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Le meurtre d’une Philippine met le gouvernement sous pression

Près de l’université Paris-Dauphine, où le corps de Philippine, étudiante, a été retrouvé dans le bois de Boulogne.Image : imago/watson

L’homme de 22 ans soupçonné du meurtre d’une étudiante la semaine dernière à Paris, interpellé mardi à Genève, avait reçu un ordre de quitter le territoire français.

25.09.2024, 11:5425.09.2024, 12:23

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C’est un drame qui risque de ne pas arranger la cohabitation entre un ministre de l’Intérieur favorable à un durcissement des mesures sécuritaires et un ministre de la Justice qui refuse tout laxisme dans les procès. Le tout jeune gouvernement français va devoir gérer les retombées médiatiques et politiques d’un meurtre dont le principal suspect, un Marocain de 22 ans, a été arrêté mardi à Genève.

Les autorités françaises le soupçonnent d’avoir tué Philippine, une étudiante de 19 ans. La jeune femme était inscrite à l’université Paris-Dauphine, située à l’orée du bois de Boulogne, où son corps a été retrouvé enterré samedi lors d’une perquisition. C’est sa famille qui a signalé sa disparition. L’étudiante a été vue pour la dernière fois vendredi à l’heure du déjeuner à l’université.

Dysfonctionnement judiciaire ?

Dysfonctionnement de la justice ou terrible destin ? Le suspect était en fuite et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) au moment des faits. Né en 2002 à Oujda, au Maroc, il était entré en France en 2019 avec un visa touristique, au terme duquel il n’était pas revenu dans son pays, se plaçant en situation d’illégalité.

La même année, alors qu’il est encore mineur, il est arrêté dans une affaire de viol commis sur une étudiante de 23 ans dans le Val-d’Oise, en région parisienne, rappelle 20minutes.fr sur son site internet. Des faits pour lesquels il est condamné à sept ans de prison en 2021. Il est libéré en juin 2024, après avoir purgé les deux tiers de sa peine, dont une détention préventive. Il est aussitôt placé dans un centre de rétention à Metz, en Lorraine, en vue de son expulsion vers le Maroc.

Un jour avant l’autorisation d’expulsion

C’est à partir de là que les choses n’ont peut-être pas aussi bien tourné d’un point de vue juridique. Le 3 septembre, un juge des libertés et de la détention a validé la sortie du jeune Marocain du centre de détention. Une mesure assortie d’une obligation de se présenter au commissariat. Cette décision intervient un jour avant l’autorisation d’expulsion délivrée par le Maroc aux autorités françaises, selon une Source proche du dossier citée par Le monde et l’Agence France Presse.

La veille du meurtre, le 19 septembre, le suspect avait été placé sur le fichier des personnes recherchées parce qu’il n’avait pas respecté son obligation de déclaration, selon la même Source.

Le juge n’a peut-être fait qu’appliquer la loi

Le gouvernement devra expliquer pourquoi le Marocain sous OQTF a été retiré du centre de rétention pour être placé sous surveillance moins stricte. Le Maroc ne semble pas avoir indiqué plus tôt qu’il n’était pas prêt à reprendre son ressortissant. Dès que l’autorisation d’expulsion est parvenue en France, un jour après la sortie du jeune homme du centre de rétention, la justice française a-t-elle cherché à mettre à exécution l’arrêté d’expulsion le plus rapidement possible ? À quel moment précis l’intéressé a-t-il échappé à la vigilance des autorités ? La veille du meurtre ? Plus tôt ?

En décidant de placer le Marocain de 22 ans en liberté surveillée, le juge des libertés et de la détention a peut-être simplement appliqué la loi qui limite le placement des individus en centre de détention à 90 jours (sauf en cas d’activités terroristes).

Le Rassemblement national réagit… ainsi que le PS

Comme il est souvent prompt à réagir face à des drames impliquant des personnes en situation irrégulière sur le territoire français, le Rassemblement national, par la voix de son président Jordan Bardella, a déclaré sur X :

« La vie de Philippine lui a été volée par un migrant marocain dans le cadre d’une OQTF. Il est temps que ce gouvernement agisse : nos compatriotes sont en colère et ne se contenteront pas de paroles en l’air »

Jordan Bardella, inf.

Olivier Faure pour le Parti socialiste s’est montré ferme, comme si cette partie de la gauche n’entendait pas laisser le monopole de l’indignation à l’extrême droite. Sur BFMTV/RMC, le premier secrétaire du PS a déclaré :

« Quand nous avons en détention quelqu’un que nous pouvons considérer comme une menace pour la société française, nous ne devrions pas être obligés de le libérer avant d’avoir l’assurance qu’il pourra partir. Le laissez-passer consulaire que nous avons dû obtenir auprès des autorités marocaines aurait dû être récupéré avant même de le libérer ou de le placer en détention, alors que les délais sont en réalité limités dans le temps. »

Olivier Faure, PS

Le meurtre de Philippine, possiblement un assassinat si la préméditation devait être retenue et dans le cas où le suspect arrêté à Genève s’avérerait l’auteur, donnera vraisemblablement lieu à des rapprochements avec le meurtre, en octobre 2022 à Paris, dans des circonstances effroyables, de la petite Lola, âgée de 12 ans. Le suspect, contre lequel le parquet vient de demander le renvoi en jugement, est un Algérien de 26 ans, lui aussi sous OQTF au moment des faits.

Faible taux d’exécution des recommandations

Le taux d’exécution des mesures d’éloignement (OQTF) en France est le plus faible de l’Union européenne : environ 7 % contre près de 30 % au niveau européen, indique Le monde.

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