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Gabriel Attal a-t-il déjà « plié le match » face à Elisabeth Borne pour prendre la tête du parti ?

La succession de Stéphane Séjourné à la tête de Renaissance va-t-elle virer au psychodrame ou se déroulera-t-elle tout en douceur ? Nommé commissaire européen, l’ancien ministre des Affaires étrangères laissera vide son fauteuil de secrétaire général du parti présidentiel.

Un seul candidat, ou plutôt un seul candidat, a été déclaré jusqu’à présent, en la personne d’Elisabeth Borne. Le 21 août, l’ancien premier ministre coupe l’herbe sous le pied de ses potentiels rivaux en annonçant vouloir prendre la tête du parti macroniste. Mais un autre ancien premier ministre s’apprête à s’en mêler : un certain Gabriel Attal, qui n’est autre que le successeur d’Elisabeth Borne.

Gabriel Attal veut s’exprimer « auprès des adhérents et non par la presse »

Celui qui est devenu président du groupe Ensemble pour la République (Renaissance) à l’Assemblée ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. La candidature du député des Hauts-de-Seine pourrait même avoir lieu en fin de semaine, selon La Tribune, peut-être vendredi, au lendemain d’un bureau exécutif, « burex » en abrégé, qui doit définir les modalités de la succession. Invité sur TF1 dimanche, Gabriel Attal est intervenu faiblement. « Je parlerai aux membres, et non à travers la presse. C’est un sujet qui préoccupe les membres de Renaissance », a déclaré le député, ajoutant qu’« il existe de nombreuses façons d’être utile à son pays ».

Selon les statuts, un congrès doit obligatoirement être organisé d’ici fin novembre. « Il y a ce jeudi 10 octobre un bureau exécutif qui décidera probablement de la désignation d’une centaine d’électeurs début novembre, par un vote numérique de militants, puis de l’organisation d’un congrès le 23 novembre. doit être validé », explique la députée européenne Fabienne Keller, secrétaire générale adjointe de Renaissance. Certains auraient même souhaité « un vote direct des militants », comme le sénateur et membre du « burex », Xavier Iacovelli, selon qui cela « aurait plus de sens ». Pour l’instant, c’est le Conseil national qui élit le secrétaire général. Mais jusqu’à présent, il faut dire qu’il n’y avait pas eu de choix entre les candidats, tous venus d’en haut et prenant leur décision à l’Elysée, avec l’imprimatur d’Emmanuel Macron.

62 présidents des assemblées départementales de la Renaissance aux côtés de Gabriel Attal

Le lancement de la fusée Attal est en cours aujourd’hui. “Il a le talent et la compétence pour être le leader de notre parti et incarner l’avenir”, a déclaré vendredi dans Le Figaro Valérie Hayer, tête de liste pour les élections européennes. Nouvelle pierre de taille ce lundi matin. Dans une tribune publiée par L’Opinion, pas moins de 62 présidents d’assemblées départementales de la Renaissance se rangent aux côtés de Gabriel Attal. De quoi nourrir le camp des électeurs pro-Attal. « Aujourd’hui, nous avons besoin d’un militant à la tête du parti. […] « Que le leader de notre parti soit en même temps président de notre groupe à l’Assemblée nationale serait un atout inestimable », écrit ce nouveau fan club, qui constate que « sur le terrain », ils ont pu « mesurer l’adhésion et l’espoir qu’il a réussi à susciter plus que quiconque au sein de notre famille politique.

Beau travail. « C’est bien télécommandé, c’est bien réalisé », sourit un élu expérimenté de Renaissance. « Il se déclarera bientôt. Je sens qu’il est déterminé à y aller», confie un parlementaire qui l’a vu. Il note qu’« il fait campagne partout. Il fait une bonne campagne. Il multiplie les déplacements dans les départements. Samedi, il était à Saint-Jean-de Luz, pour s’entretenir avec des militants de Renaissance Aquitaine, où il a rencontré… Elisabeth Borne.

“C’est clair, il y a deux candidats” pour l’eurodéputée Fabienne Keller

« C’est clair, il y a deux candidats aujourd’hui. Et la démocratie interne fonctionnera », ajoute clairement Fabienne Keller, qui constate que « Gabriel Attal est très avancé dans sa démarche ».

L’eurodéputé reconnaît avoir « du mal à choisir » entre les deux. Fabienne Keller note cependant qu’« il y a un grand intérêt à ce qu’il y ait une synergie entre le groupe parlementaire et le parti, ce que permettra Gabriel Attal, s’il est nommé. Et j’ai aussi énormément de respect pour Elisabeth Borne et son action en tant que Premier ministre. Ce qu’elle a fait pour la planification écologique est remarquable.

Si on veut avoir un avenir dans le camp présidentiel et dans la macronie, c’est avec Gabriel Attal”, soutient le sénateur Xavier Iacovelli.

Xavier Iacovelli, de son côté, a déjà pris sa décision. « Mon choix est fait, il s’adresse à Gabriel Attal. Si on veut avoir un avenir dans le camp présidentiel et dans la macronie, c’est avec Gabriel Attal, parce qu’il est apprécié des Français, des militants, il est jeune, il a pris des responsabilités au plus haut niveau”, salue le vice-président. -président du groupe RDPI au Sénat, qui insiste : « Pour redonner un nouveau souffle au camp présidentiel, ça passe par Gabriel Attal ».

Celui qui est aussi délégué général des Territoires de Progrès, qui incarne l’aile gauche de Renaissance, ne devrait-il pas logiquement se tourner vers le député du Calvados, également membre du « TdP » ? « Elisabeth Borne est membre de Territoire de Progrès. Il y a effectivement des militants qui voient d’un bon oeil sa candidature. Mais je pense que les dirigeants de Territoires de Progrès voient surtout l’opportunité d’avoir une personnalité comme Gabriel Attal qui incarne ce progressisme. La majorité de la direction le soutient », affirme Xavier Iacovelli.

“C’est plus un rassemblement anti-Attal qu’un rassemblement pro Borne”

En se lançant fin août, Elisabeth Borne a immédiatement reçu un soutien important, auprès de deux anciens ministres, Aurore Bergé et Clément Beaune. Le député de Paris et prédécesseur de Gabriel Attal à la tête du groupe à l’Assemblée, Sylvain Maillard, a également apporté le sien. Remarque acide d’un défenseur de Gabriel Attal : « C’est plus un rassemblement d’anti-Attal qu’un rassemblement pro-Borne », dit-on en jugeant cette équipe politique qui rassemble des représentants de la gauche et de la droite.

Elisabeth Borne, de son côté, fait savoir, lors de ses échanges, qu’elle est « missionnée pour s’opposer à Attal », glisse l’un des élus qui lui a parlé. « Elisabeth Borne affirme avoir le soutien du chef de l’Etat auprès de ses interlocuteurs », confirme un autre.

Entre « Gabriel » et « Elisabeth », deux anciens premiers ministres, on risque désormais de tomber dans la guerre des dirigeants, pour la Renaissance. « Ce sont deux anciens Premiers ministres, conscients de leur responsabilité. Cette campagne se déroulera bien”, espère Fabienne Keller, qui ajoute : “Il faut être vigilant pour qu’elle soit très respectueuse et constructive pour le parti.” De son côté, Xavier Iacovelli ne « craint pas du tout une guerre des dirigeants ». “Qu’il y a deux projets différents, si tant est qu’il y en ait, car pour l’instant, je ne vois pas, c’est plutôt sain pour la démocratie interne”.

« Tout cela semble bien trop prématuré. Pour le moment, nous avons d’autres chats à fouetter”

Ce sont plutôt les ambitions que pourrait avoir Gabriel Attal pour 2027 que certains remettent en question. “Si ce mouvement se transforme en l’écurie présidentielle de ceci ou de cela, il est voué à la dislocation et à disparaître”, a tweeté l’ancien député Renaissance Jean-Baptsite Moreau. D’autres partagent ses doutes. « Si Gabriel Attal pense se positionner pour être candidat à une éventuelle élection présidentielle anticipée, je pense qu’ils ont complètement tort », estime un parlementaire de la Renaissance, selon qui « tout cela semble bien trop prématuré ». Pour le moment, nous avons d’autres chats à fouetter », surtout à une époque de défis auxquels le pays est confronté. De là à dire qu’Attal risque d’aller au-delà du Terminal…

Des retards qui surprennent Xavier Iacovelli. « Il n’est pas question d’élection présidentielle », commence le sénateur des Hauts-de-Seine, avant de demander : « Mais qu’est-ce qu’un parti politique, s’il n’a pas vocation à préparer des élections ? C’est pour cela que les partis sont là. Il n’y a pas de honte à dire que nous allons préparer les élections municipales, indispensables à la survie de notre sensibilité, ainsi que les prochaines élections législatives et présidentielle.»

« Le rapport de force va tellement peser et s’organiser dans les prochains jours qu’Elisabeth Borne décidera de se retirer d’elle-même »

A moins qu’une solution n’apparaisse, une entente entre les deux. « Je sais qu’Emmanuel Macron veut qu’il n’y ait qu’un seul candidat, qu’il y a un accord », glisse un parlementaire du parti, qui comprend « que Gabriel ait proposé à Elisabeth d’être secrétaire générale adjointe. Mais elle ne veut pas. Elle lui a répondu. L’idée ne serait pas mal vue par certains membres de la base. « Évidemment, les militants le réclament. Et de l’autre côté, nous sommes démocrates. Mais s’il y avait un accord préalable, avec complémentarité, ce serait apprécié», pense Fabienne Keller.

L’idée d’un ticket pourrait prévaloir, espèrent les partisans de Gabriel Attal. « Je pense que le rapport de force va tellement peser et s’organiser dans les prochains jours, qu’Elisabeth Borne décidera de se retirer d’elle-même », espère un pro d’Attal. Le même pense qu’à partir du moment où ce dernier se déclarera, « bien sûr, le match sera terminé. C’est pour cela qu’Elisabeth s’est lancée très tôt.» « Gabriel Attal a une très large majorité de présidents départementaux, ça démarre bien pour lui », confirme Fabienne Keller. Un cadre de Renaissance résume sa vision de la situation : « On ne peut pas s’engager dans un combat qu’on ne peut pas gagner. Et je ne vois pas, aujourd’hui, comment Elisabeth Borne pourrait gagner.»

 
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