Chronique économique –
Sous Trump, un dollar partout
Chronique hebdomadaire de Marian Stepczynski.
Chronique Publié aujourd’hui à 10h54
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Paradoxe parmi d’autres concernant l’élection présidentielle américaine : alors que Donald Trump promet de faire baisser le dollar, les marchés qui anticipent sa victoire font au contraire monter son prix, ce qu’on appelle désormais communément le « Trump Trade ».
Illogique? Pas tellement. Premièrement, le taux de change échappe au contrôle de celui qui est élu. Si cette variable obéissait à une certaine attitude présidentielle, elle dépendrait plutôt de l’orientation de la politique économique future dont elle dépendrait. Or, au regard des promesses, essentiellement budgétaires et fiscales sur ce point, du candidat Trump, force est de constater qu’elles sont plutôt de nature à pousser immédiatement le dollar à la hausse, quitte à produire l’effet inverse. à plus long terme.
À court terme, les investisseurs ont de bonnes raisons de parier sur une hausse du dollar : si Trump gagne, les marchés boursiers s’envoleront et l’économie nationale s’accélérera. Mais alors viendra l’heure des comptes : l’inflation ne peut que remonter dans un tel contexte, la Réserve fédérale serait obligée de relever les taux d’intérêt (et donc de tirer les titres de la dette publique vers le plus bas), et l’attention générale pourrait bien finir par se concentrer sur l’ampleur faramineuse de la dette publique (123% du produit intérieur brut), que risquent les créanciers extérieurs, particulièrement nombreux (ils en détiennent plus d’un tiers), alors considérée avec une méfiance croissante, et de plus en plus de gens se retrouvent à s’abstenir de racheter. Cela serait susceptible de provoquer une rechute, peut-être prononcée, du billet vert.
Mais il faut relativiser, à plusieurs égards. D’abord, si la dette est colossale, certes inférieure à celle de l’Italie en pourcentage du PIB, mais supérieure à celle de la France, elle a eu tendance ces dernières années à se réduire en termes relatifs, après avoir nettement progressé sous le premier mandat Trump jusqu’au point d’approcher les 133% au 2ème trimestre 2020. En effet, la forte croissance de l’économie américaine (hormis 1er semestre 2022, Covid oblige) a fait baisser cette proportion, alors qu’en chiffres absolus la dette fédérale continuait de baisser. augmentation, au point de dépasser désormais 35 700 milliards de dollars.
Ensuite, ce sont des chiffres bruts. Toutefois, les États-Unis détiennent également des titres de dette publique d’autres États, ce qui porte leur dette nette à moins de 29 000 milliards. Enfin, le Trésor américain refinance sans effort la dette fédérale, alors que l’appétit du reste du monde pour ses effets et billets se poursuit pour les raisons que l’on sait (titres considérés comme sûrs, très liquides, avec un rendement relativement élevé, sans tenir compte du fait que le dollar reste la monnaie de réserve par excellence et celle dans laquelle sont libellés et réglés la plupart des échanges commerciaux à travers le monde).
Toujours. Comme le note un collègue britannique, la combinaison de l’inflation, des déficits incontrôlables et des effondrements institutionnels provoqués par un président irrespectueux des normes actuelles « pourrait précipiter le jour où les étrangers s’inquiéteront de prêter de l’argent sans limite au Trésor américain »*. Sous Reagan, on s’en souvient, un dollar devenu trop fort avait subi une chute sensible après les accords du Plaza (mars 1985). Répétez encore…
* Un deuxième mandat de Trump comporte des risques inacceptables (The Economist du 2 novembre)
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