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les limites de la « production locale » pour faire baisser les prix des denrées alimentaires

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Un producteur de bananes dans ses plantations sur les hauteurs de Goyave, en Guadeloupe, le 10 mai 2023. CARLA BERNHARDT POUR « LE MONDE »

Tomates entre 7 et 10 euros le kilo, corossols à 6 euros le kilo, avocats à 2 euros la pièce en pleine saison… En Guadeloupe, même la production locale coûte cher. « C’est lié au coût de la vie ici. Les engrais et les intrants sont très chers. Et nous subissons de plein fouet le changement climatique, nous perdons des récoltes. »explique Irma Jean-Louis, vendeuse de fruits et légumes au marché Gourdeliane de Baie Mahaut, l’un des plus grands marchés de l’archipel. Sur son étal coloré sont disposés concombres, fruits du dragon, betteraves, navets, goyaves, laitues, gombos et même quelques épis de maïs. “Tout ne vient pas de l’exploitation”dit-elle en montrant des oranges, qui sont importées.

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En alimentation, la Guadeloupe importe presque tout. Et cela ne s’améliore pas, malgré les objectifs fixés par le gouvernement. Le monde agricole vieillit, le nombre d’exploitations agricoles diminue. En 2020, le département a élevé entre 2 et 5 % de bovins en moins par rapport à 2010. Il en va de même pour les porcs, les ovins et les volailles. Il a également moins cultivé : sur la même période, 913 grandes exploitations de cultures (canne à sucre, banane) et 490 exploitations de polyculture ont disparu, selon les chiffres des statistiques agricoles locales. Ce sont surtout les petites exploitations, les plus nombreuses, qui disparaissent. Ce sont cependant les plus voués à la diversification. « La production agricole destinée à approvisionner les marchés locaux a enregistré une baisse de l’ordre de 3 000 à 4 000 tonnes par an, sur la période 2009-2018 »» précisait l’Office de développement de l’économie agricole à l’étranger, en 2019.

Faire de la souveraineté alimentaire un traitement anti-coût de la vie reste un défi, malgré le droit de mer, cette taxe sur les produits importés qui vise à protéger la production locale. « L’agriculture guadeloupéenne est essentiellement orientée vers la production de cultures d’exportation (banane dessert, canne à sucre, melon, ananas, fleurs coupées) »» précise l’Institut national de la recherche agronomique dans une étude, publiée début 2022, sur l’autosuffisance alimentaire des territoires d’outre-mer à l’horizon 2030.

Nouvelle génération

L’organisme de recherche dispose d’une microferme expérimentale pour étudier les conditions d’accès à la souveraineté alimentaire : un modèle de petite ferme (2 hectares maximum), très diversifiée dans le style du jardin créole, cultivée en permaculture, qui permet selon les chercheurs d’assurer la production, rentabilité pour l’agriculteur et pouvoir d’achat du consommateur. Mais aussi une réelle résilience face aux événements climatiques majeurs qui détruisent parfois la production locale.

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