Les affiches apposées sur la porte de cet établissement de Saint-Patern annoncent la couleur : pas de verres à l’extérieur. C’est une des règles à laquelle les propriétaires d’établissements prêtent une attention particulière pour éviter de créer des nuisances sonores. Les plus grands établissements font appel à des portiers pour éviter tout débordement, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Et certains témoignent d’une présence policière importante : « Nous avons été contrôlés quatre fois en un an par la police nationale », constate un gérant de bar. Nous n’avons pas reçu d’amende mais nous ressentons de la pression. L’établissement ne veut commettre aucun faux pas.
« Une ville vivante ou aseptisée ? »
La règle d’or des lieux de vie nocturne est de respecter les horaires de fermeture. La règle est dictée par arrêté préfectoral : la fermeture s’applique à 1h du matin pour les bars et à 7h du matin pour les discothèques. Avec des dérogations à 2 heures possibles pour les établissements classés « bars de nuit ».
Le problème ? Concilier vie nocturne et calme réclamé par les résidents de ces établissements. Comme Monique Jean, adjointe chargée de la sécurité, le confiait dans nos colonnes en janvier dernier : « L’enjeu est de trouver un juste milieu entre faire vivre la ville et respecter la tranquillité publique. »
Dans un quartier comme Saint-Patern, parfois pointé du doigt, un de ses habitants, qui souhaite rester discret, s’exprime ainsi : « Que voulons-nous : une ville animée ou une ville aseptisée ? « . Mais l’équilibre n’est pas toujours accessible : Daniel a préféré quitter la rue du Maréchal-Leclerc, suite à des nuits trop agitées : « C’est épouvantable », confie-t-il. Les nuisances, le bruit, les bagarres. Dans son viseur : les bars de nuit. “Du mercredi au dimanche soir, on ne dort plus la nuit.” Selon un observateur averti des soirées bretonnes, depuis le covid et la tranquillité nocturne que connaît la ville, la tolérance de la part des riverains a souvent diminué.
Les discothèques, un « mal nécessaire »
Les établissements ont pour eux la loi de l’anticipation. C’est le principe selon lequel les occupants d’un immeuble souffrant de nuisances sonores, provenant d’une entreprise ou d’un site industriel, ne peuvent obtenir d’indemnisation si les exploitants ont occupé les lieux avant eux. Autrement dit : quiconque vient s’installer à proximité d’une activité bruyante ne peut pas s’en plaindre. A condition que ledit établissement soit conforme à la loi. Depuis avril 2024, cette loi est inscrite dans le code civil.
Pourtant, ce directeur d’établissement estime que les exigences augmentent : “Avant, la municipalité nous parlait de sécurité, aujourd’hui de tranquillité, c’est autre chose.” Hervé Lebreton, copropriétaire du Master et du Zip, estime, de son côté, que les relations se sont améliorées ces derniers temps : « Dans toutes les villes, les relations avec les boîtes de nuit sont quelque peu conflictuelles. Mais cela change. Les maires comprennent que les discothèques sont, en quelque sorte, un mal nécessaire. Les villes qui ont rendu les boîtes de nuit misérables souffrent aujourd’hui, avec des jeunes errant dans les rues. Au moins, avec les établissements, c’est géré et sous surveillance.
Ce qu’approuve un gérant de bar : « Si on n’a pas un établissement comme les Valseuses ou les bars de nuit de Saint-Patern, les jeunes seront dehors, dans la rue. Ces établissements jouent un rôle.
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