« Nous avons vécu près de quatre-vingts ans avec l’illusion d’un monde en paix. Cette imagination a été brisée lorsque Vladimir Poutine a décidé d’envahir l’Ukraine. » Comme une majorité d’observateurs, Vincent Crouzet, ancien “collaborateur” de la DGSE, n’avait pas anticipé le retour de la guerre » haute intensité » sur le sol européen, à moins de 2 000 km de la France.
« Nous pensions que Poutine était en quelque sorte un mal nécessaire, mais pas qu’il entrerait en guerre »soutient l’ancien espion. Dix-huit mois après le début de ce conflit, le Hamas a mené les attentats du 7 octobre, étincelle d’un violent conflit “qui couvait depuis plusieurs mois”. Et qui met désormais le feu au Moyen-Orient.
Les bonnes informations pour une démarche sereine
Face à ces deux conflits majeurs, Vincent Crouzet rédige le manifeste Comment vivre dans un monde en guerre. “Quand l’éditeur m’a contacté, cela m’a poussé à remettre en question ces conflits et aussi à revoir certaines de mes idées reçues pour tenter d’apporter des clés de compréhension”il résume.
Un travail qui lui a permis d’observer une appréhension de ces conflits oscillant entre surévaluation et fuite. Afin de trouver un juste milieu, il recommande d’abord de se renseigner sur le sujet et de varier les sources, afin d’éviter de sombrer dans les cercles des fausses informations.
« On voit souvent des gens, plus ou moins jeunes, se méfier des médias dits grand public et s’informer via les réseaux sociaux. Alors qu’il faudrait faire tout le contraire. Si on voit des informations sur les réseaux, je conseille d’aller sur les sites d’information de la presse régionale ou nationale pour les vérifier »dit-il.
Cette multiplicité des sources d’informations devrait permettre de mieux comprendre les motivations du camp adverse. « Il faut savoir remettre en question ses idées, sans jamais renier ses valeurs. Faire ce travail sur soi permet de gagner en sérénité. »
L’engagement comme remède
Surtout, celui qui a passé vingt-quatre ans à la DGSE dans le but d’œuvrer pour la paix, recommande aux jeunes – et au moins aux jeunes – de s’impliquer. « Que ce soit dans une association, une ONG, en politique. Les personnes qui s’impliquent peuvent ainsi devenir des acteurs plus ou moins périphériques des conflits. Ce qui peut permettre de mieux vivre avec »estime Vincent Crouzet.
Cet engagement peut être pris à plusieurs niveaux. « Le simple fait de voter est un acte fort, qui contribue toujours à renforcer la démocratie et donc à œuvrer pour la paix »assure le sexagénaire.
Loin de donner des cours, celui qui s’adresse en priorité aux adolescents et jeunes adultes, espère à travers son partage d’expérience ouvrir un dialogue. « Mon livre peut permettre un débat intergénérationnel. Cela peut aussi aider à reprendre confiance en nous. Comme durant toutes mes années à la DGSE, c’est un acte d’œuvrer pour la paix. »
“How to live in a world at war” by Vincent Crouzet, éditions de la Martinière, ALT collection, €3.50.
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