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Un marché pétrolier sous forte tension

Les prix du pétrole sont en hausse depuis plusieurs jours (autour de 75 dollars le baril), soit une hausse de 10 % en moins d’une semaine. Il s’agit de leur plus forte hausse depuis des mois, après un ralentissement récent en raison d’une demande plus faible que prévu en Chine.

Ils pourraient poursuivre leur ascension si Israël décide de bombarder les sites pétroliers d’Iran, septième pays producteur de pétrole au monde. Sur le plan économique, une telle manœuvre nuirait gravement à l’économie iranienne, qui dépend fortement de ses exportations de combustibles fossiles pour ses recettes budgétaires.

Certains analystes parlent même d’un prix du baril dépassant les 200 dollars/baril, avec des conséquences néfastes sur l’économie mondiale et l’inflation.

Le marché pétrolier se prépare depuis longtemps à la possibilité de ruptures d’approvisionnement en provenance d’un Moyen-Orient politiquement instable.

Depuis que les mollahs ont pris le pouvoir en Iran en 1979, les Américains ont déployé 35 000 soldats au Moyen-Orient pour assurer la sécurité des pétroliers transportant le pétrole de la région. Près d’un quart de tous les transports de pétrole transitent par le détroit d’Ormuz, situé dans le golfe Persique, tout comme une grande quantité de gaz naturel liquéfié.

La présence de ces troupes rend presque impossible toute tentative de blocus du détroit que l’Iran pourrait considérer.

Une diversité de producteurs pour remplacer le pétrole iranien

Mais, même en cas d’arrêt de l’approvisionnement des sites pétroliers iraniens, notamment en raison des bombardements israéliens, le marché actuel serait en mesure de combler le déficit.

L’Iran exporte environ 1,7 million de barils par jour, sur les 100 millions nécessaires au fonctionnement de l’économie mondiale. Son principal client est la Chine.

Des barriques provenant d’autres pays producteurs pourraient rapidement être mises sur le marché.

Pendant des décennies, l’Arabie saoudite a produit plus que nécessaire, précisément pour se préparer à d’éventuelles ruptures d’approvisionnement. Cette marge de manœuvre est estimée entre un et deux millions de barils par jour.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) peut également intervenir. Depuis quelque temps, les membres de l’organisation réduisent volontairement leur offre afin de maintenir les prix autour de 80 à 90 dollars le baril.

Il existe également des pays en dehors du giron de l’OPEP qui peuvent augmenter leur volume. La production américaine est en constante augmentation ces dernières années et atteint actuellement 13 millions de barils par jour. Le Canada est également un pays à contribution croissante, et peut désormais exporter son pétrole hors du giron américain grâce à la mise en service du pipeline Transmontain.

Réserves parmi les pays riches

Enfin, les pays membres de l’OCDE ont pour politique de toujours conserver en réserve trois mois de leurs importations annuelles. Cet effort de coordination est mené par l’Agence internationale de l’énergie. Les États-Unis, par exemple, possèdent des centaines de millions de barils de pétrole dans des cavernes situées au sud du pays.

En 2022, Washington a mis sur le marché deux cents millions de barils pour atténuer la hausse des prix de l’énergie suite à l’invasion russe de l’Ukraine. Il s’agit de la plus grande utilisation de ces stocks depuis leur création en 1975.

Le Canada ne dispose pas de tels stocks, n’en ressentant pas le besoin, car il dispose d’excédents, qu’il exporte notamment vers les raffineries américaines.

Certes, le marché pétrolier devrait faire preuve de beaucoup de nervosité et de volatilité dans les jours et semaines à venir, en fonction de l’évolution du conflit au Moyen-Orient. Mais si l’on exclut un dérapage très grave du conflit actuel, le marché pétrolier devrait être en mesure de compenser rapidement une perte soudaine d’approvisionnement en provenance de l’Iran.

Les prix des carburants, si chers aux consommateurs, devraient donc être protégés des hausses inattendues, comme celles que nous avons connues en 2022 et qui ont tant fait mal à nos portefeuilles.

Yvan Cliche, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (Cérium) et spécialiste en énergie

 
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