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Une protection à multiples facettes
Alors que le conflit au Moyen-Orient provoque d’intenses tensions, Israël semble pour l’instant encore capable de protéger sa population des attaques de projectiles d’autres forces, qu’elles soient étatiques comme l’Iran, ou non comme le Hezbollah ou le Hamas. “Structurellement, Israël est un État, et une superpuissance militaire mais aussi technologique, qui s’appuie notamment sur les États-Unis et un groupe d’autres pays. Israël a des yeux et des oreilles partout au Moyen-Orient, nous l’avons encore vu à travers ce qu’il fait avec les frappes en Syrie et ce dont nous avons pu être témoins ces deux dernières semaines au Liban.», analyse Elena Aoun, professeur à l’UCLouvain, spécialiste du conflit israélo-palestinien et du Moyen-Orient.
Le pays est également en confrontation sur toutes ses frontières, sans pour autant être dépassé. “C’est parce qu’il sait se protéger qu’Israël est capable de multiplier les fronts sur lesquels il combat, sans nécessairement être dans une logique d’ouverture d’un front unique, pour ensuite le fermer et passer à un autre.»
Ils peuvent compter sur un armement offensif, notamment aérien, qui permet de frapper (en fait) partout au Moyen-Orient. “Sur le plan défensif, il y a évidemment l’Iron Dome (obus, roquettes à courte portée et drones), mais aussi le David’s Sling (roquettes à courte, longue portée et missiles de croisière), et le système Arrow (missiles à longue portée). . Vous disposez d’une combinaison de trois couches de protection, chacune spécialisée dans l’interception de projectiles d’une certaine portée. Ce sont des systèmes très efficaces. En toile de fond, vous avez aussi le soutien très actif des Etats-Unis.»
Disparité des forces
Le pays se trouve en réalité face à des adversaires qui ne disposent pas du tout des mêmes moyens que lui. “En face, vous aviez l’État iranien, qui n’a aucun autre État en soutien, il n’a que des alliés qui sont des acteurs non étatiques. Le plus important d’entre eux est aussi le Hezbollah mais on ne sait plus ce qu’il reste de sa capacité d’action, du moins sur la scène régionale. Nous avons une grande disparité de ressources. Nous le voyons à travers tout ce qui s’est passé après le 7 octobre. Il n’y a pas de roquettes ni de missiles qui, heureusement, aient fait des victimes du côté israélien..»
Dans de nombreux cas, il n’y avait aucune possibilité de réponse face à la capacité du pays à semer le chaos chez ses voisins. “Les acteurs de la région, qu’ils soient étatiques ou non, en sont totalement incapables. Ils ne disposent pas de la technologie ni des armes défensives nécessaires pour affronter Israël. Quand nous regardons Gaza, nous constatons des destructions matérielles et humaines. Tout comme au Liban, il n’y a pas eu un seul tir de DCA (Défense contre les avions, défense anti-aérienne) pour dissuader un avion israélien ou la chute d’un missile tiré. Nous sommes dans ce grand écart de forces des deux côtés. Mais cela ne se limite pas au niveau militaire : il existe une très grande différence dans la capacité de protection de la population. On voit que le Liban, les Palestiniens, les Syriens sont impuissants. Je suis en contact avec des Libanais et on n’imagine pas ce que c’est. C’est terrible. L’armée libanaise n’a pas tiré un seul coup de feu, elle en est totalement incapable», analyse Elena Aoun.
Fragilité humaine
Sur le plan défensif, le pays peut donc se réjouir d’avoir une réponse qui protège ses habitants des projectiles envoyés de toutes parts. Mais les attaques de personne à personne, comme celle d’hier ou lors des événements tragiques du 7 octobre, nuisent à l’État. “Là où réside le plus le problème, c’est ce que certains appelleraient le terrorisme palestinien, qui a encore frappé hier, faisant plusieurs victimes. Ce ne sont pas les 180 missiles balistiques tirés par l’Iran qui ont fait des victimes en Israël, mais plutôt une action menée par les Palestiniens. […] Il y a cette proximité. Ils pourraient bien mobiliser l’ensemble des moyens de surveillance les plus avancés au monde : caméras, réseaux de communication, etc. Ils ne pourront pas étouffer cet élan de résistance palestinienne dans le contexte explosif actuel.»
Ces attaques, qui ont fait de nombreux morts au fil des années, échappent encore aux autorités du pays. “Quand on regarde, d’une part, l’arsenal israélien, qui est l’un des plus « modernes » à l’échelle internationale, et, d’autre part, ce dont disposent les militants du Hamas, il n’y a pas de comparaison possible. Israël est capable d’affronter et de se protéger contre n’importe quel ennemi, mais lorsqu’il vient d’en bas, c’est beaucoup plus difficile.»
Les conditions dans lesquelles vivent les Palestiniens, ainsi que les conditions à Gaza ou en Cisjordanie, font partie des souffrances causées par ce conflit. “Cette condition d’existence des Palestiniens, telle qu’elle a évolué au moins depuis 1967, et l’expansion israélienne depuis, est véritablement une cocotte minute qui ne demande qu’à exploser. Et c’est ce qui s’est passé le 7 octobre. Les représailles ont alors été sans réserve. Ce sont des éléments qu’il est important de souligner car ils permettent de comprendre la radicalisation, la violence que l’on peut constater au sein de cette population qui est due aux conditions dans lesquelles elle a évolué depuis des années..»
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