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La montée des « 1000 taxis », ces individus qui s’improvisent chauffeurs professionnels

Tout a commencé par une simple demande familiale, pour Herenii. Lorsque sa belle-sœur, utilisatrice régulière des bus, lui demande de l’emmener au campus de Nouville, la jeune femme de 23 ans aperçoit l’occasion : les transports en commun sont à l’arrêt depuis le 13 mai, privant des milliers de personnes utilisant leur seul moyen de déplacement dans la ville. En revanche, elle dispose d’un véhicule et de beaucoup de temps libre. Elle a publié ses premiers messages en juillet pour vendre ses services de chauffeur dans la ville. Une bonne façon de gagner un peu d’argent, puisqu’elle vit sans revenus depuis qu’elle a perdu son poste d’agent d’exploitation à cause de la crise. “J’avais encore des factures, notamment de voiture, et aucune nouvelle du chômage partiel, il fallait que je survive», raconte Herenii. Elle n’est pas débordée par les demandes, mais parvient à faire quelques courses chaque semaine. “Ça m’aide à payer les frais de nourriture et ça paie mon essence», raconte le nouveau chauffeur.

De 1’000 à 2’000 francs par trajet

Comme Herenii, ils sont nombreux ces derniers mois à profiter de l’absence de bus pour développer une activité de transport de personnes dans le Grand Nouméa. Sur les groupes Facebook, des dizaines de messages et de numéros sont partagés chaque jour. “Bonjour le groupe, je vous propose de vous transporter pour vos courses, travail ou autre» ; “En ces temps difficiles, je vous propose mes services pour vous transporter», peut-on notamment lire dans les groupes de conversation dédiés. Les internautes ont rapidement donné un nom à ce service entre particuliers : « taxis 1000 », en référence au prix systématiquement facturé : 1.000 francs, pour un trajet à Nouméa. Un prix qui peut légèrement augmenter selon la destination : 500 francs de plus pour Dumbéa, le Mont-Dore ou Païta, 1 000 francs de plus pour un voyage à la Tontouta Après une rapide veille sur les réseaux sociaux, Herenii l’est. alignés. »J’ai regardé ce qui se faisait, cela me paraissait correct.“Il lui arrivait même d’accepter un paiement.”dans les fruits et légumes« .

Ces nouveaux chauffeurs bon marché n’ont pas le seul point commun avec leur brusque reconversion. Dans la plupart des cas, ils sont des victimes économiques de la crise survenue le 13 mai. Toutes les personnes interrogées ont démarré leur activité de transport suite à une perte de revenus au sein du ménage. “Nous n’avons plus d’argent, alors j’ai pensé à ça pour gagner quelques pièces», raconte Marie-Cléa, une semaine après le lancement de son service « taxi 1000 ». Son mari, mécanicien, est au chômage depuis plusieurs semaines. Il était la seule Source de revenus de la famille. Marie-Cléa a donc attendu »que la voiture est réparée» pour proposer ses services de chauffeur sur les réseaux. “J.Je n’ai pas encore eu de clients, juste de la famille», admet-elle.

Un métier encadré

La multiplication de ces offres de transport de personnes pose cependant la question du cadre juridique d’une telle activité. “J’avoue que je n’ai pas vraiment regardé s’il était nécessaire de prendre des mesures particulières», reconnaît Herenii, qui envisage désormais de tout arrêter après avoir été alerté »par certaines personnes sur Facebook de tous les documents nécessaires« . “Je ne sais pas si je dois faire quelque chose de spécial, jusqu’à présent je n’ai rien fait», admet également Marie-Cléa.

En effet, un certain nombre de formalités régissent le métier de conducteur de passagers. Contactée à de nombreuses reprises sur le sujet, la Direction des Infrastructures, de la Topographie et des Transports terrestres n’a pas répondu à nos demandes. Cependant, plusieurs documents, accessibles sur le site de la DITTT, donnent un aperçu des contraintes imposées par le gouvernement local. On découvre notamment que les candidats à une activité de transport de personnes doivent suivre une formation obligatoire de cinq jours au Centre de formation artisanale (CFA) de la Chambre des métiers et de l’artisanat, facturée 95 000 francs, afin d’obtenir une « capacité professionnelle ». pour « transport public routier de personnes ». Une assurance professionnelle spécifique est également requise.

Si certains jouent la carte du covoiturage pour échapper à ces obligations, le service « taxi 1000 » s’en distingue nettement : le transport partagé entre particuliers ne s’applique qu’aux trajets effectués pour soi-même et non sur demande. Par ailleurs, les seuls échanges financiers dans le covoiturage doivent se limiter au partage des coûts de transport, ce qui interdit la réalisation de profits.

Avec le retour à la circulation des bus Karuïa le 14 septembre, l’avenir du service « taxis 1000 » s’est assombri ces dernières semaines. La reprise des transports publics annoncée par le SMTU le 1est Octobre ne devrait pas arranger les affaires de ces nouveaux conducteurs.

 
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