouche.
Donald Trump et le Premier ministre hongrois Viktor Orbán en 2022. À gauche de l’image Susie Wiles.tweet du gouvernement hongrois
Lors de son discours de victoire, dans la nuit de mardi à mercredi, Donald Trump a tenu à la faire monter sur scène. Un véritable supplice pour celui qui ne s’épanouit que loin des projecteurs et « quand la pression est forte ». Une spin doctor à l’ancienne, qui lance des attaques comme dans une partie d’échecs, tout en chérissant son carnet d’adresses.
« Susie est dure, intelligente, innovante et universellement admirée et respectée. Elle continuera à travailler sans relâche pour rendre à l’Amérique sa grandeur. »
Donald Trump, au moment de nommer son chef de cabinet.
Dans quelques mois, Susie Wiles aura son bureau à la Maison Blanche. C’est aussi la première fois qu’une femme occupe le poste hautement stratégique de chef de cabinet. Alors que Donald Trump promet de façonner le gouvernement à son image, avec des sbires totalement attachés à son idéologie, la « jeune fille de glace » mènera sans doute ce grand ménage en toute discrétion.
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