l’essentiel
Après le décès de sa sœur dans un Ehpad de Haute-Garonne, une retraitée dénonce de graves négligences et exprime sa propre crainte de finir ses jours dans une telle institution.
Françoise Darles détourne le regard en sortant d’un classeur une photo de sa sœur. L’émotion est trop forte, la colère l’envahit. Le 6 septembre, à la clinique La Croix du Sud à Quint-Fonsegrives, Christiane décède dans ses bras. Pour cette retraitée, le décès de son aîné, âgé de 85 ans, « aurait pu être évité grâce à une prise en charge médicale plus précoce ».
Elle a signalé « des mauvais traitements et négligences ayant entraîné la mort » à l’ARS et au procureur de l’Ehpad La Vendinelle à Cabanial (Haute-Garonne), où sa sœur a vécu les derniers mois de son existence. Selon Françoise, deux jours avant sa mort, Christiane se plaignait de douleurs lancinantes au ventre. J’ai demandé qu’un médecin la voie, mais il n’a pas voulu venir », assure-t-elle. Puis l’état de santé de l’octogénaire s’est soudainement dégradé. « La nuit, elle reste seule, sans soins. Elle n’avait droit qu’à un peu de paracétamol. Elle a été retrouvée le matin, appuyée contre son bureau, assise par terre, en train de faire des commentaires incohérents. Quelques heures plus tard, elle est décédée à la clinique des suites d’un problème à l’aorte. Je suis convaincue qu’on aurait pu lui épargner tout ce martyre… » s’écrie Françoise.
Edenis nie avoir commis
la moindre faute
Elle avait déjà des doutes un mois auparavant, lorsque sa sœur s’était cassé le bras après une énième chute. « La pauvre chose souffrait terriblement mais la fracture n’a été diagnostiquée qu’une semaine plus tard. J’ai insisté pour qu’elle passe une radiographie. Je n’en veux pas au personnel, mais cet établissement souffre d’un dysfonctionnement structurel lié au manque de moyens, comme tant d’autres. Quand je ne pourrai plus vivre seul, je choisirai le suicide plutôt que l’EHPAD !
Si Edenis, la gérante de La Vendinelle, « déplore évidemment le décès brutal de Christiane L. et nous partageons le chagrin de la famille », l’asbl est catégorique : aucune faute n’a été commise dans sa mission. « En l’état de nos investigations, aucune négligence ayant conduit à la disparition de Christiane n’a été identifiée. Malheureusement, ce décès est lié à une pathologie vasculaire non exceptionnelle, plus fréquemment liée aux personnes âgées. Concernant la fracture du bras du défunt, Edenis ne reconnaît aucun échec. Les protocoles de soins ont été respectés. Edenis explique que le défunt était sujet à « des troubles cognitifs très importants avec des pertes d’équilibre fréquentes. Début août, elle était tombée à plusieurs reprises. Un hématome et une gêne du côté gauche étaient apparus. Ce n’est qu’après sa dernière chute, le 6 août, qu’elle a commencé à se plaindre de douleurs aiguës au bras droit. Le lendemain, le médecin lui a ordonné une radiographie avant de lui mettre un plâtre au bras”, certifie son service communication.
Confiante de ses faits, la direction de l’établissement a transmis l’ensemble de ces éléments à l’ARS. L’organisation n’a pas encore répondu à la lettre du plaignant. Pour le volet pénal, c’est au parquet de décider s’il y a lieu de poursuivre.
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