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Un boulot le jour, un autre la nuit, les électeurs américains tentent de joindre les deux bouts

Employé d’une maison funéraire et chef d’équipe du restaurant : Zackree Kline, 21 ans, travaille 60 heures par semaine pour joindre les deux bouts, une situation qui le poussera à voter pour Donald Trump plutôt que pour Kamala Harris lors de l’élection du 5 novembre.

«Je travaille tous les jours de la semaine», explique le jeune homme, dans un restaurant de York, une ville de 45 000 habitants en Pennsylvanie, l’un des Etats où se jouera l’élection.

C’est ainsi « depuis environ trois ans et demi », souligne-t-il. Mais « j’aime mes deux métiers ». Casquette sur la tête, tablier autour de la taille, sourire immuable sur le visage, il explique que « beaucoup de gens ici ont plusieurs métiers ».

Souvent, il n’a pas le temps de dormir plus de cinq heures par nuit. “C’est difficile”, mais “c’est ce qu’il faut pour s’en sortir”.

©AFP

Vue de York, Pennsylvanie, 2 octobre 2024

Zack Kline met en cause la poussée de l’inflation que connaissent les Etats-Unis depuis 2021. Mais s’estime « chanceux d’avoir économisé de l’argent avant que tout change ». J’ai donc pu acheter une maison récemment. Je sais que beaucoup de gens de mon âge n’ont pas ce luxe et paient des loyers exorbitants.»

Il votera pour l’ancien président républicain, qui, dans ce comté, a remporté 61 % des voix, tant en 2016 qu’en 2020 : « beaucoup de gens restent favorables à Trump, simplement parce que tout était beaucoup moins cher lorsqu’il était président.

“Filet de sécurité”

Aux États-Unis, en août, 5,3 % des travailleurs occupaient plusieurs emplois, selon les chiffres du ministère du Travail. Soit 8,5 millions de personnes.

Après une chute brutale au printemps 2020, avec la crise du Covid, le niveau est désormais comparable à celui de 2019.

Face à l’inflation, “il n’est pas surprenant que pour compléter les revenus des ménages, les gens recherchent un deuxième emploi”, constate Mike Faulkender, professeur à l’université du Maryland, dans un entretien à l’AFP.

Cet ancien responsable du département du Trésor sous l’administration Trump estime que, « de manière générale, si cela est dû à des tensions économiques, on peut penser que cela n’augure rien de bon pour le parti qui occupe actuellement la Maison Blanche ».

©AFP

Brianna Smith, 30 ans, professeur de mathématiques au collège et employée d’hypermarché, à York (Pennsylvanie), le 2 octobre 2024

«Je ne pense pas qu’il y ait un candidat qui réponde mieux que l’autre à ma situation financière», juge Brianna Smith, 30 ans.

Professeur de mathématiques au collège le jour, elle travaille dans un hypermarché le soir, 40 heures par semaine d’un côté, 12 à 25 heures de l’autre.

“Beaucoup de gens sont dans ma situation, occupent plusieurs emplois ou essaient simplement de s’en sortir avec un seul.”

Être simplement professeur de mathématiques ? “Ce serait faisable”, mais ce deuxième salaire lui offre un “filet de sécurité”, pour s’offrir entre autres des loisirs, car “j’ai encore une vie sociale, croyez-le ou non”, affirme-t-elle.

“Bien sûr, l’inflation m’a poussé à travailler plus d’heures.”

Devenue professeur titulaire cette année, Brianna Smith espère cependant pouvoir bientôt se contenter d’un seul métier : « les étudiants me prennent une grande partie de mon énergie », rigole-t-elle.

Le trentenaire a une mère qui « a toujours travaillé, travaillé, travaillé ». Ses sœurs ont également plusieurs emplois.

« Mode de vie »

Le fait qu’une partie de la population ait plusieurs emplois n’est pas nouveau, mais les taux étaient même « beaucoup plus élevés » à la fin des années 1990, rappelle toutefois Elise Gould, du groupe de réflexion progressiste Economics Policy Institute.

Gary Jones, 58 ans, dit qu’il a toujours eu plusieurs emplois.

©AFP

Gary Jones, au YMCA de York (Pennsylvanie), le 2 octobre 2024

Cinq jours par semaine, de 8 h à 16 h, il entretient les locaux du YMCA de York, avec un gym, une crèche et des logements pour hommes en situation précaire.

« Salut, Gary », lui disons-nous alors qu’il traverse les couloirs avec enthousiasme.

Puis, jusqu’à 21h30 ou 22h00, il travaille dans l’entrepôt d’une grande entreprise de livraison de colis.

“Ça rapporte de l’argent supplémentaire” pour couvrir le “coût de la vie”, souligne cet homme aux cheveux gris, évoquant notamment “le prix de l’essence”.

«Cela fait désormais partie de mon mode de vie», assure ce père de quatre enfants désormais adultes.

Il a vu l’inflation de ces dernières années pousser les petits commerces à la faillite : « les magasins familiaux ou les restaurants n’existent plus ».

Il ne dira pas pour qui il compte voter. Mais reste philosophique : “que ce soit Kamala ou Trump lui-même, (…) nous prions pour qu’ils prennent la bonne décision, fassent la bonne chose, pas seulement pour moi, mais pour tout le monde”.

 
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