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Le succès de Foreman était si certain que le match a été retransmis en différé !

Claude Schauli est intarissable lorsqu’il revient sur la confrontation entre Mohamed Ali et George Foreman le 30 octobre 1974 à Kinshasa.
A 27 ans, le Genevois commente dans la cabine du studio de la Télévision suisse romande (TSR) à Genève le combat en compagnie de son consultant Charly Bühler, l’entraîneur le plus réputé de Suisse, qui a notamment permis au Bernois Fritz Chervet d’affronter deux fois le Thai Chartchai Chionoi pour avoir remporté le titre mondial des poids mouches dans les années 1970.
Une affaire rapidement classée…
Avant le match fratricide de 1974, la TSR diffusait la plupart des matchs d’Ali en direct, vers 4 heures du matin. Notamment les deux trilogies contre Joe Frazier et Ken Norton.
« Charly et moi sommes de grands fans de jazz. Le soir même, avant de commenter les matchs, nous sommes allés à un concert à Genève. Nous avons quitté le centre historique vers 2 heures du matin pour nous rendre au studio de Plainpalais. Plus nous travaillions, plus nous prenions d’appartements, plus il y avait de lumière, plus les gens voulaient voir Mohammed Ali en action. »
Mais cette nuit du 30 octobre 1974, il n’y avait aucune lumière. Et pour cause. « Les droits de diffusion prenaient déjà des proportions incroyables. En accord avec d’autres chaînes européennes, même si elles n’étaient pas nombreuses à l’époque, la Société Radio-Télévision Suisse (SSR) avait décidé de ne pas retransmettre le match en direct à 4 heures du matin, mais de le proposer en différé jusqu’à midi. Mais il y avait aussi une autre raison à ce choix : tous les observateurs ont vu George Foreman clôturer l’affaire en moins de deux tours, de sorte que le coût d’une diffusion en direct n’était pas nécessaire.
Coup de bluff
Claude Schauli, une fois les entraîneurs sortis : « Après quatre tours, voyant qu’Ali tenait le coup, on s’est dit que tout pouvait arriver. Sûrement aussi que Foreman n’était pas disposé à combattre plus de cinq rounds. Et il y a eu ce huitième round et ce fameux crochet droit qui a renversé le tenant du titre des poids lourds. Après l’événement, j’ai fait savoir à Charly Bühler que j’avais l’intention d’interviewer Mohamed Ali. Il m’a dit que j’avais des hallucinations !
En avril 1976, après bien des vicissitudes, le réalisateur se retrouve dans la suite de Mohamed Ali dans un hôtel de Washington. La célèbre interview faisait l’objet de « Face au sport », une émission de 56 minutes diffusée à l’époque sept fois par an sur la chaîne TSR.
« J’ai pu commenter en direct ce qu’on appelle le match du siècle, mais depuis la cabine, il me manquait l’adrénaline de la retransmission en direct. Cela peut paraître prétentieux, mais depuis Genève, on sentait que les 100 000 spectateurs rassemblés dans le stade étaient hostiles à George Foreman. C’était la lutte du vrai noir contre le faux noir.
Eau de toilette
Dans ces années de folie du noble art il était impossible de calculer le taux d’audience. Mais Claude Schauli avait sa propre technique. « Au lendemain des combats, j’ai téléphoné aux services industriels de plusieurs grandes villes francophones. Ils m’ont donné des données de consommation électrique à quatre heures du matin, alors que TSR retransmettait les combats en direct. Y compris également celui lié à l’eau des toilettes. Parfois, c’était plus de 50 % de plus que d’habitude !

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