Dans un pied de nez aux Occidentaux qui veulent l’isoler depuis l’offensive en Ukraine, Vladimir Poutine a affiché mardi son entente avec les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, notamment), à l’occasion du sommet de ce pays. groupe.
Le président russe a tenu de nombreuses réunions tout au long de la journée à Kazan, en Russie, s’adressant tour à tour aux dirigeants indiens et sud-africains, voire à son principal partenaire asiatique, le président chinois Xi Jinping.
“La coopération russo-chinoise sur la scène internationale est l’un des facteurs de stabilité mondiale”, a déclaré Vladimir Poutine au début de cette rencontre avec Xi Jinping.
Dans un contexte international « chaotique », « la profonde amitié qui unit la Chine et la Russie de génération en génération ne changera pas », a assuré le chef de l’Etat chinois.
Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le conflit en Ukraine a été longuement évoqué, ainsi que les relations avec l’Occident. « Une fois de plus, il y a eu une convergence significative de positions et d’approches sur ce qui se passe dans le Monde », a-t-il déclaré.
Dans la soirée, M. Poutine a rencontré le président égyptien Abdelfattah al-Sissi, dont le pays a récemment rejoint les BRICS. M. Sissi a salué le soutien de Moscou aux projets économiques de son pays, notamment la centrale nucléaire de Dabaa, sur la côte méditerranéenne.
Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, est également arrivé à Kazan pour participer au sommet des BRICS, auquel son pays ambitionne de rejoindre. Ce grand allié de Moscou en Amérique latine ne s’est plus rendu en Russie depuis 2019.
« Ami précieux »
Illustrant son ambition de mettre fin à « l’hégémonie » occidentale dans les relations internationales, Vladimir Poutine avait auparavant vanté, devant le Premier ministre indien Narendra Modi, l’excellence des relations entre leurs pays, tant diplomatiques que commerciales.
« Nous pensons que les conflits doivent être résolus uniquement de manière pacifique. Nous soutenons pleinement les efforts visant à restaurer rapidement la paix et la stabilité », a déclaré Modi, dont le pays, comme la Chine, n’a jamais condamné l’offensive russe en Ukraine.
Ce sommet, qui rassemble une vingtaine de dirigeants autour de M. Poutine, vise à démontrer l’échec de la stratégie occidentale d’isolement du président russe à la suite de son offensive en Ukraine.
Elle intervient à l’heure où la Russie gagne du terrain militairement en Ukraine et a noué des alliances étroites avec les plus grands adversaires ou concurrents des États-Unis : la Chine, l’Iran, la Corée du Nord.
Dans ce marathon diplomatique de Moscou vers les pays du « Sud », le président sud-africain Cyril Ramaphosa a donné lieu à une certaine satisfaction à Vladimir Poutine, qualifiant la Russie d’« alliée » et d’« amie précieuse ». .
M. Poutine a répondu vouloir « renforcer davantage les relations avec les pays du continent africain ».
En matière de commerce international aussi, Vladimir Poutine entend avancer ses pions.
Dans un entretien avec la présidente brésilienne de la Nouvelle Banque de Développement, Dilma Rousseff, il a réitéré son souhait d’une augmentation du nombre de « règlements en monnaies nationales » entre les pays des BRICS.
Face aux sanctions économiques occidentales et avec ses principales banques exclues de la plateforme de paiement internationale Swift, la Russie plaide pour la mise en place d’un système alternatif afin de contrer l’hégémonie du dollar.
Le chef de l’Etat russe rencontrera mercredi ses homologues turc Recep Tayyip Erdogan – dont le pays, membre de l’Otan, a demandé à rejoindre les BRICS – et l’Iranien Massoud Pezeshkian.
« Monde multipolaire »
Visé par un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale en mars 2023 en raison de l’expulsion d’enfants ukrainiens dont Kiev accuse Moscou (qui rejette ces accusations), Vladimir Poutine est limité dans ses déplacements à l’étranger.
Pour ce grand rassemblement diplomatique, Moscou juge « crucial » de démontrer qu’« il existe une alternative à la pression occidentale ». […] et que le monde multipolaire est une réalité », note le politologue russe Konstantin Kalatchev.
L’Ukraine sera au menu du sommet jeudi avec une rencontre annoncée par le Kremlin entre Vladimir Poutine et Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.
L’ONU n’a pas directement confirmé cette rencontre avec M. Poutine, la première en Russie entre les deux hommes depuis avril 2022, mais a précisé que M. Guterres s’entretiendrait avec un “grand nombre de dirigeants participant au sommet”.
“Le Secrétaire général réaffirmera ses positions bien connues sur la guerre en Ukraine et les conditions d’une paix juste fondée sur la charte et les résolutions des Nations Unies et le droit international”, a déclaré l’un de ses porte-parole, Farhan Haq.
Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) lors de sa création en 2009 et ayant rejoint l’Afrique du Sud en 2010, le bloc désormais connu sous le nom de BRICS (les initiales de ces États en anglais) a été rejoint cette année par quatre autres pays ( Éthiopie, Iran, Égypte et Émirats arabes unis).
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