Parmi les militants pour la paix et la cause palestinienne aux Etats-Unis, on retrouve des membres de la communauté juive engagés à gauche. Sur le campus de l’université George Washington, Marione Ingram, 88 ans, est l’une d’entre elles. Avec une particularité : c’est une survivante de la Shoah.
« Je viens ici parce qu’en tant que survivante juive de la Shoah, je me sens obligée, explique-t-elle dans le journal de 19h30. Je revis mon enfance chaque jour, chaque nuit, c’est une boucle continue. Tout ce que Gaza vit, j’ai dû le vivre », souligne-t-elle.
Je reconnais tous les signes d’un peuple essayant d’en anéantir un autre
Née en Allemagne en 1935, elle a échappé aux rafles. « Le 8 novembre 1941, toute notre famille de Hambourg a été emmenée à Minsk et fusillée », raconte-t-elle. À l’âge de sept ans, elle vit ensuite les bombardements de Hambourg, cachée dans un abri de jardin. Et depuis le début de l’offensive sur Gaza, le cauchemar refait surface.
« Je reconnais tous les signes d’un peuple essayant d’en anéantir un autre », souligne-t-elle. Pour elle, il n’y a aucun doute : c’est un génocide. « C’est ce que les Juifs ont dû endurer sous le régime nazi. »
Militante pour la paix et les droits civiques depuis les années 1950, elle se rend désormais quotidiennement à la Maison Blanche pour protester contre la politique menée au Moyen-Orient. Selon elle, « Joe Biden diminue ses chances de réélection » en perdant le soutien des jeunes, notamment.
Dans tous les mouvements, il y a toujours quelques têtes brûlées qui disent n’importe quoi
Cette militante pacifiste participe également aux mouvements étudiants, qu’elle connaît bien. Et alors qu’ils sont accusés d’antisémitisme par des groupes pro-israéliens, Marione Ingram rejette ces accusations. « J’ai entendu certaines personnes dire que nous devrions tuer tous les Israéliens, mais cela se produit dans tous les mouvements. Il y a toujours quelques têtes brûlées qui disent des bêtises. Ce que je vois ici, je ne crois pas que ce soit de l’antisémitisme », observe-t-elle.
Elle espère désormais un cessez-le-feu rapide, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens. Car ce qui se passe dans la région « est aussi désastreux pour Israël », souligne-t-elle. « Si cela continue, Israël ne sera plus jamais un refuge pour les Juifs. »
Gaspard Kühn/Markus Zeffler/jop
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