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retour sur une révolte étouffée par le système

« Ils ont tué le fils de Mounia. » C’est par ces mots, répétés à maintes reprises au téléphone, que Maïssan a appris la triste nouvelle. Le 27 juin 2023, à Nanterre, sa cousine germaine Nahel Merzouk, âgée de 17 ans, est abattue par un policier. Ces derniers lui ont tiré une balle dans la poitrine, à bout portant, alors que le jeune homme était au volant d’une voiture.

Immédiatement, le « contre-récit organisé par l’État et l’institution policière » Ça démarre, résume l’avocat Arié Alimi. Le rapport du centre de commandement indique alors : « Le policier s’est avancé pour l’arrêter. Le chauffeur a tenté de sortir en se précipitant vers le fonctionnaire. »

Après la bourde, les révoltes

La mort de Nahel ne pouvait être qu’une énième bévue, une simple « Statistiques de la place Beauvau ». Ce n’est pas le cas. La scène a été filmée par des passants. « La version policière, c’est que c’était un refus d’obtempérer, que Nahel a appuyé sur le bouton, a voulu redémarrer la voiture, a failli renverser le policier… et, à un moment donné, la vidéo sort »se souvient Nora Hamadi, présentatrice de Douce sur France Culture.

La réalité s’affiche sous les yeux de la France entière : Nahel Merzouk est une nouvelle adolescente racisée, victime d’une police corrompue par le racisme systémique. La goutte d’eau qui fait déborder le vase pour des dizaines de quartiers populaires, délaissés par les services publics et ostracisés, et où les jeunes montent au créneau.

La révolte commence, entraînant des nuits d’affrontements dans toute la France. Les autorités recourent à la force pour contenir le mouvement et le gouvernement nie toutes les accusations.

« Leur sentiment est légitime »

Le 30 juin 2023, l’ONU dénonçait le racisme systémique et les pratiques discriminatoires constantes de l’État français. Réponse de ce dernier, 8 juillet 2023 : « Toute accusation de racisme ou de discrimination systémique de la part des forces de l’ordre en France est infondée. »

« Déni absolu ! » fulmine Domitille Nicolet, chargée de plaidoyer à l’ONG Amnesty International France. Lors des conférences de presse ou sur les plateaux de télévision, le terme « émeutes » est répété inlassablement. Une manière de discriminer le mouvement et de le résumer à un simple élan de violence.

“C’est une révoltedémantèle Assa Traoré, symbole de la lutte contre les violences policières depuis la mort de son frère, Adama, en juillet 2016. Leur sentiment est légitime. » La mort de Nahel ravive les braises. Le débat public est tendu, tandis que le champ politique entre en scène.

Sur les réseaux sociaux comme dans les médias, la gauche et l’extrême droite tentent de faire entendre leur voix. Le premier dénonce les violences policières et l’utilisation de ce drame pour développer un discours islamophobe. Le second s’empare du sujet pour promouvoir ses désirs xénophobes et davantage de restrictions contre l’immigration.

Plus d’un an après ces événements, un sentiment demeure fort chez les premiers concernés : sa colère a été confisquée, et la révolte tant attendue n’a pas eu lieu.

Nahel, un après : la révolte étoufféeStreetPress, disponible sur YouTube

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