« Malheureusement, l’esprit Canal s’essouffle. Nous sommes presque les derniers représentants», déplore Gustave Kervern, l’un des piliers de l’aventure «Groland», corrosive depuis 30 ans.
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L’humoriste devenu scénariste et réalisateur est un bon exemple de la recette maison de Canal+ depuis ses débuts : lancer les jeunes pousses en toute liberté.
Chroniqueur furtif du « Top 50 » d’Yvan le Bolloc’h et Bruno Solo, Gustave Kervern prend ensuite le volant de l’émission « Le plein de super » : Nous étions en roue libre totale.
Ce avoir l’impression d’être dans une fête foraine, où tout était gratuit, où tout était possible
Jamel Debbouze le confirme dans « Toute première fois », un livre de souvenirs des talents dénichés à C+ recueilli par Michel Denisot, ancien animateur phare de la chaîne.
Alain De Greef et Pierre Lescure, deux des instigateurs du premier Canal+, avaient ce talent pour avoir cet effet de groupe, ce bouillonnement créatif, cette émulation générale
se souvient Gustave Kervern.
« Trop de dérision »
Ce duo incube Les Nuls, quatuor fusionnant deux petites mains de C+ et deux animateurs repérés par hasard sur une chaîne régionale, devenus un symbole de cet esprit Canal au même titre que « Les guignols de l’info », satirique. des marionnettes qui font vieillir celles de TF1, « Le spectacle ringard ».
José Garcia, désormais acteur populaire, est un autre bébé de Canal. D’abord régisseur de salle du spectacle vedette « Nulle Part Else » (qui comprenait Les Nuls et « Guignols »), il s’est associé à Antoine de Caunes pour dynamiter le programme.
La fin des vacances a été sifflée en 2015, après l’arrivée de Vincent Bolloré à la tête de la maison mère Vivendi.
Vincent Bolloré a brisé l’esprit de Canal, il s’en vante
résume une Source, journaliste et ancien dirigeant d’une chaîne du groupe Canal+ (une des pièces de l’empire du puzzle Bolloré), qui a requis l’anonymat.
Le milliardaire conservateur déclarait en février 2015 sur France Inter que l’esprit Canal était un peu trop de dérision
. Les spectacles signature disparaissent les uns après les autres, comme « Guignols ». En 2020, le licenciement de l’humoriste Sébastien Thoen (pourtant revenu au bercail de C+ en 2023) a entraîné le départ d’une trentaine de salariés.
Je ne suis absolument pas responsable de tout ce qui se passe dans un groupe de cette taille.
» balaie Vincent Bolloré, interrogé par une commission d’enquête parlementaire sur l’attribution des fréquences TV en mars 2024.
« Hallucinant »
« Groland », dont un autre propriétaire est Benoît Delépine, ancien auteur de l’âge d’or des « Guignols », apparaît comme le dernier bastion au sein de la chaîne et dans le paysage audiovisuel français.
C’est plutôt de l’humour noir qui n’existe quasiment plus à la télévision, c’est quand même bluffant
» développe Gustave Kervern.
Gus et Benoît, ils se demandent s’ils ne sont pas dans un siège éjectable, s’ils seront sur Canal+ l’année suivante
describes Yolande Moreau, one of the favorite cinema actresses of the pair of directors Kervern-Delépine (“Mammuth”, “Le grand soir”, etc.).
Elle était aussi l’un des visages de C+ au sein de la bande des « Deschiens ». Gustave Kervern, comme pour perpétuer cet esprit Canal, réunit également Yolande Moreau, d’autres membres de « Deschiens », ainsi qu’un acteur emblématique de « Groland » dans « Je ne me sera plus faire », une fiction réalisée en solo, diffusée bientôt sur Arte.
Au casting figurent également Alison Wheeler et Jonathan Cohen, eux aussi passés par l’incubateur C+ plus récemment. C’est sans doute dans ce genre de projets que réside encore l’esprit Canal, ou chez une comédienne comme Blanche Gardin que Yolande Moreau apprécie.
Pour sa date anniversaire, le 4 novembre, la chaîne cryptée propose notamment « 40 », un programme en prime time présenté par Antoine de Caunes, avec de nombreux talents révélés sur C+.
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