Peter Cherif était jugé pour association de malfaiteurs terroristes entre 2011 et 2018. Il a été condamné ce jeudi 3 octobre à la réclusion à perpétuité en France.
Le djihadiste Peter Cherifjugé devant la cour d’assises spéciale de Paris pour le rôle qu’il a pu jouer au Yémen aux côtés de Chérif Kouachi, l’un des agresseurs de Charlie Hebdo en 2015, et pour l’enlèvement de trois humanitaires en 2011, a été condamné ce jeudi 3 octobre à la réclusion à perpétuité.
La cour d’assises spéciale de Paris l’a déclaré coupable de toutes les charges retenues contre lui. Elle cumule la peine d’emprisonnement à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans, conformément aux réquisitions du parquet national antiterroriste.
La présidente du tribunal, Frédérique Aline, a expliqué que cette décision avait été prise “au vu de la gravité des faits” allégués, et de la “dangerosité” de Peter Cherif. Ce dernier est resté impassible à l’annonce du verdict.
« Vous connaissiez visiblement la mission »
Pendant trois semaines, le vétéran du jihad, un homme de 42 ans, a comparu pour association de malfaiteurs terroristes entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).
Il lui était reproché d’avoir rejoint les rangs de cette organisation jihadiste et, dans ce cadre, d’avoir participé à la formation de son ami d’enfance Chérif Kouachi à l’attentat commis le 7 janvier 2015 au journal satirique Charlie Hebdo, au cours duquel 12 personnes ont été assassinés. L’attaque a été revendiquée par AQAP.
« La cour a retenu votre rôle de facilitateur, d’intégrateur de Chérif Kouachi auprès d’Aqpa », a déclaré le président, précisant qu’il était « le seul Français » au sein de l’organisation jihadiste lors du séjour de Chérif Kouachi à l’été 2011 au Yémen.
“Vous étiez forcément conscient de la mission qui lui avait été confiée”, a-t-elle ajouté, soulignant que les deux hommes avaient maintenu des liens après le retour de Chérif Kouachi en France.
Il a nié avoir joué un rôle dans l’attentat contre Charlie Hebdo.
Il a également comparu pour la séquestration en bande organisée en 2011, pendant plus de cinq mois, de trois ressortissants français, membres de l’ONG Triangle Génération Humanitaire.
« Ce sont les seuls faits que vous avez reconnus pour la première fois à l’audience », a observé le magistrat.
Au cours du procès, Peter Cherif a usé la plupart du temps de son droit de garder le silence, une stratégie qui a été mal accueillie par les parties civiles. Il a toutefois reconnu avoir été l’un des geôliers des trois travailleurs humanitaires, ayant servi de « traducteur » pour assurer l’interface entre les otages et leurs ravisseurs yéménites d’Al-Qaïda. Il a en revanche nié avoir joué un rôle dans l’attentat contre Charlie Hebdo.
Possibilité de faire appel étudiée la semaine prochaine
Dans leurs réquisitoires ce mercredi 2 octobre, les deux procureurs généraux ont dressé le portrait d’un « jihadiste complet » qui a été « la pierre angulaire de la préparation » de l’attentat contre Charlie Hebdo.
Les avocats de la défense ont, de leur côté, dénoncé « un match truqué », dans des plaidoiries qui ont parfois suscité un certain malaise dans la salle d’audience.
« Ce procès a-t-il permis de répondre aux questions des parties civiles ? » a demandé Me Nabil El Ouchikli. “Peut-être que l’une des raisons du silence de Peter Cherif ou de ses prises de parole occasionnelles est qu’il n’a pas ces réponses”, a-t-il déclaré.
Son collègue, Me Sefen Guez Guez, a exprimé sa « déception » après l’annonce du verdict, estimant que l’on était « dans l’usage quasi exclusif pour des faits extrêmement graves de déductions faites du silence, du vide, de l’absence ». Il a indiqué qu’il étudierait avec son client la possibilité de faire appel la semaine prochaine.
“Nous ne nous contentons pas de la perpétuité, mais le fait est que l’engagement djihadiste de Peter Cherif est tout à fait exceptionnel”, a déclaré Me Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo.
Selon lui, son engagement « fanatique » n’a pas été « démenti, même à l’audience : il n’a rien expliqué, nous n’avons pas pu comprendre, il n’a donné aucun espoir ».
“Cela sanctionne 20 ans d’erreurs, de préférence la mort plutôt que l’amour, la violence plutôt que la paix”, a déclaré le conseil.
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