“Nous soupçonnons qu’un gang cherche actuellement à prendre le pouvoir sur le point de deal du quartier Hoche.” Le procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant, s’est exprimé mercredi en début d’après-midi lors d’une conférence de presse après une nouvelle fusillade mortelle à Grenoble Mardi soir vers 22 heures. Un garçon de 15 ans est mort d’une balle, touché au front, et un autre de 16 ans a été grièvement blessé, également touché par un tir. “Ses jours ne sont pas en danger”. Cette fusillade a eu lieu à proximité d’un parc, en plein cœur de Grenoble, à proximité d’un deal point important et connu, au 5 place André-Malraux dans le quartier Hoche. “Deux individus ont été aperçus en train de fuir à bord d’un scooter de grosse cylindrée et ils semblaient être en possession d’un pistolet” a expliqué le procureur de la République.
Un cas possiblement lié à un autre à Saint-Egrève
Cette fusillade mortelle est le deuxième meurtre par balle en 48 heures dans la métropole grenobloise. Selon l’accusation, « cet assassinat perpétré à la suite celui qui est intervenu dimanche soir à Saint-Egrève (…) où un homme de 47 ans a été abattu devant son domicile. Une partie de la famille de cet homme est connue pour participer activement au deal point du quartier Hoche à Grenoble. Alors évidemment, il y a un lien dans les esprits de chacun. On soupçonne qu’un gang cherche actuellement à prendre le pouvoir sur ce point de deal du quartier Hoche. C’est l’enquête qui devra le déterminer.
Des millions d’euros en jeu
Selon Louis Laugier, le nombre de points de deal est passé de 26 à 19 en quelques mois à Grenoble, “c’est un abcès de moins au sol”. Éric Vaillant rappelle que « Ces points de deal sont extrêmement rentables puisque les professionnels estiment qu’un point de deal qui fonctionne correctement rapporte environ 10 000 euros de chiffre d’affaires par jour. Cela représente entre 3 et 11 millions d’euros par an. Le procureur de la République précise également que “Depuis le début de l’année, nous avons enregistré une cinquantaine de fusillades, une cinquantaine de fusillades liées au trafic de drogue et nous avons dénombré six décès directement liés au trafic de drogue.”
Trafiquants de drogue, « mauvaises herbes »
Le parquet de Grenoble rappelle enfin que la lutte contre le trafic de drogue reste « une priorité et même une priorité locale ». « La police et la justice, nous ne baissons pas les bras et nous continuerons à œuvrer pour perturber la circulation, pour arrêter les trafiquants, pour arrêter les auteurs des fusillades. (…) Ces trafiquants de drogue infiltrent aujourd’hui toute notre société, je les comparerais à de la mauvaise herbe, qu’il faut couper régulièrement si l’on veut éviter qu’elles envahissent un terrain entier.» Depuis le début de l’année, Éric Vaillant évoque une cinquantaine de fusillades et six décès directement liés au trafic de drogue à Grenoble.
Un syndicat de police dénonce toujours le manque de policiers
“Nous avons eu quelques renforts de police”plus “pas ce qu’on nous avait promis”a déclaré ce mercredi sur franceinfo Brice Gajean, secrétaire départemental de l’Isère du syndicat Unité police (anciennement SGP Police) après le décès de ce garçon de 15 ans mardi soir dans le quartier Hoche à Grenoble.
L’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait promis d’envoyer des renforts policiers après la mort le 8 septembre de l’employé communal, Lilian Dejean, tué par balle par un homme qui s’est enfui après un accident. « Nous sommes en dessous de ce que Gérard Darmanin avait promis. On nous avait promis 25 salariés, en dehors de tout mouvement de mutation et autres »détaille Brice Gajean. « Nous avons pris 28 renforts en novembre et nous allons en prendre une dizaine en décembre. C’est sans compter que nous sommes en déficit constant depuis des années. On est loin du compte »assure-t-il. En sous-effectif, « il devient extrêmement difficile de fonctionner également au niveau des enquêtes avec la multiplication des saisines » pour « tentative d’assassinat »dit-il.
« Cela fait des années que nous connaissons des règlements de comptes et des fusillades à Grenoble. Certes, il y a une intensification de la chose, mais paradoxalement, ce n’est pas anormal. Les policiers grenoblois y sont habitués. Cela devient monnaie courante. »explique Brice Gajean. Il s’inquiète de voir le phénomène se déplacer vers le centre-ville. « Il y a de fortes chances qu’à un moment donné nous soyons témoins d’une tragédie. La population y sera de plus en plus confrontée.» il prévient.
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