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le lieu, un témoin, un voisin

jeLa spécificité d’un journal « régional » est par définition le suivi de l’actualité locale, auquel sont affectés la majorité des 230 journalistes du « Sud Ouest ». Comme Vincent Trouche, à Périgueux, qui vient de remporter le prix Médias et Ruralité grâce à l’un de ses reportages consacré aux “Reines du football”, un groupe de femmes, âgées de 50 à 71 ans, qui aiment taper dans le ballon. La colonne suivante donne une voix à ces prémisses.

« Mon travail ? Chronique de la vie citadine, raconte Thomas Jonckeau, à Bergerac. Parler du monde sur un territoire donné, chaque jour de manière différente : politique, sport, justice, actualité, société, environnement, agriculture. » Julien Lestage, dans le Médoc, pense à son grand-père, médecin de campagne. « Adolescente, je l’accompagnais parfois chez les gens », raconte-t-elle. L’emplacement est un peu à la limite de votre séjour. Les gens se font confiance. » Pour Émilie Delpeyrat, en Dordogne, « c’est marcher le nez au vent et les yeux grands ouverts. Créer un débat, créer une interaction. Avec le risque d’être exposé à des critiques, même mal gérées. » Linda Douifi, de Libourne, abonde dans le même sens : « La notion de proximité est importante. Il faut le cultiver, sans dépasser certaines limites. » Avis partagé par Kharinne Charov, à Rochefort : « Proximité ne veut pas dire collusion. »

L’information arrive par différents canaux, comme l’explique Julien Lestage : « Il y a le fil « institutionnel » : la communication des collectivités. Ensuite, nous revenons souvent du débrief avec d’autres idées d’histoires. Il y a aussi une surveillance sur les réseaux sociaux, qui remplace un peu les informations qu’on avait au bistro. Et bien sûr, votre réseau, ces connexions nouées avec les acteurs locaux. » « Il faut toujours chercher de nouvelles ressources », poursuit Clément Bouynet, de Périgueux. L’inconvénient serait de rencontrer toujours les mêmes personnes. »

Comment les habitants font-ils leurs choix ? «C’est le plus dur», répond Thomas Jonckeau. Devons-nous prioriser quels clics ? Ou traiter de sujets qui attireront peu d’audience mais qui nous donneront une crédibilité à long terme ? Écrivons-nous pour notre communauté ou pour l’Internet mondial ? » A Saintes, Séverine Joubert choisit « en fonction de l’impact que cela aura sur les lecteurs ». Aussi Jérôme Jamet, dans Marmande : « Certaines thématiques s’imposent. Même si nous n’apprécions pas la nouvelle, nous lirons quand même l’histoire d’un accident mortel sur la route que nous parcourons quotidiennement. »

Et les histoires passionnantes sur le terrain ne manquent pas. « Mon sujet le plus fort ? Linda répond à l’entretien avec le chauffeur du bus de l’accident de Puisseguin. Deux séances de deux heures avec un homme traumatisé qui veut parler. » Séverine Joubert se souvient d’Anne Bert, en 2017 : « Elle souffrait de la maladie de Charcot, elle avait décidé d’aller en Belgique pour mourir. Je suis sorti de la réunion en me sentant « léger », même le paysage était lumineux. » Thomas Jonckeau s’émeut encore de l’évocation du salon dans un Ehpad de Bergerac : « Un sujet sans intérêt à première vue, sauf que c’était le premier après le Covid. Pour les habitants, une libération… » Kharine Charov a couvert de nombreux reportages : « Un jour, à Rochefort, dans un accident de bus scolaire, six adolescents sont morts, dont trois amis de mon fils. J’ai pleuré pendant que j’écrivais…”. Le local est journaliste mais aussi voisin.

Un mode de vie fatigant ? «Oui», a répondu Thomas Jonckeau. On est surchargés, donc il faut choisir à quoi renoncer, c’est une grande frustration… » Linda Douifi ressent aussi ce sentiment de moins bien faire : « J’ai une succession de rendez-vous avec moins de temps pour des dossiers plus détaillés. » Clément Bouynet parle davantage de fatigue passagère. « Pour rester motivé, je discute avec mes camarades d’école qui sont maçons et bouchers. Quand ils me racontent leur quotidien, je me dis que le mien n’est pas le pire. » Kharine Charov souligne sa liberté : « Si j’aime tant le territoire, c’est parce que je suis libre de prendre mes propres initiatives. Des lecteurs me disent régulièrement : “Super article, je ne pensais pas que “Sud Ouest” pourrait le publier.” » Basés sur des faits sacrés, les commentaires sont gratuits.

 
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