Le billet vert reculait sur les marchés à quelques heures des élections de mardi 5 novembre aux Etats-Unis, après des sondages un peu moins favorables à Donald Trump ces derniers jours. L’issue du vote est particulièrement incertaine. Si l’ancien président revient au pouvoir, quelles conséquences peut-on s’attendre pour le dollar ?
Le dollar américain continue d’occuper une place centrale dans le monde, malgré la volonté des pays Brics+ et des pays rivaux des Etats-Unis de s’en affranchir. Le billet vert est utilisé dans près de 40 % des paiements internationaux. Elle reste encore et de loin la principale monnaie de facturation des exportations à l’échelle mondiale. Dans les pays où les résidents ont peu ou pas confiance dans leur monnaie, comme le Liban, la République démocratique du Congo ou le Venezuela, la monnaie américaine constitue une alternative parfois très recherchée.
Enfin, les banques centrales du monde entier continuent de privilégier le billet vert pour leurs réserves de change : ils stockent des dollars pour garantir la stabilité de leur propre monnaie nationale ou pour compenser un déséquilibre de leur balance des paiements (autrement dit : pour payer la facture des importations). Le dollar représente 60 % des réserves mondiales de change.
Ces chiffres sont en légère baisse ces dernières années, mais restent disproportionnés par rapport à la taille de l’économie américaine, qui ne représente « que » un quart du PIB de la planète.
Donald Trump soutient un dollar plus faible
Ancien président américain Donald Trumpà nouveau candidat à la Maison Blanche, a répété à plusieurs reprises qu’il souhaitait un dollar plus faible. « Nous avons un gros problème de monnaie », répétait-il en juillet aux journalistes de l’agence de presse Bloomberg. En réalité, son programme devrait plutôt pousser la devise américaine à la hausse. En effet, expulser massivement les migrants, ou imposer des droits de douane gigantesques sur les produits importés risque d’alimenter l’inflation et donc de pousser la Fed (la banque centrale américaine) à augmenter ses taux d’intérêt, ou à cesser de les baisser. Ce qui pousserait le dollar à la hausse par rapport aux autres devises, du moins à court terme.
Kamala Harris, continuité ?
Les effets sur le dollar d’une éventuelle élection de Kamala Harris à la présidence de ÉTATS-UNIS semblent plus incertains. Plusieurs mesures qu’elle défend pourraient faire gonfler les prix, comme l’aide de 25 000 dollars qu’elle promet aux primo-accédants, les Américains souhaitant acheter un logement pour la première fois. Ses promesses aux classes moyennes (réduction du prix des médicaments, suppression des taxes sur les pourboires, entre autres) pourraient relancer la consommation. Mais les mesures qu’elle pourra effectivement mettre en œuvre dépendront de la marge de manœuvre dont elle disposera au Congrès, où le résultat s’annonce très serré. Pour l’instant, les analystes s’attendent plutôt à ce que la Fed ne change pas de politique à court terme si Kamala Harris remporte l’élection présidentielle ce mardi.
La Réserve fédérale, face à la baisse de l’inflation aux Etats-Unis, a laissé entendre qu’elle allait baisser à nouveau ses taux directeurs ce jeudi 7 novembre, ce qui ferait plutôt baisser le dollar.
Dollar fort, dollar faible : quelles conséquences mondiales ?
Un dollar faible rend les produits américains moins chers pour le reste du monde et favorise donc les exportations américaines. Au contraire, un dollar fort rend les produits importés moins chers pour les Américains (à moins que Donald Trump ne soit élu et ne mette en œuvre sa promesse d’imposer des taxes sur les importations). D’autre part, en particulier pour les pays en développement, un dollar fort a tendance à augmenter la facture des importations et alimenter l’inflation au niveau local.
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