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On vous raconte la folle soirée du badminton français

From our special correspondent Porte de la Chapelle,

Nous manquons d’expérience dans ce domaine, nous l’admettons, mais depuis notre fenêtre ce lundi soir est un moment de sport paralympique français à se tenir chaud. Dans la Bombonera de la Porte de La Chapelle, Lucas Mazur et Charles Noakes ont conclu de manière magistrale une journée historique qui a vu les Bleus remporter cinq titres, venant avant cela du para triathlon et de la boccia.

Les deux para-badmintonnistes ont été immenses, chacun dans leur style, pour embarquer le public et offrir deux sommets de jeu, de maîtrise et d’émotion. Et au final deux Marseillaises qui ont fait battre les cœurs bien au-delà des tribunes de l’Arena au nord de Paris.

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Premier en ligne, un peu après 18 heures, Lucas Mazur s’est montré sans pitié. Remonté comme un coucou pour cette finale face à celui qui l’avait détrôné aux Championnats du monde de Pattaya en février dernier, le Français a pris son adversaire à la gorge d’entrée – 7-0 puis 10-1 dans le premier set – et ne l’a plus lâché. Résultat, Suhas Yathiraj, numéro un mondial dans cette catégorie SL4 réservée aux joueurs souffrant de déficiences aux jambes, a été balayé proprement (21-9, 21-13).

« Je suis vraiment content d’avoir remis les pendules à l’heure. J’ai perdu un titre auquel je tenais plus que tout, et aujourd’hui est le plus beau jour de ma vie », a-t-il déclaré avec émotion quelques minutes plus tard. Car même s’il comptait déjà trois couronnes mondiales à son palmarès XXL, le grand gaillard d’1,92 m au regard d’acier, qui ne cache pas son « gros caractère », déteste la défaite. De retour de Thaïlande, il a fait le point et a décidé de tout changer, à quelques mois seulement de la date de sa vie.

« C’était le Stade, le virage Brice »

Direction Salbris, dans le Loir-et-Cher, pour rejoindre son nouvel entraîneur Maxime Michel. « Ce furent quatre mois très longs, très éprouvants pour moi, un peu isolé, se souvient-il. Mais dès les premières semaines, j’ai senti la différence, et quand je vois toutes ces heures de sacrifices pour un si beau résultat, je suis prêt à recommencer dix fois. Dans mes rêves les plus fous, je n’avais jamais imaginé ça. » Un véritable récital, délivré en 34 petites minutes et sous une pluie de coups gagnants de son immense bras gauche, dans une ambiance qui effaçait le souvenir mitigé de son titre à Tokyo il y a trois ans.

« Il y avait 50 personnes, maintenant 6 000 ou 7 000, c’est fabuleux. C’était le Stadium, le virage Brice », s’exclame en souriant ce grand supporter du Téfécé. Même s’il menait largement, on l’a vu haranguer le public à plusieurs reprises, se nourrissant des applaudissements et des chants. « On ne voulait pas que le public s’endorme, ce n’est pas parce que je mène largement que le match est fini, c’est pour ça que j’ai essayé de les activer à des moments où je sentais que mon adversaire pouvait peut-être revenir, justifie-t-il. Et ça m’a donné plus d’énergie pour tout verrouiller, fermer les portes. »

L’émotion de Lucas Mazur au volant du match.– G. Picout KMSPKMSP via AFP

Pas d’inquiétude, ils étaient en titane et Lucas Mazur, qui avait décroché le bronze le matin en double mixte avec Faustine Noël, a passé une journée parfaite. Lui qui craignait de manquer un peu d’énergie en fin d’après-midi en a finalement redemandé. « Je ne suis même pas fatigué maintenant, je suis tout excité, j’ai envie de rejouer, de revivre cette ambiance ! », a-t-il lancé, bouillonnant. Il le fera un peu plus tard, mais au milieu des supporters cette fois pour pousser derrière celui qu’il a pris sous son aile, Charles Noakes, en finale de la catégorie SH6, destinée aux petits joueurs. On lui a fait remarquer avant son départ que cela pourrait être une sacrée journée pour le para badminton français. « Ce SERA une sacrée journée, j’en suis sûr », a-t-il aussitôt répondu.

Première victoire en carrière… aux Jeux

Sa prophétie va évidemment se réaliser. Trois heures plus tard, dont une heure de retard qui n’a pas refroidi les ardeurs du public, Charles Noakes entre en scène. Révélation du tournoi, le joueur de 27 ans, qui n’avait jamais remporté le moindre titre dans sa carrière, a réalisé un match mammouth pour tenir la promesse lumineuse qu’il s’était faite il y a cinq ans, alors qu’il venait d’arriver au Creps de Nantes pour commencer à jouer sérieusement au badminton. « Il l’a dit en arrivant. C’est écrit dans sa chambre : je gagnerai Paris 2024. Et ce soir, c’est fait, son entraîneur, Mourad Amrani, a du mal à y croire. Magnifique ! »

Face au Britannique Krysten Coombs, bronze à Tokyo, son protégé a connu un début de match un peu compliqué, plombé par « l’envie de trop en montrer » et de finir le travail, mais il s’est vite ressaisi. Quelques points spectaculaires remportés ont lancé la machine, qui ne s’est jamais arrêtée, dans un sacré boucan. « Quand j’ai trouvé la faille, j’ai insisté et j’ai pris les devants, et je remercie vraiment le public qui a été magnifique, salue le joueur, la voix posée mais des étoiles dans les yeux. Des gens venaient de Nantes tous les jours pour me voir, ça montre qu’ils ont un grand cœur. »

« Il n’y a pas de mots, c’est juste merci pour tout »

Au terme d’un deuxième set qui s’est envolé (21-19, 21-13), le natif de Sidcup, près de Londres, a réitéré le tour de force de la demi-finale, arrachant son maillot pour célébrer. Son adversaire anglais (et ami) s’est même joint à la fête, dans une scène qui vous fera sourire pour la semaine. Ou vous fera monter quelques larmes aux yeux, si vous êtes les parents du héros de la fin de soirée.

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« J’ai vu ça, oui, sourit Noakes. Sur ma montre, j’ai une photo d’eux, parce qu’ils sont un peu ma raison de vivre, ma raison de jouer. C’est un peu comme un médicament, cette photo, elle me transmet beaucoup d’énergie. Je me bats aussi pour eux, parce que je veux qu’ils soient heureux. » Pas besoin d’un dessin pour comprendre que tout n’a pas toujours été simple à cause de cette hypochondroplasie, une maladie rare provoquant des troubles de la croissance.

NOTRE DOSSIER JEUX PARALYMPIQUES 2024

La réussite et la personnalité de notre fils ont de quoi être fier. Ce lundi, lui et son « parrain » Lucas Mazur ont transporté tout le monde. « Je pense que la France a besoin de vivre des moments extraordinaires comme celui-là, conclut « Charlie ». On connaît le contexte actuel, qui n’est pas forcément rose. Et quand on voit tout ce public merveilleux, qui chante la Marseillaise, qui encourage tout le temps, qui chante, qui fait tout pour qu’on y arrive, il n’y a pas de mots, c’est juste merci pour tout. » Ceux qui ont vécu ça diront sûrement la même chose.

 
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