Supprimer un deuxième jour férié pour réaliser environ 3 milliards d’euros d’économies. C’est la mesure qui monte chez les parlementaires, alors que le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) est encore en première lecture à l’Assemblée nationale jusqu’à ce mardi. « Je pense que tout ce qui permet à notre pays de montrer que nous pouvons travailler plus dur pour participer à l’effort de relance va dans le bon sens. », a déclaré la semaine dernière Laurent Saint-Martin, le ministre du Budget. Dernier à s’exprimer sur le sujet : le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a confirmé qu’il s’agissait « une piste parmi d’autres » et se dit ouvert au débat dans un entretien avec Échos publié ce week-end.
Des options pour faire travailler davantage les Français
Une première journée intitulée « solidarité » a été mis en place en 2004 afin de financer des actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou handicapées. Il s’agit d’une journée de travail non rémunéré – souvent le lundi de Pentecôte – ou de la suppression d’une journée de RTT. Et alors que la situation financière des Ehpad se dégrade, avec environ 80% d’entre elles en déficit fin 2024, la sénatrice Chantal Deseyne estime qu’une deuxième journée de solidarité est la mesure “le plus pertinent” afin de compléter les comptes de sécurité sociale, mais aussi « les plus solidaires »car tous les salariés, sauf les mineurs, sont concernés.
Inégalités entre salariés
Mais cette initiative en apparence égalitaire pourrait en réalité creuser un peu plus les écarts. « Cela retombera principalement sur les classes moyennes et populaires »anticipe la sénatrice écologiste Anne Souyris. Même son de cloche du côté de la CGT qui dénonce plusieurs inégalités.
Entre salariés d’abord, car ces derniers peuvent se voir « offrir » la journée de solidarité par leurs employeurs, souvent par de grandes entreprises qui peuvent en prendre en charge le coût. Cette dernière représente 0,3% de la masse salariale versée à l’Etat ce jour-là contre un jour de non-productivité pour l’entreprise. Autre inégalité, cette contribution est la même pour tous, quels que soient les revenus. Cependant, une journée de travail non rémunéré n’a pas le même impact sur une mission courte pour les intérimaires que pour les classes aisées, estime la CGT. Cette journée de travail nécessite également une journée supplémentaire de garde des enfants, l’école restant fermée, mais aussi une dépense pour le transport.
Budget de la Sécurité sociale : les députés retirent la réforme des cotisations patronales
Atténuer la hausse des cotisations
Afin d’apaiser les inquiétudes des syndicats, Laurent Saint-Martin a prôné une flexibilité dans le choix du jour férié travaillé et dans l’organisation des entreprises.
Un argument qui ne peut cacher le fait que cette mesure servirait principalement à éviter d’en appliquer une autre. Antoine Armand, en effet, a dit qu’il voulait « atténuer » la hausse prévue des cotisations sur les bas salaires prévue dans le budget 2025. Une proposition qui devait rapporter 5 milliards d’euros par an à l’Etat, mais qui inquiète le patronat comme le Medef qui craint la destruction de “des centaines de milliers” d’emplois en raison du manque de compétitivité des entreprises françaises si les charges augmentent sur elles. « Nous mettons les économies sur les salariés alors qu’il n’y a aucune raison pour que seuls ces derniers paient »tempête Anne Souyris.
D’autres pistes ciblant les salariés sont apparues dans les débats, comme l’alignement des jours non indemnisés par la Sécurité sociale lors des arrêts maladie entre le secteur privé et le secteur public.
Le sénateur écologiste souhaitait une augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG)), un impôt qui finance une partie de la sécurité sociale et réparti en fonction du salaire, ou encore un impôt sur les donations. ” Nous devons faire une assiette plus largedit-elle, parce qu’une nouvelle journée de solidarité n’est de toute façon pas suffisante en termes de revenus ».
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