SAUL LOEB/AFP
Benjamin Netanyahu et Donald Trump, rencontrant le Premier ministre israélien à la Maison Blanche en septembre 2020
ÉTATS-UNIS – Benjamin Netanyahu qui “prié” car une réélection de Donald Trump se savoure. Ce mercredi 6 novembre, le républicain a été réélu à la Maison Blanche, quatre ans après l’avoir quittée, en battant la démocrate Kamala Harris. Et le ressac de cette vague rouge qui submerge les États-Unis se fera sentir partout dans le monde, et particulièrement au Moyen-Orient.
Benjamin Netanyahu, qui vient de limoger son ministre de la Défense Yoav Gallant, s’est réjoui ce mercredi matin après avoir appris la réélection de Donald Trump. Il sentait que son « « Le retour historique à la Maison Blanche offre un nouveau départ pour l’Amérique et un engagement fort en faveur de la grande alliance entre Israël et l’Amérique. » L’entourage du Premier ministre israélien a déclaré plus tard dans la journée qu’il était le premier dirigeant étranger à s’adresser au vainqueur et que les deux hommes avaient « un échange chaleureux et convivial ».
Durant la campagne électorale, Donald Trump n’aurait pas ménagé ses efforts, vantant ses conversations quasi quotidiennes avec le dirigeant israélien et ses « très bon rapport qualité prix »mais aussi en capitalisant sur la colère des Arabes américains contre ce qui était perçu comme un chèque en blanc de l’administration Biden à Israël. Avec les armoiries du leader républicain, la promesse de « apporter la paix sur Terre ».
Soutien à l’opération israélienne à Gaza
Derrière ces propos grandiloquents, Donald Trump, qui voulait encore en 2016 baiser les Arabes et qui veut réintroduire le « musulman ban », n’a jamais dit un seul mot sur la souffrance des habitants de Gaza. En août dernier, il l’a simplement estimé “les morts doivent cesser” appelant Israël à remporter une victoire rapide. Comme Joe Biden et Kamala Harris, il a toujours insisté sur le droit d’Israël à se défendre. Et il s’est également moqué des appels à un cessez-le-feu de son adversaire démocrate et a assuré que « Cela ne ferait que donner au Hamas le temps de se reconstituer et de lancer une nouvelle attaque sur le modèle de celle du 7 octobre ».
La paix, mais plutôt par la force, donc. Et surtout avec des idées en tête. En pleine conférence de presse en octobre dernier, Donald Trump se livrait à une rêverie immobilière, imaginant que Gaza deviendrait, après sa reconstruction, un nouveau « Monaco ». L’agenda ne semble plus être de faire pression sur Israël pour qu’il facilite l’aide humanitaire à Gaza, comme lorsque Washington a menacé de limiter les livraisons d’armes.
Quant au Hamas, il s’est contenté d’un communiqué pour dire qu’il jugera le nouveau président américain en exercice. « de ses positions et de son comportement concret envers le peuple palestinien, ses droits légitimes et sa juste cause ».
« Les choses ne changeront pas » pour les Palestiniens
Mais la voix des Palestiniens risque d’avoir peu d’écho dans ce nouveau mandat puisque, lors du précédent, Donald Trump a multiplié les gestes en faveur d’Israël : il a déplacé l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, il a coupé le financement américain de l’UNRWA depuis 2018. et surtout, il reconnaissait la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan syrien occupé. C’est également lui qui a mis fin à l’opposition aux colonies israéliennes en Cisjordanie. ” La politique de Trump dans la région s’aligne depuis longtemps sur celle des partisans les plus extrémistes d’Israël. concernant l’annexion de la Cisjordanie, note à ce propos le spécialiste de la diplomatie américaine Akbar Shahid Ahmed pour Le HuffPost USA.
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«[Les Palestiniens] ils n’ont rien vu de changement au cours des quatre années de l’administration Biden. Donc, clairement, je pense que si une administration Trump revient, il est possible que des politiques liées à la colonisation, liées à l’impunité d’Israël, soient accélérées, renforcées. Mais les choses ne changeront pas.” Inès Abdel Razek, directrice de l’Institut palestinien de diplomatie publique, l’a récemment déclaré à France Inter.
La question iranienne
Si Donald Trump a peu ou prou la même approche à l’égard du Hezbollah (« que cela soit résolu rapidement »), la question libanaise est plus complexe car inextricablement liée à celle iranienne. Dans le pays, le républicain a laissé de mauvais souvenirs, ravivés mercredi matin avec la chute du rial iranien, à son plus bas historique face au dollar.
Téhéran peine à se remettre du coup de marteau infligé en 2018. Soumis à d’importantes sanctions internationales, l’Iran a signé en 2015 un accord avec les grandes puissances mondiales qui ont accepté d’alléger leur emprise en échange d’une limitation de son programme nucléaire iranien. Le texte, validé par Barack Obama, a été torpillé trois ans plus tard par Donald Trump, qui a alors réintroduit des sanctions. Il en résulte une inflation galopante pour les Iraniens. Son premier mandat a aussi été marqué, en janvier 2020, par la décision de faire tuer le puissant général iranien Qassem Soleimani en Irak.
Quatre ans après, pas question de relâcher la pression. Pour la Heritage Foundation, un lobby hyper-conservateur qui pèse dans la sphère trumpiste, vis-à-vis de l’Iran « L’apaisement n’est plus une option ». Au point d’engager militairement les États-Unis aux côtés d’Israël ? Alors que durant la campagne électorale le milliardaire est allé jusqu’à encourager Benjamin Netanyahu à bombarder les installations nucléaires iraniennes – un conseil qui n’a pas été suivi – le républicain s’est toujours montré réticent à envoyer des troupes américaines. Par ailleurs, son entourage électoral comprend de nombreux « des isolationnistes qui ne veulent plus que Washington soit le leader du monde libre ou qu’il participe aux alliances internationales » estime Nadav Tamir, ancien diplomate en poste aux Etats-Unis.
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