Par
Thomas Savalle
Publié le
6 novembre 2024 à 18h50
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Mardi 5 novembre 2024, nous avons profité de la visite d’Amaury de Saint-Quentin, le nouveau préfet de Bretagne, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) pour lui poser quelques questions.
Vous venez de prendre vos fonctions. Comment s’est passée votre première semaine en Bretagne ?
Elle a été très impactée par l’actualité avec tous ces sujets liés au trafic de drogue. Les deux personnes ont été agressées au couteau à Rennes. L’accident qui a fait deux morts sur les routes près de Vitré. Et puis, la Rave party, commencée sans autorisation, qui a dégénéré auprès de la communauté des voyageurs. Week-end compliqué. Semaine chargée.
Quel était votre programme à Saint-Malo ?
J’ai commencé ma journée par un entretien avec Gilles Lurton, le maire de Saint-Malo. J’ai ainsi pu évaluer les enjeux majeurs du quartier. Les attentes du maire.
J’ai rencontré les agents à la sous-préfecture. Ensuite, j’ai eu une réunion de travail avec les policiers, les gendarmes et les renseignements qui sont en contact avec le territoire pour évaluer la situation. J’ai relevé des particularités du territoire : violences conjugales, délinquance et trafic de drogue.
J’ai vu des chefs d’entreprise. J’ai terminé ma journée avec des professionnels du monde agricole.
Lors de vos différentes discussions, quel sujet est revenu de manière récurrente ?
Celui du logement. C’est lié au travail. Nous avons un faible taux de chômage, autour de 3 à 4 %, mais les entreprises ont du mal à trouver de la main d’œuvre. Je connais modestement la Bretagne, mais j’ai été surprise de voir de jeunes professionnels avoir de grandes difficultés à se loger.
Ils sont contraints de chercher un logement de plus en plus loin, dans l’arrière-pays. Je repars avec la conviction que nous trouverons des solutions concrètes et rapides. Sinon, cela deviendra rapidement un goulot d’étranglement.
A quelles solutions pensez-vous ?
Plus tôt, le maire de Saint-Malo a évoqué le véritable bail mitoyen. En clair, une structure finance le coût d’un terrain en laissant la part au mètre carré à la charge du futur acquéreur. C’est très intéressant, mais cela ne concerne que 10 % des investissements. Nous devons trouver d’autres solutions intelligentes comme celle-ci et sortir du chemin que nous connaissons.
“On a trouvé 40 kg de cocaïne dans une ferme”
Plus tôt, vous parliez du trafic de drogue. Les grands ports comme Le Havre, Cherbourg et Marseille sont fortement surveillés. Un comité sénatorial affirme que les trafiquants dépendent des ports de petite ou moyenne taille. Celui de Saint-Malo est-il une porte d’entrée pour les trafiquants de drogue ?
Le but n’est pas de stigmatiser Saint-Malo. Objectivement, je n’ai pas de chiffres. Les grandes villes sont concernées par ce phénomène, désormais les villes moyennes comme Saint-Malo aussi et même les zones rurales. Récemment, 40 kg de cocaïne ont été retrouvés dans une ferme du fin fond du Morbihan.
Ce n’est pas une porte d’entrée, comme on peut l’entendre. Saint-Malo est un port comme les autres en Bretagne. C’est un lieu de trafic, mais ni plus ni moins que d’autres. Saint-Malo se trouve dans la même situation que de nombreuses villes moyennes de Bretagne et de l’ouest de la France.
Notamment parce que nous avons des jeunes sur notre territoire. Même si les drogues ne sont pas réservées aux jeunes. Je désespère de voir ces jeunes de ces quartiers de Maurepas et de Blosne impliqués dans le trafic de drogue. Il existe une volonté très forte de la part des services de l’État de travailler sur le fond.
D’ailleurs, récemment, la police aux frontières (PAF) a été réorganisée à Saint-Malo ?
C’est bien plus qu’une réorganisation. Depuis trois semaines, nous avons 21 fonctionnaires supplémentaires affectés au PAF de Saint-Malo. C’est énorme. Ils étaient une trentaine, ils sont désormais 58. C’est le premier territoire avec ce renfort de personnels. Leur mission comprend la police des frontières mais aussi le trafic de drogue entrant et sortant du port mais aussi sur la côte à proximité du port.
« Il faut anticiper davantage et être pédagogue »
Le sud de l’Espagne est frappé par de terribles inondations. A Saint-Malo, nous sommes exposés au risque de submersion marine. Craignez-vous de vivre un jour une catastrophe sur nos côtes ?
L’inquiétude n’est pas le mot. Les défis d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier face aux changements climatiques majeurs. J’ai été confronté en Corse en août 2022 à une sorte de tornade. Elle est arrivée à 8 heures du matin. Un truc de fou. Très violent et très bref. Cinq personnes sont mortes.
Les analyses ne prédisaient pas cette tornade. Nous allons être confrontés à de plus en plus d’événements de ce type. Ma conviction est la nécessité de nous organiser face à ces menaces et risques croissants. Revoir la portée des règles concernant la police de l’urbanisme.
Il faut anticiper davantage et être pédagogique. Il y a un travail fondamental à faire très tôt, notamment dans les écoles : sensibiliser les jeunes à ces évolutions sans les effrayer. Il faut leur expliquer que demain nous pourrions avoir : des sécheresses majeures, des précipitations importantes, des vents forts et une submersion marine. Je n’ai aucune peur mais un sentiment de responsabilité.
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