MONTRÉAL — Le Bloc québécois déposera mardi un projet de loi dans une ultime tentative pour améliorer l’accessibilité à l’assurance-emploi et corriger certains irritants.
« Le système, actuellement, par ses différents critères, est injuste, voire discriminatoire à l’égard de certains travailleurs. Et c’est ce que nous voulons essentiellement corriger avec le projet de loi que je vais déposer», a confié en entrevue Louise Chabot, députée du Bloc et porte-parole en matière de travail.
Une réforme est promise depuis 2015, mais seuls des projets pilotes ont été adoptés ou des ajustements apportés au régime, déploraient récemment deux organisations vouées à la défense des droits des chômeurs : le Mouvement autonome et solidaire des chômeurs (MASSE) et l’Association de chômage de Montréal. Mouvement d’action.
Les problèmes d’accessibilité à l’assurance-emploi sont dénoncés depuis plusieurs années. Les organisations syndicales ont déjà souligné que seulement 40 % des chômeurs sont admissibles aux prestations d’assurance-emploi.
« Il s’agit vraiment de problèmes d’accessibilité. Parlons de maladie, parlons du nombre d’heures pour avoir droit. Il y a tous ces enjeux qui font qu’aujourd’hui, le régime ne protège pas les travailleurs en cas de pire situation, soit une perte d’emploi», a résumé Mme Chabot, qui est elle-même une ancienne présidente d’une centrale syndicale, la CSQ.
Deux problèmes ont été particulièrement évoqués dans l’actualité : celui des travailleuses des industries saisonnières et celui des travailleuses en congé de maternité dont l’emploi est supprimé suite à une restructuration d’entreprise.
De nombreux travailleurs des industries saisonnières tombent dans ce qu’on appelle le « trou noir ». C’est la période pendant laquelle les prestations d’assurance-emploi ont été épuisées, mais le travail n’a pas encore repris.
Le cas des travailleuses en congé de maternité qui perdent leur emploi à la suite d’une restructuration d’entreprise s’est même retrouvé devant la justice. Et le dossier n’est pas clos. Ces travailleuses n’ont pas accès aux prestations régulières d’assurance-emploi parce qu’elles n’ont pas accumulé suffisamment d’heures de travail assurables, puisqu’elles étaient en congé de maternité au moment de l’abolition de leur poste.
« Notre proposition vise justement à savoir où résideront les partis sur cet enjeu majeur de l’assurance-emploi. Ils devront faire quelque chose», a déclaré Mme Chabot.
« Les conservateurs, qui aspirent au pouvoir, prendront-ils fait et cause pour se lancer et s’engager dans une réforme du régime ? Le gouvernement actuel, qui est au bord de la porte, qui avait promis depuis 2015 de réformer le système et qui ne l’a jamais fait, va-t-il agir et décider qu’il peut réformer le système ? Je pense que c’est une proposition où le projet de loi aboutira», a conclu le député bloquiste.
Lia Lévesque, The Canadian Press
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