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“Il y a une vraie inquiétude” pour l’Ukraine, réagit Camille Grand, ancienne secrétaire générale adjointe de l’Otan

La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle aux États-Unis fait des étincelles “un vrai souci” pour l’Ukraine, réagit ce jeudi sur franceinfo, Camille Grand, chercheuse, spécialiste des questions de défense au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR) et ancienne secrétaire générale adjointe de l’Otan.

Il rappelle que le Parti républicain, celui de Donald Trump, «ne s’est pas distingué par son soutien à l’Ukraine» notamment en bloquant l’aide à l’Ukraine pendant plusieurs mois. Néanmoins, « L’assistance militaire américaine reste extrêmement importante. 60 milliards de dollars ont été accordés à l’Ukraine depuis le début du conflit, soit plus de la moitié de l’assistance militaire », souligne Camille Grand.

La question est désormais de savoir si et dans quelle mesure les États-Unis continueront à soutenir l’Ukraine. Ces derniers mois, Donald Trump n’a cessé d’insister sur sa capacité à imposer la paix en Ukraine. « en moins de 24 heures »sans jamais expliquer comment. Camille Grand estime que résoudre le conflit dans ce délai est « en réalité céder aux exigences de Vladimir Poutine ». Le magnat de 78 ans « s’est fortement impliqué pendant la campagne sur cette idée d’une paix négociée très rapidement, d’un compromis qui s’imposerait en quelque sorte aux Ukrainiens, mais aussi aux Européens », ajoute le chercheur.

Toutefois, l’incertitude règne. Même s’il promet de mettre fin à la guerre en Ukraine, Donald Trump reste vague sur la question. Camille Grand ne sous-estime pas non plus son caractère imprévisible. “La réalité est que nous ne savons pas vraiment comment il va jouer ce ‘deal’ proposé. [accord] pour reprendre ses mots. Le 47e président des Etats-Unis saura aussi se montrer ferme face à son homologue russe Vladimir Poutine. Ce spécialiste n’exclut pas cette hypothèse.

Donc, « Les Européens doivent vraiment envoyer des messages très clairs sur leurs attentes, notamment concernant le conflit ukrainien. » estime Camille Grand. Donald Trump prendra ses fonctions le 20 janvier, après avoir prêté serment. “La période de transition est encore un peu chaotique aux Etats-Unis : l’ancienne administration conserve beaucoup de pouvoirs, mais le président élu a déjà des contacts diplomatiques”souligne l’ancien secrétaire général adjoint de l’Otan. « Nous vivons actuellement un moment très critique où des initiatives diplomatiques peuvent être prises par Donald Trump. »

Après sa victoire électorale, Donald Trump s’est entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ce dernier salue un “excellent” échange. « Nous sommes convenus de maintenir le dialogue et de faire progresser notre coopération. Un leadership fort et déterminé aux États-Unis est vital pour le monde et pour une paix juste. » écrit le président ukrainien sur le réseau social X.

« La réalité est que les États-Unis seront moins impliqués dans la sécurité européenne parce que leur priorité est la Chine et l’Indo-Pacifique, parce qu’ils ont des ressources limitées et parce qu’« ils ont un débat interne qui ne les incite pas à investir dans la sécurité européenne ». , tempère Camille Grand. Selon l’ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN, c’est le « tendance de base ». Une victoire de la candidate démocrate, Kamala Harris, aurait également « exigeait que l’Europe assume une plus grande responsabilité pour sa sécurité, de préférence dans le cadre d’une alliance avec les États-Unis ».

Camille Grand s’interroge sur la capacité des 27 pays membres de l’Union européenne « se coordonner », « avoir un message commun sur l’Ukraine, sur leurs efforts de défense ». Les dirigeants européens se réunissent ce jeudi soir à Budapest. La Hongrie assure actuellement la présidence tournante de l’Union européenne. Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban – qui soutient Donald Trump et affiche des positions pro-russes – accueillera également Volodymyr Zelensky.

Pour ce spécialiste des questions de défense au Conseil européen des relations internationales, les Européens doivent aussi rapidement « envoyer des signaux plus clairs » aux Etats-Unis pour rassurer “cette partie de l’opinion américaine” sceptique, démontrant que l’Union européenne « prend réellement en charge la sécurité de l’Europe » et qu’elle « ne considère pas les États-Unis comme la garantie ultime de la sécurité à l’échelle mondiale ». Camille Grand souligne que les pays européens « dépensent beaucoup plus d’argent que lorsque Donald Trump était premier président. »

 
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