LE cours de la huiles végétales ont considérablement augmenté ces dernières semaines. Ce qui amène certains acteurs et analystes du marché, comme Abdul Hameed, directeur commercial de la société de négoce Manzoor Trading Company, basée à Lahore, à Pakistanque cette tendance pourrait se poursuivre dans les semaines/mois à venir : « il existe actuellement une certaine tension sur l’approvisionnement mondial en huile végétale. (…) Certains pays voient leurs perspectives de demande augmenter”il témoigne. De son côté, Antoine de Gasquet, président de la société de courtage Baillon Intercor basée à Parisconfirme certains éléments de tensions sur l’offre, mais tempère les perspectives d’une nouvelle hausse des prix : “on a actuellement l’impression que les prix montent un peu dans le vide en Europecomme la demande émanant du secteur biocarburant-agrocarburant semble être réduit pour le moment ».
“On a actuellement l’impression que les prix montent un peu dans le vide en Europecomme la demande émanant du secteur biocarburant-agrocarburant semble pour l’instant réduite», selon Antoine de Gasquet, président de la société de courtage Baillon Intercor.
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Pour rappel, les cours dehuile de soja a Chicago est passé de 0,3975 $/livre le 16 septembre 2024 à 0,4634 $/livre le 6 novembre 2024 en mode « spot ». Ceux duhuile de palme a Kuala Lumpur augmenter, sur la même période, de 3.847 ringgit/t à 4.999 ringgit/t, ceux dehuile de colza un FOB de base Rotterdam de 922 €/t à 1 095 €/t, et ceux du pétrole de tournesol au départ des 6 principaux ports du nord deUE de 1 045 $/t à 1 270 $/t.
Huile de palme : une production plus faible que prévu en Asie du Sud-Est en 2024 ?
Abdul Hameed rappelle les principaux éléments haussiers : ” le Malaisie et leIndonésieLes deux plus grands producteurs mondiaux d’huile de palme sont confrontés à une baisse de leur production. Cela est dû notamment au ralentissement des rythmes de replantation et à une proportion importante de palmiers à huile vieillissants, susceptibles d’avoir un impact significatif sur les rendements. En conséquence, la production d’huile de palme brute de la Malaisie devrait tomber en dessous de 20 Mt en 2024. En Indonésie, la production pourrait tomber en dessous de 50 Mt.. Le spécialiste pakistanais précise que pour la Malaisie, les projections initiales de production locale dépassaient les 19 Mt. Mais en réalité, ce chiffre est potentiellement encore trop optimiste. Quant à l’Indonésie, une récolte inférieure à 50 Mt est inférieure aux attentes initiales du marché. À cela s’ajoute la baisse annuelle de la production d’oléagineux en Europe (tournesol, colza) et Amérique (canola au Canada), ce qui pénalisera bien entendu les volumes de pétroles produits.
« La production d’huile de palme brute de la Malaisie devrait tomber en dessous de 20 Mt en 2024. En Indonésie, la production pourrait tomber en dessous de 50 Mt. » déclare Abdul Hameed, directeur des ventes de la société commerciale Manzoor Trading Company.
Le programme indonésien B40 : augmentation de 2 millions de kilolitres de la consommation d’huile de palme pour les débouchés énergétiques ?
Abdul Hameed estime que les perspectives de demande de Échinedans Indedans le‘UE et dans Asie du Sud-Estrester solide. « L’Indonésie adoptera son projet B40 (biodiesel contenant 40% d’huile de palme) à partir de janvier 2025 »déclare-t-il. Actuellement, le B35 est utilisé. Cette augmentation du taux d’incorporation de 5% générerait “une augmentation de la consommation de 2 millions de kilolitres (Mkl), qui affectera les stocks locaux”il prévient.
Le spécialiste pakistanais espère que le plan de relance économique chinois portera ses fruits, ce qui permettra de maintenir sa consommation de pétrole à un niveau élevé dans les prochains mois. Enfin, la baisse de la production d’oléagineux en Europe entraînerait une augmentation des besoins d’importations.
Le point sur les éléments baissiers
Antoine De Gasquet veut néanmoins tempérer certains arguments théoriquement haussiers d’Abdul Hameed. Il ne nie pas la moindre production d’huiles végétales dans les grands bassins de production mondiaux (Malaisie, Indonésie pour l’huile de palme ; Union européenne, Ukraine, RussieCanada pour les huiles de colza, de tournesol et de canola).
Il se montre en revanche plus modéré quant aux perspectives optimistes de la demande mondiale. « Le programme indonésien B40 risque de coûter cher au gouvernement, qui devra empêcher l’inflation des prix intérieurs en cas de concurrence excessive entre l’énergie et l’énergie. nourriture », alerte le spécialiste français.
Le niveau de pétrole est trop bas et les huiles trop chères ?
Antoine de Gasquet rappelle également que si la demande des broyeurs et des producteurs de biodiesel en Europe et dans le monde est certes importante en théorie, en pratique elle s’est plutôt réduite ces dernières semaines. Cela est dû aux marges dégradées des transformateurs européens, voire mondiaux.. « Le prix du baril de huile est seulement 70-71 $ à New-York environ (contre plus de 85$/t au printemps dernier). Les combustibles fossiles bon marché et les huiles végétales coûteuses ne contribuent guère à améliorer les marges des fabricants de biodiesel. Il faut qu’elle aille dans un sens ou dans l’autre : soit une hausse des prix du pétrole, soit une baisse des prix du pétrole.»fait-il remarquer.
Et les perspectives macroéconomiques, affectant la demande d’énergie et donc d’huile végétale, ne sont actuellement pas très encourageantes. Ainsi, malgré l’instabilité géopolitique (guerres en Ukraine, au Moyen-Orient, etc.), il n’est pas certain que les prix de l’or noir rebondissent de manière significative. Et rien ne dit que le plan de relance en Chine fonctionne comme prévu.
L’expert français pointe également la hausse de la valeur du dollar par rapport aux monnaies concurrentes, augmentant ainsi le coût des importations. « Cela pourrait modérer la demande internationale de pétrole et donc exercer une pression sur les prix à l’avenir »argumente-t-il.
Quelles sont les conséquences de l’élection de Donald Trump sur le marché des huiles végétales ?
N’oublions pas que la récolte de soja aux Etats-Unis s’est avérée bonne, laissant subsister d’importantes réserves de pétrole, ce qui constitue à première vue un élément plutôt baissier. Abdul Hameed, pour sa part, estime que, certainement, « La production nationale augmente, mais la demande devrait également augmenter. Les besoins énergétiques seront importants en hiver, de janvier à mars aux Etats-Unis. Et Donald Trumple nouveau président américain aurait intérêt à stimuler la demande intérieure en huile végétale, ce qui pourrait compenser en partie un éventuel nouveau conflit commercial avec la Chine..
Certes, mais on peut aussi voir les choses sous un autre angle. Antoine de Gasquet rappelle que le nouveau président américain avait « a plutôt favorisé les producteurs de pétrole, au détriment des producteurs d’huile végétale et donc du monde agricole lors de son premier mandat ». Donald Trump dispose en effet d’un grand nombre d’électeurs dans le monde rural et dans le monde pétrolier, qui ont des intérêts différents… Ainsi, les prévisions quant aux agissements du futur nouveau locataire de la Maison Blanche s’avérer particulièrement difficile.
Le règlement européen sur la déforestation pour surveiller
Dernier facteur à surveiller : les résultats du vote sur la possibilité de reporter (ou non) d’un an le règlement européen sur la déforestation (RDEU), les 13 et 14 novembre. « Cela ne sera pas sans conséquences sur les importations européennes d’huile de palme, de soja, etc., et donc sur les prix mondiaux. »se souvient Antoine de Gasquet.
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