Pour le constructeur, l’hybride rechargeable offre l’avantage de contourner les mesures protectionnistes mises en place en Europe. En France, les voitures électriques produites en Chine n’ont plus droit au bonus écologique, tandis que l’UE puise dans l’arsenal des droits de douane majorés, atteignant 27 % à 47 % selon les marques. Autant de contraintes qui ne touchent pas les modèles hybrides, que BYD compte bien augmenter dans les prochains mois, sous sa propre marque et avec son label haut de gamme Denza.
Ces taxes ne manquent pas d’irriter Stella Li, vice-présidente de BYD, comme elle l’a confié lors d’un entretien avec Défis. « Les gouvernements européens ont réagi de manière excessive, comme ils l’ont fait à l’époque des marques coréennes et japonaises. La politique européenne est paradoxale : elle cherche à limiter les émissions de CO2 d’une part, en nous bloquant, alors que nous apportons une solution avec nos voitures électriques ! » Pour contourner ces barrières, BYD a déjà commencé à construire une usine en Hongrie, qui entrera en service en 2025. Une autre, en Turquie, suivra, d’une capacité totale de 300 000 voitures par an. « Il y a fort à parier que cela ne suffira pas à l’avenir », ajoute Stella Li, signe des ambitions commerciales débordantes du constructeur chinois.
Le Seal U DM-i, premier modèle hybride rechargeable de BYD vendu en France, contribue au décollage des ventes. Crédit : Nicolas Meunier/Défis
Pour nourrir son appétit, BYD semble prêt à faire des sacrifices, quitte à réduire ses marges. Le constructeur chinois cherche à tout prix à faire en sorte que le prix de ses modèles électriques reste compétitif. C’est pourquoi elle propose de fortes remises, pouvant dépasser les 20 %, sur certains modèles : 8 000 euros de remise sur le SUV compact Atto 3, 7 000 euros sur la berline compacte Dolphin, 4 000 euros sur la berline familiale Seal… Une véritable politique de la terre brûlée, ce que BYD peut se permettre compte tenu de sa taille colossale : plus de trois millions de voitures vendues en 2023, 90 000 ingénieurs et surtout un bénéfice net de 1,6 milliard de dollars au cours du troisième trimestre 2024.
Or, les ventes à l’export sont l’épine dans le pied du géant chinois, très dépendant de son marché intérieur qui représente 90 % de ses ventes. En France, le seuil des 500 ventes en octobre est donc symbolique. La marque espérait doubler avec le lancement de l’hybride rechargeable Seal U DM-i. Sur les dix premiers mois de l’année, BYD a immatriculé 2.968 voitures en France, bien loin de son objectif initial de 8.000 ventes en 2024.
Faire émerger une nouvelle marque prend du temps, le constructeur chinois semble en être conscient. « Nous pensons que le marché européen est essentiel. Nous voulons faire les choses de la bonne manière. Nous aurons la patience nécessaire pour nous y implanter durablement », assure Stella Li. Mais en coulisses, l’histoire n’est pas la même. « La pression sur les volumes de ventes est réelle », nous a confié un distributeur, sous couvert d’anonymat.
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