News Day FR

Bâtiment incendié | Une auberge de jeunesse avec des chambres sans fenêtres

L’immeuble qui a été la proie des flammes dans le Vieux-Montréal dans la nuit de jeudi à vendredi abritait une auberge de jeunesse de 19 chambres aux étages supérieurs, où plusieurs visiteurs ont rapporté avoir séjourné dans des chambres sans fenêtres.


Publié à 12h26

Mis à jour à 18h14

Certains notent également l’absence de détecteurs de fumée et de gicleurs, ainsi que la malpropreté et le manque de sécurité de l’établissement.

Lire l’article « Un grand incendie aurait fait deux morts »

Joint par téléphone vendredi matin, l’exploitant de l’Auberge Le 402 a refusé de nous donner des informations sur le nombre de personnes sur place au moment de l’incendie et sur la configuration du bâtiment.

  • >

    PHOTO DE LA RÉSERVATION. COM

    Photo prise lors de la réservation. com montrant un détecteur de fumée qui a été retiré.

  • >

    PHOTO DE LA RÉSERVATION. COM

    Photo prise lors de la réservation. com montrant un détecteur de fumée sans pile.

  • >

    PHOTO FROM CLAUDIT BILODEAU’S FACEBOOK

    Photo prise sur Facebook montrant une pièce sans fenêtres,

1/3

Il a également refusé de donner son nom. Mais selon les archives de Tourisme Québec, l’établissement est exploité par la société 9395-8585 Québec inc., dont le représentant est Neir Abissidan.

Dans le registre des entreprises du Québec, on retrouve également le nom de Robert Sebbag comme président.

L’auberge de jeunesse fait l’objet d’un très grand nombre d’avis négatifs sur la plateforme de réservation de locations. com, sur le site Expedia et sur Google.

“S’il y a un incendie, n’imaginez pas survivre, les couloirs sont étroits et le détecteur de fumée est en morceaux”, écrivait sur Google il y a trois semaines un visiteur qui a quitté les lieux au bout de 30 minutes en raison de la malpropreté et du manque de sécurité. des locaux.

Sur Expedia, un touriste canadien a dénoncé, photo à l’appui, l’absence de détecteur de fumée dans la chambre où il a séjourné en juin dernier. “Toutes les alarmes incendie du lieu ont été supprimées, ce qui est illégal”, a-t-il écrit. Ils prétendent être un hôtel, mais sont plutôt une auberge de drogue et de sexe. »

Ce commentaire a été supprimé de la plateforme de réservation dans la journée.

Une autre photo partagée par un client en août 2023 montre un détecteur de fumée dont la pile a été retirée.

La presse a identifié une vingtaine de clients de l’auberge qui déplorent avoir été hébergés dans une chambre sans fenêtre donnant sur l’extérieur.

  • >

    PHOTO DE LA RÉSERVATION. COM

    Le 402, tel qu’il apparaît sur Booking. com.

  • >

    PHOTO DE LA RÉSERVATION. COM

    Photo d’une pièce sans fenêtre prise par un visiteur.

  • >

    PHOTO DE LA RÉSERVATION. COM

    Photo d’une pièce sans fenêtre prise par un visiteur.

1/3

C’est le cas de Claudit Bilodeau, un résident de Chibougamau qui y a séjourné une nuit il y a un mois. «Ma chambre était comme un placard à balais où un lit avait été placé», raconte-t-elle lors d’un entretien téléphonique.

Il n’y avait pas de fenêtre donnant sur l’extérieur, une seule fenêtre donnant sur la salle commune, recouverte d’un rideau. « Le rideau est tombé plusieurs fois, même pendant la nuit », a-t-elle expliqué. Elle avait partagé des photos de l’auberge sur Facebook, pour protester contre la malpropreté des lieux.

« Pas de fenêtre dans la chambre, peu ou pas d’isolation entre notre chambre et celle des voisins », écrit lors de la réservation. com une personne qui a séjourné à l’auberge en juin dernier.

« Pas de fenêtres, on devient vite fou. Insonorisation catastrophique», déplore aussi un touriste en septembre 2023, photos à l’appui.

« Une pièce sans fenêtre, on appelle ça généralement un débarras », déplore un autre touriste français le 17 août.

En mars 2023, Neir Abissidan a admis que deux chambres de l’auberge n’avaient pas de fenêtres, ajoutant que les plans avaient été approuvés par un architecte et par la Ville de Montréal, qui lui avait accordé son permis de transformation, selon Devoir.

Le journaliste qui s’est ensuite rendu au 402 a constaté l’absence de gicleurs dans le bâtiment.

Bâtiment sécuritaire, selon les pompiers

En 2023, le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) avait constaté que l’édifice n’avait pas d’avertisseurs de fumée, pas de système d’alarme et que ses murs coupe-feu n’étaient pas conformes.

Des mises en demeure ont alors été envoyées au propriétaire de l’immeuble, Émile Benamor, peu de temps après qu’un autre édifice du Vieux-Montréal lui appartenant ait été rasé par les flammes, causant la mort de sept personnes.

« Un suivi a été fait en mai 2024 [avant les plus récents commentaires de visiteurs cités plus haut, NDLR] et toutes les non-conformités avaient été corrigées », indique le porte-parole de SIM, Guy Lapointe. « Pour nous, le bâtiment était considéré comme sûr. Il n’était pas nécessaire d’avoir des gicleurs. »

Sur les plans de bâtiment consultés par les inspecteurs du SIM, toutes les pièces identifiées comme chambres étaient équipées de fenêtres, ajoute M. Lapointe, qui précise que les fenêtres ne sont toutefois pas considérées comme des sorties de secours.

Or, le règlement municipal sur l’entretien et l’assainissement des logements stipule qu’« un espace habitable doit être aéré par circulation naturelle d’air au moyen d’une ou plusieurs fenêtres ouvrant directement sur l’extérieur ».

L’établissement est enregistré comme auberge de jeunesse auprès de Tourisme Québec. « Pour obtenir l’inscription, l’exploitant doit notamment fournir un avis municipal de conformité démontrant que l’exploitation de l’établissement d’hébergement touristique visé par la demande est conforme à la réglementation en matière d’urbanisme », précise une porte-parole de Tourisme Québec, Virginie Rompré.

Les clients qui y ont loué une chambre déplorent également un manque de propreté récurrent dans les douches, une mauvaise isolation et de mauvaises serrures. «Quelques personnes semblaient s’infiltrer dans le bâtiment sans avoir de réservation (sans-abri)», rapporte un visiteur, dans un commentaire rédigé en 2023.

« À notre arrivée, une femme sous l’emprise de drogues était là, déambulant dans les étages. Pendant la nuit, la police a dû intervenir», raconte un touriste canadien, en novembre 2023.

«C’est le pire endroit où mon partenaire et moi ayons jamais séjourné. Comment est-il légal de vendre des chambres dans cet état ? Restez loin de cet endroit. Dépotoir absolu. Dieu merci, nous ne restons qu’une nuit dans ce tas d’ordures», a dénoncé sur Google un voyageur britannique, après un séjour là-bas en mai dernier.

Avec Vincent Larouche et Charles-Éric Blais-Poulin, La presse

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :