Réunis au salon Dionysud pour évoquer la crise du vin et les leviers pour en sortir, les syndicalistes s’accordent sur l’indispensable retour aux prix garantissant la rentabilité des exploitations. L’arrachage des prix ou le contrôle des prix sont des leviers qui divisent.
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On est d’accord sur le diagnostic de la maladie, moins sur les remèdes. En marge du salon Dionysud de Béziers, Vitisphère a invité ce mardi 5 novembre les représentants départementaux de la profession vitivinicole et les salariés* à s’exprimer autour d’une table ronde sur les racines de la crise vitivinicole actuelle et surtout sur les leviers de sortie à actionner. « Les prix rémunérateurs sont la pierre angulaire de la situation actuelle. Sans prix, il n’y a rien »résume le représentant héraultais de la Confédération Paysanne, Thierry Arcier, vigneron au domaine Perdigaïre à Saint-Pargoire. Le niveau des prix des vins donc, mais aussi une déconsommation chronique, les successions de crises économiques (brexit, taxes Trump, Covid, guerre en Ukraine…) et la répétition des aléas climatiques ont fait exploser les coûts de production et mis à mal les modèles de production. rentabilité et trésorerie des exploitations viticoles.
Dans la réflexion sur les sorties de crise, la hausse des prix reste essentielle, mais les points de convergence sur les moyens pour y parvenir deviennent moins évidents. Ainsi, la mesure de régulation de l’offre par l’arrachage divise les esprits quant à ses conséquences. Le représentant du Modef Didier Gadéa fustige ainsi « l’inefficacité du déracinement qui a toujours été utilisé comme mesure réglementaire, sans jamais rien résoudre ». Son homologue de la Confédération Paysanne Thierry Arcier le rejoint et s’offusque de « financer l’arrachage tout en continuant à subventionner les plantations ! »
Encadrement et prix minimum
Se positionner en défense du principe du déracinement temporaire « pour préserver le potentiel de production »le représentant de la Coordination Rurale Pascal Marié ne voit aucun intérêt à arracher « sauf rémunération de 10 000 €/ha ». Le représentant de la Chambre d’agriculture de l’Hérault, Guilhem Vigroux, soutient le fort appétit des vignerons « pour le plan de restructuration de leur vignoble afin de maintenir une production rentable et en adéquation avec les besoins du marché ».
Le contrôle des prix par l’État et la définition d’un prix plancher est une garantie de rémunération défendue par la Modef ou la Confédération paysanne, alors que la Coordination rurale n’adhère pas à ce principe face aux disparités des coûts de production selon les régions et un marché ouvert, rejoint sur ce point par la Fdsea. « Que faire lorsque nous nous retrouvons à exporter face à des concurrents d’autres pays qui n’ont pas le même cadre de prix ? »souligne Guilhem Vigroux. Pour lui, c’est plutôt la nécessité de pouvoir proposer une segmentation de l’offre en adéquation avec les besoins des marchés qui permettrait d’ajuster au mieux la rémunération de la production vitivinicole. Le représentant de la CFTC, Jean-Pierre Chivoret, regrette que la représentation des commerçants ou des consommateurs soit absente de ce type de débat. Le spectre de la grande distribution « Fossoyeur de la viticulture française »selon les mots de Pascal Marié, concentre le ressentiment de la plupart des personnes présentes.
Éduquer pour consommer
Partisan d’un prix plancher, le président des jeunes agriculteurs de l’Hérault Rémi Dumas souligne également l’importance de la demande de vin, menacée par la poursuite de la déconsommation. « L’éducation des jeunes générations est essentielle pour stopper cette tendance, il faut prendre le temps d’éduquer nos jeunes à une consommation modérée »il défend. « D’autant que sans cette éducation, les jeunes consommateurs sont d’autant plus exposés à des modes de consommation très excessifs »ajoute Guilhem Vigroux.
De l’avis de tous, l’effort pour parvenir à un prix décent pour les producteurs est loin d’être incommensurable. Pour le consommateur, une vingtaine de centimes de plus par bouteille permettrait d’atteindre un équilibre de production viable. C’est alors que se pose la question cruciale : « où sont les marketeurs ? « .
* : Avec Thierry Arcier porte-parole de la Confédération Paysanne Départementale, Didier Gadea président de la section viticole de la Modef, Pascal Marié, porte-parole de la Coordination rurale 34, Rémi Dumas, président des Jeunes Agriculteurs 34, Guilhem Vigroux, représentant la Chambre d’Agriculture 34, Jean-Pascal Pelagatti, représentant la FDSEA 34, Jean-Pierre Chivoret, pour la CFTC et David Veyer pour la CFDT.
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