News Day FR

[Un jour en mer] L’avenir peut être lu dans le miroir

En 1906, l’explorateur norvégien Roald Amundsen entra à Eagle Harbor, en Alaska, à bord de son bateau de pêche de 70 pieds, le Gjøa. Trois ans plus tôt, il avait quitté la Norvège dans le but de passer au nord du Canada pour rejoindre le Pacifique, et réussir une expédition qui avait auparavant coûté la vie à de nombreux marins. L’exploit était si grand que lui et son équipage seraient déclarés héros nationaux.

Plus d’un siècle s’est écoulé et d’autres ont également réussi à franchir le fameux passage du Nord-Ouest, qui reste un exercice réservé aux marins expérimentés, tant la combinaison des conditions atmosphériques et des mouvements des glaces est importante à la fois imprévisible et dangereuse. Mais le changement climatique est à l’œuvre. Dans dix, vingt ou trente ans, la glace se fera de plus en plus rare et les compagnies maritimes y voient un raccourci entre New York et l’Asie, 4 000 kilomètres de moins que le canal de Panama, et les États-Unis demandent à en faire un détroit international ouvert au le transit de tout navire. Je ne suis pas sûr que ce soit un progrès. Plutôt un nouvel exemple du conflit entre opportunisme financier et respect de l’environnement. Imaginez le naufrage d’un pétrolier dans ce labyrinthe d’îles aux écosystèmes fragiles… L’humanité perdra aussi autre chose, tout aussi grave : la poésie de l’aventure. Aujourd’hui, la liste de ceux qui ont réussi le passage du Nord-Ouest est conservée avec respect. Si cela devient banal, le public oubliera ce qu’il a dû vivre, l’exceptionnel sera écarté d’un haussement d’épaules. Le jeu, au final, se résume à une seule question : qui va gagner, entre le besoin d’aventuriers, le rêve ou 10 % de moins sur le prix de revient d’une chemise « made in Asia » ? J’ai un peu peur de la réponse…

Belgique

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :