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“La me donne la liberté d’écrire”


” UNActuellement, avec ce qui se passe partout dans le monde, mettre en valeur un écrivain, un écrit, sur la guerre, avec de tels enjeux, est quelque chose d’admirable”, a noté Kamel Daoud, remerciant l’Académie Goncourt qui lui a décerné, lundi 4 novembre, le prix le plus prestigieux. prestigieux prix littéraire français pour Houris. Edité par Gallimard, ce livre est une fiction sur les massacres de la « décennie noire » en Algérie, entre 1992 et 2002. Le jury l’a choisi au premier tour.

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“Savoir ce que vivent les écrivains de l’autre côté du mur de nos démocraties, c’est un signal fort pour tous ceux qui se laissent tenter par cette aventure, celle de l’écriture et de l’édition, et de la lecture aussi”, a encore souligné Kamel Daoud. écrivain d’origine algérienne.

Houris ne peut être publié en Algérie, où il tombe sous le coup de la loi qui interdit toute œuvre évoquant la guerre civile de 1992-2002. Dans un contexte diplomatique déjà tendu entre la et l’Algérie, Gallimard, éditeur du livre, a été prié de ne pas se rendre au Salon international du livre d’Alger, du 6 au 16 novembre.

« Décennie noire »

Après la romance veille sur elle de Jean-Baptiste Andrea, primé l’année dernière, l’Académie Goncourt a choisi une fiction plus politique et « couronne un livre où le lyrisme rivalise avec la tragédie ». Houris « donne voix aux souffrances liées à une période sombre en Algérie, celle des femmes en particulier. Ce roman montre comment la littérature, dans sa grande liberté d’auscultation du réel, sa densité émotionnelle, trace, à côté de l’histoire historique d’un peuple, un autre chemin de la mémoire”, a salué Philippe Claudel, le président du jury.

Hourisdont le titre fait référence au terme désignant dans la foi musulmane les jeunes filles promises au paradis, est un roman sombre sur le sort de l’Aube, une jeune femme restée muette depuis qu’un islamiste a tenté de lui trancher la gorge, le 31 décembre 1999. Choisir un Femme comme narrateur, Kamel Daoud situe l’intrigue d’abord à Oran, la ville où il fut journaliste pendant la « décennie noire », puis dans le désert algérien, d’où l’Aube part pour retourner dans son village.

« C’est un livre qui peut aussi donner du sens à ce que nous vivons dans ce pays. Mais il est né parce que je suis venu en France. Parce que c’est un pays qui me donne la liberté d’écrire», a salué le Franco-Algérien de 54 ans au restaurant Drouant à Paris, où est décerné le Goncourt. La France “est un pays qui protège les écrivains”, a salué celui dont la liberté de ton a fini par le contraindre à quitter sa ville d’Oran pour Paris et à prendre la nationalité française. Son éditeur Antoine Gallimard a salué « le rôle politique et civique » assumé par l’auteur. “Je suis émerveillé par cette force qu’il a, ce calme et les mots qu’il choisit”, a-t-il assuré à l’AFP.

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Kamel Daoud était en lice face à Gaël Faye, finalement lauréat du Renaudot pour son deuxième roman Jacarandaun best-seller, et deux auteurs moins connus : Sandrine Collette et Hélène Gaudy. Egalement présent dans Drouant, l’écrivain et chanteur franco-rwandais a évoqué des résonances entre son roman et le Goncourt : « Houris et Jacarandace sont des livres qui parlent des années 90, ils parlent aussi des conflits […] Ainsi les trente années qui nous séparent de l’événement furent-elles un temps nécessaire pour pouvoir, en tant qu’écrivains, […] mettre des mots sur cette violence qui s’est produite ? »

Au-delà de la fierté d’inscrire son nom sur la liste, le prix Goncourt est un enjeu économique. Il est récompensé par un chèque de dix euros, que les gagnants choisissent traditionnellement d’encadrer. Mais surtout, il permet de vendre des centaines de milliers d’exemplaires d’un livre que de nombreux lecteurs seront curieux de découvrir ou de proposer, et il ouvre la voie à de nombreuses traductions à travers le monde. Pour Hourisune quinzaine étaient déjà « envisagées », a indiqué Antoine Gallimard. Désormais, ce chiffre « va sûrement doubler ».

 
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