l’essentiel
A 33 ans, Kyria, agricultrice du Couserans, en Ariège, a été sélectionnée pour poser dans l’édition 2025 du calendrier des Belles des Prés.
L’année prochaine, le mois d’octobre sera ensoleillé, à l’image de Kyria. L’habitante du Couseranna, 33 ans, a été sélectionnée par le photographe Johann Baxt pour poser dans l’édition 2025 du calendrier Belles des prés. Gravant sa silhouette sur papier glacé, légèrement vêtue au cœur de sa ferme, la trentenaire met en lumière les paysannes. Une manière de casser les codes d’un monde habituellement masculin.
« L’année dernière, quand j’ai vu ce calendrier, ça m’a tout de suite frappé. J’ai alors décidé de leur envoyer ma candidature. C’est un environnement très difficile. De nombreux agriculteurs refusent encore de m’accepter. Dites-moi car je suis une femme”, explique Kyria assise à la terrasse de son restaurant à Montjoie pour profiter du soleil. Condition sine qua non pour espérer faire dresser son portrait : être agriculteur. “Et au moins un peu mignon !”, poursuit-elle en éclatant de rire.
Ancien modèle photo
“Pour le shooting j’ai choisi les tenues et les thèmes, je ne voulais pas tomber dans le vulgaire, je trouve que le résultat final met en valeur la féminité ainsi que le côté agricole”, souligne Kyria. Seul défaut : la brune aurait préféré représenter le mois de juillet plutôt qu’octobre. « J’ai du soleil, je veux du soleil », rit-il.
Une sorte de retour aux sources pour cette Ariégeoise d’adoption pour qui le monde des strass et des paillettes est tout sauf inconnu. « J’ai d’abord travaillé dans le secteur de la mode comme styliste et mannequin photo, mais j’ai dû arrêter car le secteur était de plus en plus encombré, notamment à cause de la concurrence chinoise », poursuit-elle. Loin d’être qu’une jolie plante, cette amoureuse de la campagne a pu s’appuyer sur sa maîtrise des langues étrangères pour devenir traductrice trilingue chez Airbus depuis près de trois ans.
L’appel de la nature
Mais l’appel de mère nature était plus fort. À la naissance de son premier enfant, Kyria a décidé d’échanger sa robe et son clavier contre un chat et des bottes. « Je ne me voyais pas élever mes enfants en ville. J’avais besoin de ce retour au vert et de m’enraciner dans un territoire authentique », poursuit l’agriculteur. Et c’est sur l’Ariège que Kyria jettera son dévolu. Un coup de cœur suivi d’un deuxième. Il rencontre Manu, un menuisier qui deviendra son associé et associé.
« Nous sommes tombés par hasard sur cette ferme qui était à vendre depuis plus de dix ans. Il fallait vraiment tout refaire et nous n’avions quasiment aucun euro en poche. Avec le recul, je pense que nous n’étions pas vraiment conscients de ce que nous faisions. nous serions entrés », dit-il. Il faut dire que leur projet prit bientôt des allures de chemin de croix. « Au départ, nous étions producteurs de semences et de moutons, mais suite à différents événements, nous avons dû changer de cap », résume Kyria. Entre le mauvais temps et les vaches des voisins qui ont détruit toute leur production, la jeune femme a dû perdre le sourire. « J’étais vraiment en larmes et paniqué. Ce sont trois années d’investissements qui sont partis en fumée», raconte-t-il avec émotion.
“C’était notre issue”
Le dos au mur, son mari Manu propose d’acheter la grange d’à côté et de la transformer en restaurant. Après quelques jours d’hésitation, Kyria a décidé de franchir le pas. « Je me suis dit que c’était une belle façon de promouvoir notre production. Je ne voyais pas d’autres solutions pour soutenir notre activité agricole. C’était notre porte de sortie », observe le restaurateur.
Profitant du temps de travail, la néocouseranne a dépassé son code postal en cuisine. En juillet 2019, c’est dans un cadre champêtre que La Table de Gaya peut enfin accueillir ses premiers clients. « Plus de 80 % de ce que nous proposons au restaurant provient de notre ferme. Je pense que nous devons être parmi les seuls à le faire en France, et pour le reste nous nous approvisionnons auprès de producteurs locaux ou français. avec une certaine fierté. Derrière ses fourneaux, la chef en profite pour transformer chacun de ses plats en un hommage à son passé dans le monde de la mode.
« Ma cuisine est authentique et résolument féminine. Il existe de nombreuses fleurs, couleurs et saveurs différentes. J’essaie de développer mon côté artistique dans ma cuisine et j’encourage mes convives à apprécier des saveurs qui ne leur sont pas familières », dit-elle. Entre le champ et l’assiette, Kyria prend BPA pour s’établir officiellement comme agricultrice. « Notre condition est avant tout paysanne. Notre restaurant n’est que la continuation de notre activité principale », conclut le trentenaire.
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