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Est-il vrai que le « New York Times » a annoncé à l’avance le moment de l’offensive iranienne, son ampleur et même ses cibles ? – Libération

Si l’on s’attend à lire le récit détaillé d’une attaque majeure au Moyen-Orient dans les colonnes du New York Timesil est plus rare d’avoir la possibilité de le consulter avant qu’il ait lieu. Mais c’est mardi 1er octobre, à 11h49, heure de la côte Est des Etats-Unis – soit à 17h49 heure de Paris, 18h49 heure de Jérusalem – que le site Internet du quotidien a publié, sous la plume de Thomas L. Friedman, un article détaillant les attaques contre Israël qui auraient lieu environ quarante minutes plus tard.

Il n’y a ici ni erreur de date, ni révélation d’une grande conspiration, ni démonstration des pouvoirs d’une quelconque boule de cristal. Nous avons tout de même vérifié, en toute conscience, l’horodatage numérique de l’article… Aucune erreur. D’ailleurs, la publication a été partagée sur Twitter (1).

Joli carnet d’adresses

Éditorialiste chez New York Times, pour lequel il écrit deux fois par semaine des articles sur la politique internationale, Friedman est couronné du prestige de trois prix Pulitzer. Et possède un joli carnet d’adresses.

Éditorial d’Alexandra Schwartzbrod

« Nous sommes peut-être sur le point d’entrer dans ce qui pourrait être le moment le plus dangereux de l’histoire moderne du Moyen-Orient : une guerre de missiles balistiques entre l’Iran et Israël. » a publié Friedman dans l’après-midi du 1er octobre. “C’est ce que j’ai compris en discutant avec des sources du renseignement israélien, qui ont analysé l’intention de l’Iran de lancer une attaque de missiles contre Israël à 12h30, heure de l’Est, ou 19h30 en Israël.” Et l’éditorialiste raconte ce qu’un langage très lâche, dans quelque service israélien aux grandes oreilles, lui a expliqué : « L’attaque est prévue en deux vagues espacées de quinze minutes, et chaque vague impliquera 110 missiles balistiques, ont indiqué les Israéliens. » L’estimation actuelle du nombre de missiles tirés est d’environ 200.

Selon Friedman, bien informé, Israël a appris que les Iraniens cibleraient trois cibles : « Tout d’abord, le siège du Mossad, le service israélien de renseignement extérieur, près de Tel-Aviv. Ensuite, la base aérienne israélienne de Nevatim et enfin la base aérienne israélienne de Hatzerim. Ce qui s’est avéré être les trois cibles évoquées, quelques heures plus tard, par le chef d’état-major des forces armées iraniennes, Mohammed Hussein Baqeri.

« Astuce » journalistique

Mais pourquoi les services de renseignement israéliens ont-ils révélé cette information à un journaliste américain, révélant ainsi aux Iraniens qu’ils savaient tout de leur projet ? Selon l’interprétation de Friedman : précisément pour qu’ils le sachent. « Cette information m’a été donnée parce que les Israéliens insistent sur le fait qu’ils ne veulent pas d’une guerre balistique à grande échelle avec l’Iran et veulent que les États-Unis tentent de dissuader les Iraniens, en leur faisant savoir que s’ils lancent cette attaque de missiles, les États-Unis Les États ne resteront pas les bras croisés et que leur réponse, contrairement à l’attaque iranienne de missiles et de drones contre Israël le 13 avril, ne sera pas purement défensive. » Friedman explique qu’il n’a pas eu l’occasion d’évoquer ce sujet avec les responsables américains de la défense.

Friedman note que “Les Israéliens espèrent que les Etats-Unis transmettront également” à l’Iran le message suivant : « Si cette guerre éclatait et conduisait à de grandes destructions et à la mort de civils iraniens, elle pourrait également déclencher un soulèvement contre le régime. »

Suite aux attaques, Friedman a ajouté une introduction à son message : « Comme indiqué ci-dessous, l’Iran a lancé près de 200 missiles balistiques vers Israël à partir de 12h30, heure de l’Est. » écrit-il, ajoutant plus loin son analyse. « La capacité d’Israël à anticiper l’attaque iranienne et à en indiquer l’heure précise, ainsi que le fait qu’il s’agissait d’une opération des Gardiens de la révolution – et non des forces armées iraniennes régulières sous le commandement du nouveau président – ​​démontrent à quel point lequel le Mossad, le Cyber ​​​​Commandement israélien, l’unité 8200 et l’armée de l’air israélienne ont pénétré le régime iranien. Le triple Pulitzer n’est donc pas dupe, et semble bien conscient qu’une telle « astuce » journalistique avait, à terme, pour objectif de faire monter la paranoïa de plusieurs crans dans les rangs militaires de l’ennemi d’Israël.

(1) En revanche, contrairement à ce que semblent avoir compris certains internautes en se référant à l’URL de l’article, celui-ci n’a pas été publié en septembre. Les pages « avis » du New York Times destinés aux collaborateurs réguliers sont souvent créés plusieurs jours avant que les éditorialistes ne prennent la plume. Cette pratique est régulièrement Source d’incompréhension de la part des lecteurs – l’exemple est également donné aujourd’hui accusant le titre de presse d’avoir rédigé plusieurs jours à l’avance ses conclusions sur le débat qui a eu lieu, le 1er octobre, entre les candidats à la vice-présidence américaine.

 
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