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“Si une telle tempête survient à Nice ou à Cannes, le nombre de morts sera encore plus élevé”, prévient l’agroclimatologue Serge Zaka.

158 morts. C’est le nouveau bilan provisoire des inondations qui frappent l’Espagne depuis mardi 29 octobre. Une catastrophe climatique qui aurait pu arriver en et risque de se produire de plus en plus fréquemment.

À cette époque de l’année, les chutes de froid, comme celles que connaît la région de Valencia, sont tout à fait ordinaires.

Cependant, l’épisode que vivent nos voisins espagnols se différencie par son intensité liée à la température plus chaude de la mer, qui fournit ainsi beaucoup d’énergie à la tempête stationnaire située dans le ciel de Valence.

« La nature a repris ses droits »

Pour l’agroclimatologue franco-libanais Serge Zaka, la gravité de ces inondations est principalement liée à des erreurs d’urbanisme.

«Quand on regarde les images satellite, on voit que les inondations ont eu lieu dans le sud de la ville, là où se trouvaient des zones humides qui ont cédé la place à des centres commerciaux. Sans ces zones commerciales, les dégâts humains auraient été « Nous avons construit sans nous rappeler qu’il y avait déjà eu des dégâts là-bas ». déplore le chasseur de tempêtes.

Dans ces zones humides, les constructions ont été réalisées légèrement plus haut, sur des buttes.

Cependant, lorsque de violentes tempêtes frappent, l’eau monte et passe par-dessus les monticules. Il emporte alors tout sur son passage. « La nature vient de reprendre ses droits. Nous devons en tirer les leçons en matière d’urbanisme. »déclare Serge Zaka.

Un tel phénomène peut-il se produire en France ?

Selon lui, une inondation aussi meurtrière aurait très bien pu se produire en France, et notamment dans le sud du pays. « Cela s’est déjà produit dans le Gard en 2002, dans l’Aude en 2018, et cela va se reproduire. Les montagnes sont des toboggans géants.

La Côte d’Azur n’échappe pas au phénomène. Pire : elle est encore bien plus vulnérable. « Nice et Cannes sont une catastrophe urbaine. Ce sont des villes avec des pentes beaucoup plus raides qu’à Valence, donc si une telle tempête survient ici, le nombre de morts sera bien pire. Les disparus se compteront par centaines. « Nous ne sommes pas du tout préparés à cet événement. ».

Pour illustrer ses propos, le météorologue prend l’exemple des inondations survenues dans les Alpes-Maritimes en octobre 2015. « Il y a eu 20 morts, mais à l’époque, il pleuvait quatre fois moins !

Zaka souligne surtout le « anciens maires » des différentes villes azuréennes qui ont bâti dans des zones humides.

« Tout est fait pour que l’eau coule vers la ville. La balle n’est plus dans le camp des scientifiques, elle est dans celui des politiques. Mais ils ne veulent pas sortir les mains de leurs poches.»

Quelles solutions ?

Pour les Héraultais, il existe néanmoins des solutions. « Nous devons revoir la structure de nos paysages. Ce sera long et très coûteux, mais c’est vital. Nous devons désimperméabiliser les villes autant que possible afin que l’eau puisse s’infiltrer dans les nappes phréatiques. Sur la Côte d’Azur par exemple, de nombreuses maisons secondaires imperméabilisent leurs sols alors qu’elles sont habitées 10% de l’année.

Autre enjeu majeur : celui de la prévention. « La meilleure façon de se protéger, c’est de prévenir, de comprendre les risques. Nous avons du travail à faire sur la manière dont la population doit réagir. Il n’y a pas encore de consignes précises lors d’épisodes aussi graves. « Il faut travailler sur le système d’alerte et l’éducation aux risques ». conclut le lanceur d’alerte.

 
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