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Publié à 1h28
Mis à jour à 9h00
On entend souvent parler de cyberattaques russes. Pourquoi ne déconnectons-nous pas la Russie de notre réseau ?
Marcel Boudreault
Cela serait très difficile, car plusieurs pays avec lesquels la Russie est connectée sur Internet sont ses alliés. Par exemple, la Chine.
«Tous les pays qui contrôlent les routeurs permettant la communication avec la Russie devraient accepter de bloquer le trafic», explique Frédéric Cuppens, directeur de l’Institut multidisciplinaire en cybersécurité et cyberrésilience (IMC2) de Polytechnique Montréal.
« D’un point de vue politique, cela paraît compliqué. Si un seul pays, comme la Chine, ne collabore pas, il ne fait rien. »
La possibilité de couper la Russie de l’Internet peut être comparée au « Grand Pare-feu » chinois, qui fait exactement le contraire : il empêche les internautes chinois d’accéder au reste du monde.
“Pour couper l’accès au reste du monde, il suffit à la Chine d’agir sur les routeurs présents sur son territoire”, souligne M. Cuppens. Et même là, ce n’est pas une réduction totale, car il y a des gens qui travaillent en Chine qui ne devraient pas être bloqués, comme dans les ambassades. »
Serait-il au moins possible de ralentir l’Internet en Russie en bloquant les connexions Internet vers la Russie situées dans les pays de l’OTAN ? «Poutine a déjà coupé certains accès Internet à l’extérieur du pays pour éviter que la Russie ne soit attaquée, donc cela ne changerait pas grand-chose», a déclaré le professeur de Polytechnique Montréal.
Quoi qu’il en soit, le Canada pratique déjà le « géofencing » (géolocalisation) pour empêcher l’activité de certains sites russes, afin de limiter les interférences politiques et militaires, selon M. Cuppens. Les entreprises de cybersécurité effectuent ce type d’analyse sur instructions du gouvernement canadien.
En outre, la Russie est à l’origine d’un grand nombre de ses attaques sur Internet depuis d’autres pays, note M. Cuppens. En septembre, le ministère américain de la Justice a accusé une société de médias du Tennessee, Tenet Media, d’avoir accepté 10 millions de dollars de paiements russes pour produire des vidéos au contenu pro-russe.
En 2022, le Conseil allemand des relations extérieures a conclu dans un rapport que la Russie avait incité, par l’intermédiaire d’intermédiaires slovaques, italiens, allemands et hongrois, des activités de désinformation sur la guerre en Ukraine sur Facebook.
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- 4,5 %
- Proportion de pages Internet en russe. A titre de comparaison, 4,3% des pages internet sont en français.
Source : Éditeur POE
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