A 63 ans, Dominique Pétin défend – enfin ! – son tout premier rôle principal sur scène. Et c’est un véritable baptême du feu auquel elle a droit : elle donne vie à Nawal Marwan, héroïne defeu. « J’ai l’impression de me plonger dans une tragédie », murmure-t-il.
«Je n’aurais jamais pensé que les gens penseraient à moi pour ce rôle. A mon âge, j’espère tout et je n’attends rien. C’est donc un beau cadeau pour moi », poursuit Dominique Pétin.
Il est vrai que l’actrice n’a pas le même casting que celles qui ont prêté leurs traits à Nawal Marwan par le passé ; Ce sont Isabelle Roy, Annick Bergeron et Andrée Lachapelle qui se sont partagé le rôle lors de la création de cette pièce, il y a plus de 20 ans. Seule Dominique Pétin assume cette responsabilité, incarnant l’héroïne defeu de l’adolescence aux années soixante.
Auto feu raconte le parcours de cette femme dont les droits et la dignité ont été bafoués, victime de viol et de violences indicibles. C’est à sa mort que ses jumeaux (ici interprétés par Neil Elias et Sabrina Bégin Tejeda) apprendront les secrets gardés par leur mère chez un notaire (Denis Bernard).
La pression
Depuis sa création en 2003, le travail de Wajdi Mouawad a non seulement été présenté sur la scène internationale, mais a également fait le grand saut à l’écran en 2010 sous la direction de Denis Villeneuve. Cette adaptation cinématographique a été saluée tant au Québec qu’à l’étranger, feu suscitant entre autres les critiques américaines.
Un parcours qui apporte son lot de pression sur les épaules de Dominique Pétin.
« Voir mon visage sur des affiches partout dans la ville… il y a définitivement quelque chose de vertigineux et d’intimidant. Mais je me libère de cette pression en me rappelant que la vraie star defeuc’est le texte de Wajdi Mouawad. Il n’y a pas d’effets spéciaux, pas de faste… rien de superflu dans le show. L’histoire est tellement forte qu’on n’en a pas besoin », explique l’actrice.
Première femme autochtone
Elle devient également la première femme autochtone – Dominique Pétin est née d’une mère huronne-wendat et d’un père d’origine française – à prêter ses traits au personnage de Nawal Marwan.
“Je me retrouve juste sur scène feu cela envoie un message fort », dit-il.
Parce que la guerre – et ses atrocités – représentée sur scène n’a ni drapeau ni patrie. Un flou délibéré entoure les origines de Nawal Marwan ; sa patrie natale n’est jamais mentionnée. Et Dominique Pétin estime que sa seule présence renforce le caractère universel de l’œuvre.
« Les réalisatrices Elkahna et Inès Talbi ont voulu éliminer cette idée selon laquelle la guerre est toujours loin de nous. Nawal, ce sont toutes ces femmes qui ont souffert, qui ont été utilisées comme bouclier contre la violence. C’est notre histoire autant que celle des femmes vivant à l’étranger », explique-t-elle.
La chambre feu est présenté au Théâtre Duceppe à Montréal jusqu’au 30 novembre. Une tournée la mènera ensuite, entre autres, sur la scène de la Salle Albert-Rousseau de Québec le 2 mars.
Notre avis :
Un mot pour décrire Dominique Pétin dans la pièce feu? Majestueux. L’actrice parvient à valoriser encore davantage les propos de Wajdi Mouawad, déjà formidables et puissants en eux-mêmes. Soutenue par de solides compagnons d’armes comme Denis Bernard, Neil Elias et Sabrina Bégin Tejeda, elle est tour à tour rebelle et vulnérable, toujours avec une précision incroyable. Bref, un spectacle qui fait comme un coup de poing dans le ventre et qui nous accompagne toujours, même longtemps après la sortie du théâtre.
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