La question se pose. Et visiblement, ce n’est pas au bureau d’information de l’entreprise que l’on peut s’enquérir et en savoir plus sur ces données révisées. Car le pied-à-terre qu’on nous avait promis n’est toujours pas ouvert et nous ne semblons pas avoir de date d’ouverture.
TES Canada, rappelons-le, avait clairement affirmé sa volonté d’implanter un bureau d’information dans la région où le public pourrait se familiariser avec le projet, voir la maquette de l’usine prévue à Shawinigan et même entendre des modèles sonores permettant de comparer les températures ambiantes. sonore à différents endroits de la Mauricie, avec et sans éoliennes.
Initialement, le bureau d’information devait ouvrir ses portes durant l’été au centre-ville de Shawinigan. Son ouverture a été reportée en raison, d’une part, d’enjeux liés à l’aménagement des locaux de la Place Cascade, à l’angle de l’avenue de la Station et de la 5e rue de la Pointe. Ensuite, l’entreprise a invoqué des problèmes de main-d’œuvre pour reporter l’ouverture à octobre.
Nous sommes à la mi-octobre et cette fois, l’entreprise indique que le fait de ne pas savoir où peuvent être installées les éoliennes expliquerait désormais le retard dans l’ouverture de ce bureau.
L’ouverture est désormais prévue pour l’année prochaine.
C’est une triste nouvelle pour les populations de la région qui, sans être des connaisseurs ni des adeptes réguliers des mouvements d’opposition qui ont émergé un peu partout sur le territoire visé par l’installation d’éoliennes, s’intéressent au projet. Et qui a juste besoin d’en savoir plus pour se faire une idée précise.
TES Canada a toujours souligné sa volonté d’informer la population sur le projet, mais au cours de la dernière année, force est de constater que les groupes opposés au projet ont travaillé fort pour interpeller les autorités et transmettre l’information aux citoyens des régions concernées. Pas toujours à la satisfaction de l’entreprise ou des élus favorables au projet, évidemment, mais quand même…
Cela fera presque un an que TES Canada a fait sa grande annonce à Shawinigan. Depuis novembre 2023, le PDG de l’entreprise, Éric Gauthier, a réalisé de nombreuses opérations de relations publiques et donné plusieurs entrevues sur le projet.
Cette semaine encore, il a ressenti le besoin de faire un petit buzz dans l’actualité pour rappeler que l’entreprise qu’il dirige a bien l’intention de mener à bien son projet. Il devrait également publier prochainement un aperçu de l’étude d’impact promise.
Il reste un gros trou
Éric Gauthier demeure convaincu que malgré le tollé que l’on observe un peu partout sur le territoire directement touché par le projet de parc éolien de 800 mégawatts, celui-ci demeure tout à fait réalisable.
Mais ce qui surprend en ce moment, c’est la soudaine ballonnement qui semble toucher les chiffres liés au projet. Il est désormais indiqué que plus de 3 000 emplois directs et indirects seraient créés pendant la phase de construction. Au départ — et cela remonte tout au plus à une douzaine de mois —, on parlait de 1 000 emplois pendant cette période de mise en œuvre.
Quant à la phase d’exploitation de l’usine de production et de transformation d’hydrogène, on parle désormais de 500 emplois directs, contre « plus de 200 emplois » il y a quelques mois.
De plus, TES Canada estime les retombées économiques de son projet à 5,5 milliards de dollars.
Les sorties médiatiques du PDG cette semaine ne semblent pas avoir de quoi déstabiliser ou impressionner les opposants au projet. Ils restent très actifs sur le terrain et s’interrogent toujours sur la nécessité du projet et ses modalités de déploiement sur le territoire.
Mais derrière cette stratégie de relations publiques, il y a toujours un grand trou : celui de démontrer la rentabilité du projet et la réelle capacité à remplir l’objectif de décarbonation qui y est associé.
Au cours des derniers jours, Johanne Whitmore a réagi aux propos d’Éric Gauthier et aux nouvelles données préliminaires sur les retombées économiques potentielles. Le chercheur principal de la Chaire de gestion du secteur énergétique de HEC Montréal s’interroge notamment sur la demande réelle en hydrogène vert.
TES Canada n’a toujours pas démontré de réel engagement à acheter du gaz naturel et de l’hydrogène vert par les usines, les entreprises et les industries. La chercheuse donne l’exemple de la croissance prévue du nombre de camions à hydrogène sur nos routes, d’ici 2028, qui n’est pas réaliste selon elle.
Difficile de ne pas être d’accord avec la chercheuse lorsqu’elle suggère que des études de marché sérieuses n’ont toujours pas été rendues publiques et que celles-ci devraient primer sur des prévisions d’impact économique ambitieuses fondées sur des hypothèses. C’est précisément la raison d’être du projet TES Canada en Mauricie.
On peut saluer la volonté de l’entreprise d’être transparente et de communiquer le plus d’informations possible sur son projet. TES Canada indique avoir consacré plus de 40 000 heures d’ingénierie au cours des six derniers mois pour réaliser son étude d’impact préliminaire. Sur le terrain, les biologistes ont réalisé plus de 15 000 heures d’études. Et en parallèle, nous avons poursuivi le travail de signature d’accords visant à sécuriser des implantations potentielles.
À ce sujet, il sera intéressant de voir ce que le secteur municipal entend déployer en termes de paramètres visant à permettre l’implantation d’éoliennes. Il est fort possible que la réglementation qui sera adoptée dans les MRC de Mékinac et de Chenaux ait un impact sur les travaux de localisation des éoliennes effectués par le promoteur et sur le calendrier de réalisation de son projet.
Et il est également fort possible que la publication de ces réglementations donne de nouvelles munitions aux opposants.
De toute évidence, les progrès du projet TES Canada sont tout sauf un long fleuve tranquille. Et le PDG rencontrera sur son chemin des gens pour qui lutter contre les moulins à vent n’a rien à voir avec le sens que l’on donne aujourd’hui à cette expression léguée par Cervantes…
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