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Le GNL est-il une très mauvaise solution ?

Le monde est devenu de plus en plus dépendant de l’approvisionnement en GNL (gaz naturel liquéfié) ces dernières années. C’est le cas de l’Asie depuis une décennie, notamment de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud, mais c’est également vrai de l’Europe qui a trouvé le moyen de se passer du gaz russe transporté par gazoducs. Et cet appétit pour le GNL devrait croître significativement dans les années à venir au point de créer d’éventuels problèmes de pénurie. Il faut du temps pour développer de nouvelles infrastructures : production, liquéfaction et transport (terminaux et méthaniers).

Selon l’Institut d’économie de l’énergie et d’analyse financière, 64 millions de tonnes de capacité de liquéfaction annuelle supplémentaire seront mises en service dans les années à venir. D’ici 2027, le Qatar augmentera sa capacité de production de 77 à 126 millions de tonnes de GNL, soit une augmentation de 64 %. Les Etats-Unis doivent rapidement acquérir 38 millions de tonnes supplémentaires de capacité de production annuelle après avoir battu l’an dernier leur record d’exportation à 91 millions de tonnes. Il n’existe aucun précédent à une telle rapidité dans l’histoire de l’industrie gazière mondiale. Et dans le même temps, l’Europe va augmenter considérablement ses capacités de regazéification, de bien plus de 50 millions de tonnes par an d’ici 2027 selon une étude de Wood Mackenzie.

Avec la bénédiction de la Commission européenne

Tout cela se fait avec la bénédiction des institutions internationales qui ont même, dans le cas de la Commission européenne, qualifié le gaz naturel d’énergie de transition entre le charbon et les énergies renouvelables… notamment pour plaire à l’Allemagne.

Mais le GNL pose effectivement de sérieux problèmes environnementaux et climatiques. Tout d’abord, il ne faut pas oublier qu’elle reste une énergie fossile. Les grandes sociétés pétrolières et gazières affirment que le GNL peut réduire les émissions de carbone de 40 à 50 %. Les porte-parole de l’industrie parlent souvent de « science établie », mais les chiffres ne sont pas aussi clairs. Pas du tout même, au point d’être violemment contesté par des études scientifiques publiées en 2018, 2020 et 2022 et en début d’année par l’université Cornell. En conséquence, l’administration Biden a imposé un moratoire sur le développement de nouveaux terminaux GNL aux États-Unis.

Tout le cycle de vie du combustible

Après examen par les pairs, l’étude de l’Université Cornell a été publiée plus tôt ce mois-ci par une revue scientifique renommée, la revue Energy Science & Engineering. Il affirme que le GNL pourrait en effet émettre 33 % d’émissions de gaz à effet de serre de plus sur l’ensemble de son cycle de vie que le charbon sur une période de 20 ans ! ” Même si l’on considère une période de 100 ans, qui sous-estime largement les dommages climatiques du méthane, l’empreinte du GNL est égale ou supérieure à celle du charbon. ».

Bien que le charbon soit l’énergie fossile la plus polluante lorsqu’il est brûlé, la prise en compte de l’ensemble du cycle de vie du combustible donne des résultats très différents. La majorité des émissions de gaz à effet de serre associées au GNL sont liées aux activités en amont, notamment le forage et l’extraction, la liquéfaction du gaz puis le transport de ce gaz naturel liquéfié à travers le monde et sa refabrication. température normale (regazéification). Le GNL au cours de son cycle de vie émet notamment beaucoup de méthane en plus du CO2 lors de sa combustion. Et le méthane est un gaz à effet de serre bien plus puissant que le carbone même s’il a une durée de vie plus courte. A terme, la combustion proprement dite du gaz naturel ne représenterait qu’un tiers des émissions de ce carburant.

« Mettre fin à l’utilisation du GNL devrait être une priorité mondiale… »

« L’idée selon laquelle le charbon est pire pour le climat est fausse. Le GNL a une empreinte de serre plus importante que tout autre combustible fossile », précise l’auteur de l’étude, le professeur Robert Howarth de l’université Cornell. ” Penser que nous devrions transporter ce gaz à travers le monde comme solution climatique est tout simplement faux. Il s’agit d’un greenwashing de la part des compagnies pétrolières et gazières qui ont sérieusement sous-estimé les émissions de ce type d’énergie. « . Robert Howarth ajoute qu’il y a « pas besoin de GNL comme Source d’énergie de transition » et que « mettre fin à l’utilisation du GNL devrait être une priorité mondiale ».

Un lobby en faveur du GNL basé à Paris

Sans surprise, l’industrie pétrolière et gazière conteste farouchement ses conclusions. Un lobby pro-GNL, le Groupe international des importateurs de gaz naturel liquéfié, a été récemment créé. Il est basé en France à Paris. Elle a lancé un appel public lors de son assemblée générale annuelle qui s’est tenue récemment à Hiroshima, au Japon, en déclarant que « réduction des investissements [dans le Gaz naturel liquéfié] aura un impact à la fois sur l’accès à une énergie abordable et fiable et sur la croissance économique pour les producteurs et les consommateurs. ».

 
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