« Quand j’étais petite, mon père avait un placard rempli d’armes… Et pourtant, à cette époque, l’Oklahoma était un fief démocrate… » Ainsi se souvient John Harris, 61 ans, qui possède la double nationalité franco-américaine depuis 1998. Il vit à Poitiers depuis une vingtaine d’années. « La dernière fois que j’ai voté, c’était pour l’élection Bush contre Gore. Désormais, je trouverais injuste de voter dans un pays où je ne vis pas. Je travaille en France. Je paie mes impôts en France. »
« Les États-Unis sont un pays d’immigrés. Le nier, c’est oublier nos racines. »
S’il devait encore choisir, John voterait pour Kamala, et pas seulement pour le nom de famille commun. Cet ancien avocat suit de très près la politique américaine. « Ma mère vit toujours en Oklahoma. Et si Trump passe, ce serait désastreux. » Cet État du sud-est des États-Unis “Cela a changé ces dernières années, c’est devenu un bastion républicain”.
Cette année, John est retourné dans son pays d’origine à deux reprises, en mai et en août : « J’ai vu des gens dégoûtés par la politique. À la fin des années 90, nous pouvions discuter et débattre même si nous n’étions pas d’accord. Désormais, on ne peut plus parler politique si on ne vote pas pour le même parti, le monde est devenu binaire. » Il a du mal à comprendre ce qu’est devenu son pays : « Les États-Unis sont un pays d’immigrés. Le nier, c’est, pour beaucoup, oublier ses racines… »
Assis dans un café du centre-ville de Poitiers, John Harris dessine une carte des Etats-Unis et décrypte : « Il y a trois Etats décisifs où tout peut changer : la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin qui appartiennent notamment au Mur Bleu. » Comprendre “le mur bleu”. A l’origine c’est un bloc “une vingtaine d’Etats considérés comme résolument démocrates” et « Gagner le Mur Bleu est considéré comme une étape importante dans la course à la Maison Blanche ». Il suit les sondages. Lisez-le New York Times et le Washington Post.
“Les Américains ont peur de s’exprimer”
Andrew Hales est né en Californie et n’a pas choisi la double nationalité même s’il vit à Poitiers depuis 35 ans. “Je vote donc dans le dernier État dans lequel j’ai vécu… même si c’était il y a 36 ans !” » Celui qui est aujourd’hui directeur de la fanzinothèque de Poitiers a voté par correspondance début octobre.
Il y a quinze jours, il est retourné aux États-Unis pour voir ses parents. Quelle ambiance a-t-il trouvé ? « C’était très tendu, les gens ne voulaient pas du tout parler de politique. » La Californie vote démocrate depuis les années 1970. « C’est très urbain et cosmopolite, mais tout le monde est anxieux. »
Il se souvient d’une promenade dans un quartier résidentiel avec un ami : « J’ai été très surpris que personne n’ait indiqué pour qui il votait, même si c’est une tradition dans notre pays. Les gens ont peur de s’exprimer… »
Sa peur ? « Que le pays reste fracturé. Il faut en finir avec Trump ! S’il gagne, c’est un désastre. S’il perd sur un score trop serré, il incitera à la violence. Le seul espoir est que Kamala Harris passe avec une marge assez importante… »
Taxe Trump et plan IRA, quels impacts ?
> « Commerce Trump, saison 2 »c’est le feuilleton auquel certaines entreprises s’attendent. Le retour de l’impôt Trump inquiète s’il est élu. Le secteur européen des spiritueux de vin, comme le cognac, déjà visé par une enquête antidumping en Chine en représailles à la taxation des véhicules électriques, pourrait pâtir en Bourse du retour de Donald Trump à la Maison Blanche. L’homme d’affaires veut taxer toutes les importations américaines pour financer des baisses d’impôts.
> Quant au plan Loi sur la réduction de l’inflation (IRA) mis en place par Biden, la société Forsee Power explique : « Ce serait très compliqué d’abandonner le plan [crédits d’impôts, prêts bonifiés et aides pour les industries « vertes »] si Trump était élu. De plus, Trump a des partisans, comme Elon Musk, qui s’intéressent à la mobilité électrique. »
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