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près de Valence, la détresse des victimes espagnoles, une semaine après les inondations

Une semaine après les pluies torrentielles qui ont provoqué des inondations dévastatrices, les banlieues sud de Valence restent figées dans le chaos. Chaque jour, une file ininterrompue de bénévoles continue d’emprunter les différents ponts et passerelles qui enjambent les eaux brunes de la rivière Turia. L’équipement des volontaires valenciens reste le même : bottes, pelles et seaux. Sur le premier tronçon d’une avenue glissant vers le sud, les débris ont été en partie dégagés. Plusieurs commerçants distribuent de l’aide alimentaire tandis que d’autres restent prosternés sous leur rideau de fer brisé, face à un ballet continu de véhicules d’urgence.

Deux kilomètres plus au sud, dans la commune de Massanassa, la boue stagnante dégage une odeur âcre. Un haut-parleur de la police met en garde contre les conditions insalubres. Il est demandé à chaque individu de porter un masque et des gants. Nous nous enfonçons facilement jusqu’aux chevilles, et les excavateurs déblayent péniblement le chemin pavé de détritus. Le chantier est titanesque. L’eau est montée jusqu’à deux mètres.

« Heureusement que les bénévoles sont là »

Venu aider sa famille, Miguel, 42 ans, a ses vêtements tachés de boue. « Nous avons été abandonnés », dénonce ce professeur de l’université de Valence. « L’État central et le gouvernement régional se renvoient la balle. Mais regardez par vous-même, il n’y a pas de coordination ici. Heureusement, des bénévoles sont là pour vous aider. Nous avons besoin de beaucoup plus de machines pour dégager les routes. »

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Dans les rues de Massanassa, les excavateurs débarrassent péniblement la route pavée des détritus. (Photo Pierre Coudurier)

Comme Miguel, les habitants de Massanassa ne cachent pas leur dégoût face à l’arrivée trop tardive du système d’aide, et face à son insuffisance. Les militaires, par exemple, ne sont arrivés sur place que lundi. Armés de pelles, ils semblent eux-mêmes dépassés par l’ampleur de la tâche. Devant la mairie, transformée en centre d’accueil et plateforme logistique, les habitants font la queue pour récupérer des repas chauds, des couches ou une bouteille d’eau. « Il nous a fallu trois jours pour recevoir à manger et à boire », souffle Pépé, 27 ans, épuisé. « Si les secours étaient arrivés plus tôt, nous aurions pu sauver beaucoup de gens coincés dans leur voiture », ajoute le jeune homme, dans un français parfait.

“Il y a beaucoup plus de morts, c’est sûr”

Mercredi dernier, au lendemain des inondations, Pépé s’est rendu tant bien que mal chez le grand-père de sa compagne, dont la maison est à quelques pâtés de maisons. Il découvre alors le cadavre flottant du vieil homme. A 88 ans, Luis est rattrapé par la montée des eaux et asphyxié par la boue. Il a fallu trois jours aux secours pour évacuer son corps. « Il n’y a pas d’organisation dans tout ça, c’est de la foutaise… », dit Pépé, le regard fixé sur un rocking chair en bois sur lequel Luis se balançait. « Les autorités jouent avec les chiffres mais il y a bien plus de morts que cela, c’est sûr. »

Selon Madrid, le bilan humain des intempéries s’élève à 218 morts tandis que le nombre de disparus avoisine les 2.500, selon le quotidien El Diario. La justice valencienne a indiqué mardi soir avoir enregistré 89 cas de disparitions. Fatiguées et en colère, les sinistrés comptent néanmoins sur l’extraordinaire solidarité constamment en action depuis la catastrophe.

 
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