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Moins de temps pour sauver plus de personnes

Des maisons qui brûlent plus vite. Bâtiments densément peuplés. Une population vieillissante. La tâche des pompiers devient de plus en plus complexe, explique Jean Bartolo, coprésident de l’Association des gestionnaires d’incendie et de sécurité civile du Québec.


Publié à 1h28

Mis à jour à 6h00

Des maisons qui brûlent plus vite

« Nos intérieurs contiennent désormais des meubles et des matériaux synthétiques qui brûlent à des températures bien inférieures à celles des matériaux naturels. Des stores en PVC remplacent les rideaux. Les cuisines sont en composite, mélanine et thermoplastique plutôt qu’en bois. Compte tenu de leur point d’inflammation plus bas, une conflagration généralisée d’une pièce peut se produire en seulement 5 minutes au lieu de 30 minutes. Comme nous disposons de moins de temps pour effectuer nos manœuvres, la rapidité de déploiement des équipes est très importante. Il faut déterminer combien de pompiers doivent arriver sur place et dans quel délai minimum. »

Pour comparer la vitesse d’embrasement des matériaux naturels et synthétiques, le Fire Safety Research Institute américain a rempli deux pièces de tailles identiques avec de l’ameublement de chaque type. Une petite flamme nue a été utilisée pour mettre le feu.

Constructions moins résistantes au feu

« Les constructions résidentielles ne sont plus faites en carrés de madrier ou en gros bois d’œuvre. C’est de la poutrelle ajourée et des matériaux très résistants au poids de l’eau ou de la neige, mais moins résistants au feu, parce qu’ils sont plus légers et ont tendance à s’affaisser plus vite. L’incendie rencontre par ailleurs moins d’obstacles dans les espaces à aires ouvertes. Tout ça représente un danger pour nous. Alors, on doit rester à jour, bien connaître les nouvelles technologies et les faiblesses de certains types de bâtiments par rapport à d’autres. »

Vieillissement de la population

« Il y a 10 ans, un seul pompier pouvait aider trois ou quatre personnes à quitter un appartement, parce que 90 % des gens étaient parfaitement mobiles. Dans les années à venir, le vieillissement de la population créera des difficultés. Il faudra prévoir plus de ressources, puisqu’évacuer quelqu’un en fauteuil roulant requiert au moins deux pompiers. »

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PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

« Dans les années à venir, le vieillissement de la population créera des difficultés », explique Jean Bartolo.

Véhicules plus difficiles à éteindre

« L’augmentation du nombre de véhicules électriques sur les routes et dans les stationnements intérieurs représente un défi. Quand ils s’embrasent, le feu est très rapide et violent. Ils peuvent sembler éteints, mais se rallumer 24 heures après. En , les pompiers immergent les véhicules dans des conteneurs. On peut aussi utiliser de grandes couvertures de fibre de verre pour priver les flammes d’oxygène. L’École nationale des pompiers et différents partenaires se penchent actuellement sur les techniques d’extinction, les équipements particuliers, la formation à donner partout au Québec. »

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PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

De nouvelles techniques d’extinction pourront permettre aux pompiers de mieux maîtriser l’embrasement de véhicules électriques.

Pénurie de pompiers

« Il y a quelques années, on recevait toujours 10 ou 15 CV, mais ce n’est plus toujours le cas aujourd’hui. Les trois quarts des pompiers sont à temps partiel ou volontaires. Plus une municipalité est petite et éloignée, plus en recruter devient difficile. Les jeunes partent pour les études ou le travail. Et la société a changé : la qualité de vie est rendue prioritaire, alors qu’un pompier doit rester disponible le soir et les fins de semaine. Mais il y a des solutions pour ne pas manquer de main-d’œuvre. Des services commencent par exemple à se regrouper, pour augmenter leur efficacité et leurs capacités. Ce n’est pas possible quand le territoire est trop vaste, mais certains regroupements ont vécu de beaux succès [en Montérégie, dans Lanaudière et en Abitibi]. »

19 %

Baisse du nombre de pompiers volontaires et vacataires sur 20 ans

65 %

Proportion de communes de 50 000 habitants ou moins ayant des problèmes de succession

Source : Association des chefs de sécurité incendie du Québec (AGSICQ), 2022

60 pompiers de plus à Longueuil

Des quartiers plus densément peuplés. Les chantiers de construction de routes ralentissent les efforts de secours. Des passagers qui pourraient se retrouver coincés en hauteur, dans une voiture du REM. Plus d’industries. Et des milliers de nouveaux bâtiments sont considérés comme « à risque d’incendie élevé ou très élevé » – parce qu’ils sont grands, difficiles à évacuer ou remplis de matières dangereuses. Pour relever ces défis, le Service de sécurité incendie de l’agglomération de Longueuil (SSIAL) embauchera 60 pompiers de 2023 à 2027. En toile de fond, le vieillissement de la population compliquera également leurs interventions. « Notre territoire compte de plus en plus de résidences pour personnes âgées. Leurs occupants doivent emprunter les escaliers plutôt que les ascenseurs en cas d’incendie, ce qui est difficile pour ceux qui sont moins mobiles, a expliqué à La presse Normand Lavallée, chef de la division Opérations, relations de travail, équipes spécialisées. De nombreux citoyens souhaitent également rester dans leur résidence le plus longtemps possible. S’ils sont en perte d’autonomie ou ont des difficultés à se déplacer, nous leur recommandons de s’inscrire au programme Secours Adapté. [offert dans de nombreuses municipalités] afin que nous le sachions avant d’arriver à leur adresse. »

53 %

Augmentation du nombre d’adresses à risque élevé d’incendie dans l’agglomération de Longueuil de 2014 à 2022

151 %

Augmentation du nombre d’adresses à très haut risque d’incendie

Source : Plan révisé de couverture des risques SSIAL 2023-2024

 
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