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L’exploration minière en contradiction avec l’identité de Charlevoix?

L’industrie minière n’est pas très bien accueillie à Charlevoix. Les élus locaux et le secteur touristique sont unis par leurs craintes pour les paysages de leur région, qui sont au cœur de l’identité de Charlevoix et d’une vision commune de l’aménagement du territoire.

Le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) a récemment autorisé la société minière NioBay à réaliser des forages exploratoires au nord de Saint-Urbain, sur des terres privées appartenant au Séminaire de Québec.

L’autorisation a été accordée malgré les avis défavorables formulés par le MRC de Charlevoix, le MRC de Charlevoix-Est et le conseil municipal de Saint-Urbain. En vertu de la Loi sur les mines, le ministère avait le devoir de consulter les communautés locales, mais pas nécessairement de les écouter.

LE MRNF a finalement donné son feu vert à la demande de NioBay le 11 septembre.

Difficile à prendre

L’autorisation de débuter le forage a suscité inquiétude et désillusion chez la mairesse de Saint-Urbain, Claudette Simard. C’est vrai que ça nous touche, que ça nous fait mal. J’ai du mal à l’accepter et je trouve dommage qu’on en soit arrivé là.elle s’est confiée en entrevue à Radio-Canada.

Nous devons tenir compte de notre paysage, de notre environnement, qui fait partie de ce que nous sommes, de ce que nous avons toujours été.

Une citation de Claudette Simard, mairesse de Saint-Urbain

L’élu est particulièrement choqué par le choix de l’emplacement retenu pour ces premiers travaux de forage. L’autorisation porte spécifiquement sur un bloc de claims miniers, appelés secteur 1situé à l’est du mont Swan Lake, destination phare du parc national des Grands-Jardins.

L’entreprise a annoncé cet été y avoir découvert des concentrations de dioxyde de titane suffisamment intéressantes pour poursuivre les recherches, cette fois en profondeur.

Cet automne, les forages de NioBay seront concentrés dans le secteur 1, au nord de Saint-Urbain, à quelques kilomètres du parc national des Grands-Jardins et du mont du Lac des Cygnes.

Photo: Radio-Canada / Olivia Laperrière-Roy / Google Earth

C’est vraiment un secteur très ouvert d’un point de vue visuel.selon Claudette Simard, qui craint pour la beauté du panorama si une mine devait y ouvrir dans les prochaines années. Il semble que ce que nous visons principalement se trouve au pied de la montagne. C’est un autre défi d’un point de vue visuel. De tous les points de vue, c’est spécial.

Ce n’est pas le bon secteur d’activité

La présence de titane est connue depuis des siècles à Saint-Urbain. Des mines y ont été exploitées au 19et et 20et siècles. La petite commune possède même son propre Parc des Mines, dédié aux activités récréatives et touristiques.

Mme Simard ne nie pas l’histoire, mais elle soutient que le développement de cette industrie a été timide et n’a pas été relancé depuis des décennies. Il est vrai que nous avons un passé minier, mais avec le temps, nous oublions le passé minier pour nous consacrer au développement de notre commune.

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La montagne du Lac des Cygnes est un endroit populaire pour les randonneurs. (Photo d’archive)

Photo: Courtesy: Sépaq – Paul Dussault

Elle n’est pas contre le développement économique ou la création d’emplois, insiste-t-elle, rappelant que sa propre municipalité poursuit actuellement l’agrandissement de son parc industriel. Elle estime toutefois que l’industrie minière cadre mal avec la vision mise de l’avant par Saint-Urbain et plus largement dans Charlevoix.

L’industrie forestière, déjà bien établie, cohabite avec les loisirs, les sports, la chasse et la pêche. Le plein air et le cadre naturel tout autour font partie de la stratégie de Saint-Urbain pour attirer les familles, précise le maire. Cela, avec les revendications qui y sont associées, constitue un mélange assez spécial.

Quant aux retombées économiques potentielles, Mme Simard n’est pas convaincue. Bien sûr, peut-être, mais nous n’en étions pas encore là en termes de paysage et d’environnement.

C’est inquiétant pour l’avenir de la commune et même pour l’avenir de la région, je pense.

Une citation de Claudette Simard, mairesse de Saint-Urbain

Sentiment d’impuissance

Lors de l’entrevue à Radio-Canada, Claudette Simard s’excuse.

Elle estime, explique-t-elle, que le projet d’exploration minière ira de l’avant, peu importe ce qu’en pensent les responsables municipaux. L’autorisation a été donnée, donc… je ne vais pas repartir avec une pancarte au coin d’une rue. [pour protester].

Ses pouvoirs sont limités, ajoute-t-elle, d’autant plus que les claims du secteur 1 portent sur des terres privées. La majorité de notre territoire appartient au Séminaire de Québec, vous comprendrez donc qu’il nous reste très peu de possibilités municipales en matière de développement. C’est notre réalité.l’élu respire.

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La mairesse de Saint-Urbain, Claudette Simard (Photo d’archive)

Photo: Radio-Canada / Alexandra Duval

Saint-Urbain n’a pas eu de discussions avec le Séminaire à ce sujet. C’est quelque chose qui ne semble pas nous concerner.dit ironiquement le maire. Il y a bons liens entre la Municipalité et cet organisme privé, a-t-elle dit, mais pas sur le sujet de l’exploration minière.

Maintenant qu’il y a un premier permis de forage, Mme Simard se sent entourée, voire bloqué. Lorsque nous regardons notre carte, les trois quarts du territoire sont occupés par des claims miniers.

Claudette Simard promet de nouvelles discussions à la MRC et espère attirer l’attention du gouvernement Legault dans les prochaines semaines.

Rappelons que selon NioBay, toute phase d’exploitation pourrait prendre jusqu’à 15 ans avant de se concrétiser et que tout est conditionnel aux sondages qui seront réalisés dans le sous-sol de Charlevoix.

La société minière Vior détient 532 réclamations qui couvrent une superficie totale de 285 km2. Ils sont répartis en cinq secteurs situés dans la réserve faunique des Laurentides, la ZEC des Martres, les territoires non organisés de Lac-Pikauba et de Mont-Élie ainsi que les terres du Séminaire. NioBay détient une option sur 80 % de ces titres.

Tourisme Charlevoix concerné

Les inquiétudes ne viennent pas seulement de la sphère politique locale.

Mitchell Dion, directeur général de Tourisme Charlevoix, est également préoccupé par les travaux d’exploration minière. Pour nous, c’est un projet qui suscite beaucoup d’inquiétude, c’est très inquiétant.dit-il à propos de Foothills, le nom donné au projet NioBay.

Nous sommes dans une région mondiale de la biosphère, nous faisons partie de l’accord sur la protection des paysages de la capitale nationalesouligne-t-il, affirmant également que l’industrie minière ne s’inscrit pas naturellement dans l’identité de Charlevoix.

Quand on voit des projets comme celui-là, en bordure de produits touristiques comme des parcs nationaux ou des ZEC, c’est certain que ça suscite beaucoup d’inquiétude dans notre pays.

Une citation de Mitchell Dion, directeur général, Tourisme Charlevoix

Tourisme Charlevoix, a-t-il dit, s’est doté d’un plan stratégique il y a deux ans. Nous avons mené une vaste consultation auprès de 800 personnes. Plus de la moitié étaient des citoyens. Il y avait aussi des touristes, des partenaires, des entreprises. Nous nous sommes demandé : « Que voulons-nous pour l’avenir de Charlevoix comme destination touristique ? »

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Les paysages et les montagnes de Charlevoix font partie de la stratégie touristique de la région. (Photo d’archive)

Photo : iStock

La protection de l’environnement naturel et le développement d’une industrie durable ont été mis en avant. Qu’est-ce qui fait la réputation [de Charlevoix]c’est la beauté des paysagessouligne Mitchell Dion.

M. Dion espère que les citoyens auront l’occasion d’exprimer leur point de vue. Il déplore également le manque de consultation de la population concernant l’octroi de permis d’exploration minière.

Acceptabilité sociale requise

Ce n’est pas parce que le MRNF accorde des permis d’exploration et autorise des travaux de forage que les élus donneront carte blanche aux projets miniers.

Le gouvernement Legault souligne qu’il est encore tôt dans le processus pour prendre une décision, mais il rappelle qu’il existe des normes strictes au Québec. Le projet est au stade préliminaire, nous sommes encore loin d’un projet minier. Il est normal qu’en phase d’exploration, des travaux soient réaliséssays Gabrielle Côté, press attaché for Minister Maïté Blanchette Vézina.

Le Québec s’attend à ce que les promoteurs collaborer en amont avec les communautés concernées pour générer une acceptabilité sociale de leur démarcheLa députée locale, Kariane Bourassa, est du même avis. On l’a dit souvent, mais je le répète : l’acceptabilité sociale est importante pour notre gouvernement.

Le président-directeur général de NioBay, Jean-Sébastien David, s’est engagé à rencontrer la population et les élus locaux.

 
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