« C’est un couronnement, une consécration. Je n’ai pas les mots», explique Gaël Faye de sa voix douce. Blouson de cuir, pull blanc, il repose sa haute stature dans l’un des fauteuils moutarde du restaurant Drouant, son livre à la couverture violette à la main. Il vient de succéder à Ann Scott, et son roman breton, « Les Innocents », au palmarès Renaudot. « Les prix permettent aux livres de prolonger leur durée de vie, leur diffusion, parfois de les mettre en lumière » analyse le musicien de 42 ans. Il cite son mentor, l’Haïtien René Depestre, qui lui a donné le goût de l’écriture et qui a également remporté le prix Renaudot en 1988. « Je pense à mes aînées, mais aussi à mes filles d’aujourd’hui, qui sont le nouveau Rwanda. Et Jacaranda est pour cette génération, essayant de dissiper les silences dans lesquels nous vivons et grandissons, c’est un lieu de dialogue. »
« Ramener la chair et la réalité »
Comme « Houris », de Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt, « Jacaranda » est un roman politique, même si son auteur s’en défend. « Nous avons besoin que les écrivains et les artistes abordent la réalité différemment : le génocide est une statistique et le travail de l’écrivain est d’abolir la distance. Raconter des histoires de femmes, d’hommes, d’enfants, apportant chair et réalité. Je pense que le livre de Kamel Daoud entre en résonance avec mon texte. » En attendant d’écrire un nouveau roman, Gaël Faye prévoit un nouvel album et une tournée de concerts !
“Jacaranda” by Gaël Faye, Grasset editions.
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