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Procès du Rassemblement National

(Paris) Son parti n’a « violé aucune règle » et elle « répondra à toutes les questions » du tribunal. La leader de l’extrême droite française Marine Le Pen a voulu afficher lundi sa « sérénité » à l’ouverture de son procès et de celui de 24 autres personnes et du Rassemblement national (RN), soupçonnés d’avoir détourné des fonds du Parlement européen pour payer employés du parti.

Marie DHUMIÈRES et Paul AUBRIAT

Agence -Presse

A l’ouverture de l’audience lundi devant le tribunal correctionnel de Paris, le président a appelé les prévenus les uns après les autres à la barre. Marine Le Pen s’avance lentement, costume noir sur le dos.

«Je répondrai à toutes les questions que le tribunal voudra me poser», assure la femme qui ne peut s’empêcher de se raidir à la lecture des infractions qui lui sont reprochées.

Comme l’ancien numéro 2 du parti Bruno Gollnisch, qui rappelle qu’il « reçoit toujours des menaces », elle demande à ne pas donner son adresse personnelle au bar.

Avant d’entrer dans la salle du tribunal correctionnel de Paris, qui accueillera pendant deux mois ce procès aux lourds enjeux politiques pour Marine Le Pen, elle s’est dite devant la foule de journalistes être complètement « sereine ».

“Nous n’avons enfreint aucune règle”, a-t-elle déclaré.

“Nous avons beaucoup d’arguments à développer pour défendre ce qui me semble être la liberté parlementaire qui est en cause dans cette affaire”, a ajouté le président du groupe RN à l’Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, avant de pour entrer dans la salle où elle est assise au premier rang, entourée de Nicolas Crochet, comptable du parti, et de Catherine Griset, sa directrice de cabinet (et assistante au Parlement européen depuis des années), également jugée.

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PHOTO BENOIT TESSIER, REUTERS

Marine Le Pen et son avocat Rodolphe Bosselut

Le procès doit se tenir trois demi-journées par semaine jusqu’au 27 novembre – le patron des députés RN sera cependant absent mardi, favorable à la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre français Michel Barnier à l’Assemblée nationale.

« Séparation des pouvoirs »

Le fond du dossier ne devrait toutefois pas être abordé avant lundi prochain, les premiers jours étant consacrés aux questions de procédure et à la lecture du rapport prévue mercredi.

Les débats se sont ouverts par une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par l’un des avocats de la défense, M.e Laurent de Caunes, devant un parterre d’accusés hochant la tête lors d’une plaidoirie visant à démontrer l’impossibilité des poursuites.

A la fin, Bruno Gollnisch se lève : « Une minute, Madame la Présidente, si vous me le permettez, justement au sujet de la constitutionnalité ? « .

« Euh… », répond la présidente Bénédicte de Perthuis – généralement ce sont les avocats plutôt que les prévenus qui parlent à ce stade –, autorisant néanmoins l’ancien député européen à marteler à la barre que « l’ensemble de cette procédure est contraire au droit constitutionnel ». principe de séparation des pouvoirs. »

Après une suspension de l’audience, au cours de laquelle Marine Le Pen a donné une inhabituelle conférence de presse informelle dans la salle d’audience, le tribunal a rejeté la demande de transmission de la QPC. Et suivi d’une autre question de procédure.

Le cas « décousu » Jean-Marie Le Pen

Au total, neuf anciens députés européens du Front national (rebaptisé RN), dont Marine Le Pen, comparaissent aux côtés de 12 personnes qui furent leurs assistants parlementaires, et de quatre collaborateurs du parti.

Le tribunal a formellement ordonné dès le début de l’audience la séparation des dossiers de Jean-Marie Le Pen, 96 ans, et de l’ancien député européen Jean-François Jalkh, leur état de santé ne leur permettant pas « d’être présents » ni de « préparer leur défense ». ».

L’affaire a débuté en 2015 avec un rapport du président du Parlement européen Martin Schulz et concerne de nombreux contrats d’attachés parlementaires sur une période de plus de dix ans (2004-2016).

Pour le parquet, qui dénonce la mise en place d’un « système centralisé » dans le parti, ces « assistants », très difficiles à qualifier leurs tâches, n’avaient que le titre. Certains n’avaient même jamais rencontré leur employeur officiel ni mis les pieds au Parlement et, selon l’accusation, travaillaient uniquement pour le parti – ce qui est interdit par la réglementation européenne.

Parmi eux, le garde du corps historique du fondateur du FN Jean-Marie Le Pen, Thierry Légier, sa secrétaire, Catherine Griset, ou encore la graphiste du parti.

Les prévenus, jugés notamment pour détournement de fonds publics ou complicité de ce crime, encourent dix ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende, ainsi qu’une peine d’inéligibilité de dix ans de nature à entraver les ambitions présidentielles. par Marine Le Pen pour 2027.

Le Parlement européen, partie civile, a estimé son préjudice financier à trois millions d’euros. Il n’en réclamera que deux millions, un million ayant déjà été remboursé (ce qui n’est pas un aveu de culpabilité, a assuré le RN).

L’audience a été ajournée vers 19h30, heure locale, et reprendra mardi avec d’autres questions de procédure.

 
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