L’Union européenne a demandé dimanche une enquête sur d’éventuelles fraudes, après les élections législatives en Géorgie remportées par le parti pro-russe au pouvoir, le président pro-européen de ce pays du Caucase dénonçant une « falsification » du vote et une « opération russe ». » .
Charles Michel, le président du Conseil européen, a exhorté les autorités électorales à « enquêter rapidement » sur les « irrégularités » de manière « transparente et indépendante ».
Attendu lundi pour une visite officielle de deux jours, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, le seul de l’Union européenne à être resté proche de Moscou, et dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’Union, l’a accueilli du Samedi la victoire « écrasante » du parti au pouvoir.
Les observateurs craignent désormais une montée des tensions.
L’opposition a appelé à des manifestations lundi dans cette ancienne république soviétique. Tout comme la présidente Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, qui a critiqué une « falsification totale » des élections.
“Nous sommes témoins et victimes d’une opération russe spéciale, une forme moderne de guerre hybride contre le peuple géorgien”, a-t-elle également déclaré, sans préciser ses allégations.
L’ancien président Mikheil Saakachvili, aujourd’hui emprisonné et lui aussi très critique à l’égard du gouvernement, a également appelé à des « manifestations massives » afin de « montrer au monde que nous luttons pour la liberté ».
L’opposition affirme que le parti Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012, rapproche ce pays du Caucase de Moscou et l’éloigne de l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN, un objectif inscrit dans sa Constitution.
Mikhaïl Saakachvili a déclaré que « personne » ne devrait entrer au Parlement. L’une des composantes de l’opposition, la Coalition pour le changement, a déjà affirmé renoncer à ses mandats parlementaires pour ne pas « donner de légitimité » à ce scrutin.
Le Rêve géorgien a remporté 54,08% des voix, contre 37,58% pour la coalition pro-européenne, selon le dépouillement effectué dans plus de 99% des circonscriptions, a annoncé la commission électorale centrale.
Le vote a été « entaché d’inégalités » [entre candidats]Pressions et tensions», estimaient pourtant dimanche des observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, de l’Otan ou encore des instances de l’Union européenne.
Le parti au pouvoir a bénéficié de « nombreux avantages », notamment financiers, et il y a eu des « cas d’achat de voix », de violations du « secret du vote », ont-ils énuméré dans un communiqué.
L’un de ces observateurs, l’eurodéputé espagnol Antonio López-Istúriz White, a regretté un « recul de la démocratie » en Géorgie.
“Instabilité”
L’opposition, qui avait initialement revendiqué la victoire sur la base des sondages à la sortie des urnes, a refusé de reconnaître sa défaite.
Le gouvernement devrait disposer de 91 sièges sur 150 au Parlement. Une majorité suffisante pour gouverner, mais en dessous de la barre des trois quarts qu’il souhaitait obtenir pour modifier la Constitution et, dans le cadre de son projet, interdire les partis d’opposition pro-occidentaux.
Le pays entre « dans une période d’instabilité », estime l’analyste Gela Vasadze, du Centre d’analyse stratégique sur la Géorgie. Mais « l’opposition manque de dirigeants charismatiques capables de canaliser la colère populaire », poursuit-il.
Convaincue que Georgian Dream a « volé l’élection », Mariam, 32 ans, qui ne donne pas son nom, ne sait pas quelle attitude adopteront les opposants : « Continuer encore et encore à manifester, ou faire ce que les Biélorusses ont fait, quitter le pays. »
La Géorgie a été secouée en mai par de vastes manifestations contre une loi sur « l’influence étrangère », inspirée d’une loi russe sur les « agents étrangers » utilisée pour écraser la société civile.
Bruxelles a ensuite gelé le processus d’adhésion à l’Union européenne et les États-Unis ont pris des sanctions contre les responsables géorgiens.
L’opposition accuse Georgian Dream de dérive autoritaire pro-russe et d’éloigner la Géorgie de l’Union et de l’OTAN, qu’elle ambitionne également d’adhérer.
« Grand voisin »
Certains dirigeants du Rêve Géorgien sont très critiques à l’égard des Occidentaux. Son chef, Bidzina Ivanishvili, les a qualifiés de « parti de guerre mondial » qui traiterait la Géorgie, sa victime, comme de la « chair à canon ».
Ce pays au bord de la mer Noire reste très marqué par une brève guerre contre l’armée russe en 2008.
À la fin, la Russie a installé des bases militaires dans deux régions séparatistes géorgiennes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, dont elle a reconnu l’indépendance unilatéralement proclamée.
Dans ce contexte, le Rêve Géorgien se présentait comme le seul capable d’empêcher une supposée « ukrainisation » de la Géorgie.
C’est l’argument qui a guidé Temuri Titovi, un entrepreneur de 52 ans. « C’est comme ça, il y a un si grand voisin. Que cela vous plaise ou non, vous devez avoir une relation avec lui.
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